Citron & Chicorée

Epilogue

2020 - 24 ans.

« Lucie, dépêche-toi ! On va être en retard !

- Oui oui, deux minutes !

J'ai reçu une livraison en début d'après-midi et je n'avais pas eu le temps de l'installer jusqu'à maintenant.

- Amour, le gala d'Emma commence à vingt heures ! Tu pourras faire ça demain. Anthony va me tuer si j'arrive en retard.

- Je croyais que maintenant, tu étais plus gradé sur lui ? Je crois que ça t'accorde quelques privilèges, non ?

- Lucie...

- J'en ai pas pour longtemps, c'est promis !

Je me retourne lentement vers Oliver. Je crois qu'il n'a jamais été aussi beau que dans ce costume trois pièces, le même dans lequel il est venu me chercher il y a deux ans. Ah si, peut-être dans son uniforme professionnel...

- Oh, je connais ce regard, dit-il en soupirant.

- Quoi, quel regard ?

- Ne fais pas l'innocente, Lu ! Je te connais par cœur.

Ça, c'est bien vrai.

Je lâche mon carton de livre avant de me précipiter dans les bras de l'homme de ma vie. Le seul homme de ma vie. Lentement, je lui assène des dizaines de petits baisers dans le cou.

- Amour, murmure-t-il. On va être en retard...

- Mmh...

Il lâche prise à son tour tandis que je poursuis mes assauts contre sa peau. Je commence alors à déboutonner sa chemise mais nous sommes stoppés dans notre élan par la sonnerie de son bipeur.

- Ah, c'est pas vrai ! Râle-t-il.

Je me détache de lui en éclatant de rire.

- Allez, Don Juan. Va sauver le monde !

- Mais on devait aller au gala. C'était notre anniversaire.

- Elle comprendra. Et en théorie, si tu es appelé, Anthony l'est aussi !

Il pousse un soupir avant de se diriger vers la porte mais je l'arrête en m'exclamant :

- Hep, tu oublies quelque chose, là ! On ne déroge pas à la règle !

Il sourit à son tour avant de me reprendre dans ses bras.

- Quoi, quelle règle ?

- Celle de ne jamais s'éclipser sans un baiser.

Oliver s'exécute alors. C'est un accord entre nous. Quand j'ai envie de prendre la fuite où lorsqu'il reçoit un appel des pompiers, même si on est en plein milieu d'une dispute, on s'embrasse avant de se séparer.

Tandis qu'il finit par sortir, je lui adresse un dernier signe de la main. Hier, nous avons pris la décision de faire un enfant. Même s'il n'est pas encore là, nous savons déjà comment nous l'appellerons si c'est un garçon. Gaspard.

Une librairie dans un coin de rue. Une odeur de gâteau aux citrons. Un petit Gaspard dans nos vies. Voilà à quoi ressemble notre bonheur et je n'en changerais pour rien au monde.