Chapitre 11 : En route !

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Aux aurores, nous nous mettons en route. Le soleil traverse les arbres et me réchauffe. Bientôt, la vue devient plus dégagée. Nous traversons la forêt et au soir, nous avons quitté Acasia. Nous nous couchons en cercle et n'allumons pas de feu. Il fait déjà plus chaud. Les oiseaux me rassurent. Je dois dire qu'être avec Arow est aussi rassurant. Couché à l'opposé du camp, il lit son livre aux pages vierges. Je l'observe discrètement, tandis que Silas prépare le repas. Il a réussi à tuer un sanglier. Nous allons pouvoir manger à notre faim.

Je vide ma gourde et ferme un instant les yeux. Je suis épuisée à l'avance. Nous ne sommes qu'au début de notre quête. Et je ne sais toujours pas quoi faire de mon don. Je n'ai pas eu de visions de la journée. J'aurais espéré en avoir une, pour qu'elle me dise quelle route doit-on prendre exactement. Ou aller ? Que chercher ? Même si Arow semble bien avoir la situation en main.

- Princesse ?

Une voix me réveille doucement. Je cligne des yeux plusieurs fois avant de reconnaitre Arow penché sur moi. Ses yeux vairons n'expriment rien de particulier. Il me tend la main. Je ne me suis même pas rendue compte que je m'assoupissais.

- On va aller marcher un peu.

Ayant repris mes esprits, j'attrape sa main et il m'aide à me relever. Sa paume est chaude dans la mienne. Dès que je suis sur pieds, il me lâche et s'éloigne. Nous parcourons quelques mètres avant qu'il ne s'arrête et ne m'accule contre un arbre. Sous le choc, je pousse un petit cri. Heureusement, il ne me cogne pas la tête. Ses bras encerclent mon visage. Je le fixe avec des yeux ronds.

- Ecoute Rosalie, Silas va prendre un peu d'avance et nous allons le rejoindre sur le bateau dans quelques jours. En attendant, on va rester tous les deux et continuer les entrainements. Il va falloir changer nos identités dès qu'on atteint White Falls. J'ai des connaissances qui nous feront ça en un clin d'œil. Mais on garde ton don et ton village pour nous, ça te va ?

- Heu oui.

Je soutiens son regard et hausse un sourcil.

- Tu m'as emmené ici pour me dire ça ?

J'essaie de me dégager mais il me garde prisonnière.

- Ce n'est pas tout.

Il se penche un peu plus vers moi et mon souffle s'accélère. J'ai l'impression de faire de l'hyperventilation. Chose qui ne m'arrive jamais. En fait, ça ne m'est jamais arrivé avec aucun garçon que j'ai connu. Je ne sais pas dire ce que je ressens.

- Tu restes sages et tu fais tout ce que je dis sans discuter. On est d'accord ?

- Oui. Je ne suis pas une enfant, Arow.

- Je le sais bien, princesse, souffle-t-il et il me relâche.

Alors pourquoi me parle-t-il toujours comme si j'étais un bébé ? Des fois, j'avais l'impression d'être son égale et d'autre fois, de n'être rien qu'un boulet qu'on traine.

- Tu es franchement bizarre par moment, mercenaire.

Il me lance un clin d'œil alors qu'il s'apprête déjà à s'esquiver.

- Et encore, tu n'as pas tout vu.

Si je pensais que tous les entrainements que j'ai eu jusqu'à maintenant étaient faciles, je m'étais bien faite avoir. Je sue de plus en plus et ma maitrise d'une arme devient une habitude. Je deviens meilleure chaque jour qui passe. Et ça fait longtemps que je ne sais plus les dates et les jours que nous sommes. Sans aucune notion du temps, je m'entraine à en crever car notre survie en dépend.

- Fléchis un peu plus tes genoux pour ta stabilité, voilà très bien.

J'obéis sans discuter et lance le poignard droit dans l'arbre. Ca atteint le rond minuscule qu'Arow a creusé. Si j'ai envie de sauter de joie suite à ma réussite, je me retiens.

- Recommence mais sur cet arbre, ordonne le mercenaire en me suivant du regard alors que je me déplace.

Sans aucune difficulté, la pointe se fiche au centre de la cible. Stupéfaite, je ne peux m'empêcher de lâcher un cri de joie.

- C'est le hasard ou j'ai un don pour ça ? j'interroge mon entraineur alors que je décroche ma dague du tronc.

Il ricane et se passe une main sur son visage fatigué. On ne se repose pas beaucoup pour l'instant mais je suis étonnée que le mercenaire en ressente les effets. Lui qui est si dur, un vrai roc, il ne dévoile aucune faiblesse. On dirait que j'aperçois ce que je ne devrais pas voir. Et je sis étonnée qu'il me réponde maintenant. Il y a des fois ou il me laisse sans réponses.

- Disons que ton don de liseuse, fait que ton entrainement se déroule bien plus vite et sans embûche. Une personne lambda aurait eu des difficultés monstre à réaliser ce que tu viens de faire. On aurait du rester pendant au moins quatre mois dans les bois. Donc sincèrement, ça vaut pas la peine. Je n'aurais pas accepté la mission.

- Je suis une mission alors ?

Il acquiesce et ramasse son sac à dos. Il me fait signe de le suivre. Nous marchons quelques kilomètres pour rejoindre notre campement. Le silence n'est pas pesant. J'entends les oiseaux et c'est un plaisir de se réveiller avec leur mélodie tôt le matin. Oui parce qu'Arow me tire hors de mon lit de fortune quand il fait encore noir. C'est horrible. Je n'ai jamais été une lève-tôt.

- Ca fait à présent trois semaines qu'on est ici. Tu t'es entrainée. Tu sais te battre parfaitement, ou en tout cas, te défendre. Je ne t'ai pas encore tout enseigné mais il est temps d'y aller. La ville nous attend et l'homme qui va changer nos identités aussi. Un bateau nous attendra au port. Il faudra se dépêcher et être discret. Je t'achèterai des vêtements aussi.

Il se tourne vers moi et me regarde de haut en bas. Je hausse un sourcil.

- Quoi ? Je suis bien comme ça.

Il soupire et je m'attends au pire.

- Il n'y a que les fermières qui ne savent pas s'habiller.

- Pardon ?

Je lui envoie mon poing dans l'épaule mais il stoppe ma main avant qu'elle le touche. Je peste. Je n'arrive jamais à le surprendre. Ca lui aurait fait tellement de bien de se prendre un bon coup dans les bijoux de famille aussi et lui passera l'envie d'ouvrir la bouche. Les remarques sur moi seraient terminées. Non pas que je sois vraiment vexée.

- Je n'avais pas assez d'argent pour m'acheter de jolies robes roses, minaudé-je. Mes parents sont morts, nous n'avions quasiment plus un sous. Surtout avec mes trois frères gloutons et tous nos animaux à nourrir. Ma tante essayait de faire ce qu'elle pouvait et moi j'essayais de vendre mes œuvres. Mais Belgrade n'est pas le lieu idéal pour cela.

- Je comprends. Mais tu vas voir, me dit-il en me pressant a replier déjà mes maigres affaires étalées sur le sol.

Il éparpille les traces de notre venue avec ses pieds en observant les alentours.

- Quoi donc ?

Je replie l'ancienne robe qui me sert de drap et la fourre dans le sac d'Arow. Il se tourne vers moi et me sourit.

- Là ou tu habitais, n'a rien avoir avec les autres villages. Tu t'habitueras à la grandeur, aux festivités, au recherches sur toi, aux fuites.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 06 ⏰

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