De cendres et lumière

Chapitre 6 : Une liseuse

- Qu'est-ce une liseuse de lumière ? demandé-je en regardant les deux hommes à tour de rôle.

Je n'avais jamais entendu ce terme.

- Tu en es sur ? insista le mercenaire sans se préoccuper de ma réponse.

Silas me jeta un coup d'œil d'où ce mêlait un mélange de crainte et d'admiration.

- Sur et certain. Elle ne le sait pas elle-même. Elle a du se penser folle et n'en parler à personne. Ce qui est une très bonne chose...

Arow reste concentré sur les traits de son ami. Ses doigts triturent sa dague. Sa joue prend une teinte violacée du à mon coup de poing. J'y suis allée un peu trop fort. Il me lâche enfin et je recule.

- C'est dangereux, murmure-t-il plus pour lui-même.

J'en ai marre d'être mise de coté. Je ne comprends rien.

- De quoi vous parlez ?

Arow soupire et échange un regard avec Silas qui finit par tourner les talons et disparaitre.

- Tu es une liseuse de lumière, princesse.

- Oui, mais qu'est-ce que ça veut dire ?

- Tu es une genre de prophétesse. Tu sais lire l'avenir. Il y a certaines caractéristiques précisent qui font qu'on vous reconnait. Tu es une des dernières liseuses de lumière. On tuerait pour t'avoir, m'explique-t-il en s'approchant de moi mais je recule à nouveau.

Il fronce des sourcils devant ma réaction et il se passe une main dans ses cheveux longs bruns. Je serre mes mains qui tremblent, essayant d'endiguer ma panique. Je ne suis pas celle qu'ils prétendent que je sois. Je ne suis que la fille d'un couple de fermiers, rien de plus. Si j'avais été plus importante, Roven m'aimerait encore et j'aurais attiré plus de prétendants au village.

- C'est dur à croire Rosalie, je sais.

Mon prénom dans sa bouche sonne bizarrement.

- C'est impossible, je réponds sur la défensive.

Il sourit.

- Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir et de te le prouver.

- Quel est donc ?

Il sort son poignard en émeraudes que j'avais vu le jour de notre rencontre. Il me le tend. Je ne l'accepte pas et le toise, méfiante. Presque plus méfiante qu'au début.

- Accepte-le et tu verras. 

Je finis par prendre le manche dans ma paume moite, mes doigts effleurant ceux d'Arow. Des petites étincelles surgissent, et je les réprime aussitôt en cachant mes émotions. De nouveau, il me fixe d'une façon étrange.

Une fois complètement dans ma main, la lame s'illumine et projette un profond rayon de lumière vers le ciel. Je sens sa chaleur et la puissance. Je suis obnubilée et ébahie par le phénomène. Je lâche l'arme et aussitôt, le rayon de lumière disparait. Arow hausse un sourcil et récupère sa dague qu'il remet dans son fourreau.

- Tu me crois maintenant, princesse ? Je peux encore te convaincre.

Il sort des feuilles de sa chemise et les inspecte. Son index doté d'une bague, trace quelque chose. Dans le coin gauche, je reconnais mon écriture. Elle est authentique car je fais mes r avec de grandes boucles.

- Une prophétesse est aussi talentueuse en dessin. D'une précision extraordinaire.

Au dernier mot, je bondis dans sa direction et lui arrache les feuilles de ses mains. Je lui tourne le dos et mes yeux embués retrouvent mes parents. Je pensais avoir perdu à tout jamais mes dessins. Depuis tout ce temps, il les a.