2016 - 20 ans

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Gabriel transpire contre moi. Je sens sa peau humide caresser la mienne tandis qu'il ondule sur moi. J'entends ses gémissements contre mon oreille tandis qu'il s'enfonce profondément en moi.

J'ai envie de puissance. J'ai besoin d'intensité.

Je pose une main sur son torse en le poussant. Il tente de résister mais je suis bien plus athlétique que lui. Ainsi, je le fais basculer sur le dos tandis que je me mets à le chevaucher. Je commence des mouvements profonds et le visage de Gabriel se tend. Il pose alors ses mains sur mes hanches pour suivre mon rythme et, quand je le sens proche du point de non-retour, j'approfondis mes gestes. Je veux le sentir.

Au bout de quelques minutes, Gabriel pousse un profond râle. J'aime le voir comme ça et j'aime comprendre que c'est moi qui lui fais cet effet-là.

« Putain, quel pied de coucher avec une danseuse... »

J'esquisse un sourire mais au fond, cette phrase me refroidit. Pourtant, j'ai l'habitude qu'il dise ce genre de chose, nous sommes ensemble depuis deux ans. Néanmoins, à chaque fois, ça me met mal à l'aise.

Sans dire un mot, je me lève et me dirige vers la petite salle de bain de Gabriel. Depuis que nous sommes en couple, dormons rarement ailleurs que dans sa chambre étudiante. Ça rallonge mon itinéraire jusqu'à l'opéra mais au fil du temps, je m'y suis faite.

Gabriel n'est pas très ordonné. Bien qu'il soit très soigneux et qu'il sorte toujours tirer à quatre épingles, je ne peux pas en dire autant de notre lieu de vie. Cependant, dormir avec lui m'apaise, je ne l'échangerais pour rien au monde.

« Tu viens avec les gars, ce soir ? On va dans le bar à côté de l'école.

- J'ai répétition jusqu'à vingt et une heure, ce soir. Ça va être compliqué, répondis-je en me rhabillant.

- Justement ! Vingt et une heure, c'est tôt. Tu peux nous rejoindre juste après.

- J'ai un rôle dans Casse-Noisette, Gab... J'ai besoin de me reposer. Je n'ai pas le droit de me planter, c'est l'opéra de Paris !

- Tu me dis ça depuis deux ans, Lucie !

- Gabriel...

Je retourne dans la chambre. Gabriel aussi s'est rhabillé et il affiche une moue boudeuse sur son visage.

- Quoi, ce sont mes potes le problème ? Tu ne les aimes pas ?

- Tu parles des gens qui t'ont accroché à un lampadaire pour te bizuter ? Je n'ai rien contre eux, voyons, répondis-je d'un ton ironique.

- Lucie, tu n'as même pas fait l'effort d'apprendre à les connaître...

- C'est faux, je suis déjà venue. Plusieurs fois, d'ailleurs. Et ce ne sont pas eux que je n'apprécie pas.

- Alors c'est quoi, le problème ?

- Je n'aime pas comment tu es quand tu es avec eux, c'est tout.

- C'est-à-dire ?

Je pousse un soupir. Décidément, je déteste quand il fait semblant de ne pas comprendre.

- C'est à dire que tu joues à l'homme des cavernes. Tu m'as présenté comme ta « meuf » et tu n'as pas arrêté de jouer au mâle alpha...

- Quoi, c'est mal d'être fier de sa copine ?

- Tu n'es pas fier de moi, tu m'exhibes. C'est différent.

- Pas du tout.

- Gabriel, tu sais très bien de quoi je parle.

C'est à son tour de soupirer, cette fois.

Citron & ChicoréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant