« Allez, Lu... Ce n'est qu'une soirée d'anciens élèves !
- D'anciens élèves ? Mais on a quitté le lycée il y a moins de six mois Oliver ! C'est ridicule. »
Oliver sort des livres du carton avant de me les tendre pour que je les range dans les étagères. Il porte son uniforme de pompier ce qui le rend particulièrement attirant. Il en est tellement fier, de cet uniforme...
Dès que nous avons obtenu notre bac, Oliver s'est officiellement engagé avec les pompiers. Il est passé professionnel et il vit enfin son rêve. Je n'ai jamais douté de lui, pas une seule seconde. Maintenant qu'il en a fait son métier, Oliver s'entraîne beaucoup plus durement qu'avant et c'est visible sur son corps : il est beaucoup plus musclé, beaucoup plus fort qu'auparavant. Son torse et ses bras sont dessinés sous son polo et ça me fait complètement craquer.
À quatorze heures, il part pour une garde et je ne le reverrais que demain. Je pense que je ne verrais pas la journée passer étant donné que j'ai un devoir à envoyer ce soir et une répétition au conservatoire de danse cette après-midi. Je ne vais pas m'ennuyer, c'est certain.
En ce moment, je n'ai pas une seconde à moi. J'ai commencé une licence de lettre par correspondance en parallèle de mes cours de danse classique. Je voudrais m'y consacrer entièrement mais ça tenait à cœur de Papy que j'ai un « bagage », comme il dit. Pour le moment, j'arrive à jongler.
La danse reste mon but ultime. Un jour, je sais que j'aurais ma chance. Je le sens. En attendant, je travaille comme une acharnée.
« Le temps passe et tu ne changes pas, Lu. Tu es vraiment un cas désespéré, tu le sais ça ? Me raille-t-il.
- En même temps, je t'ai choisi comme meilleur ami. Ça en dit long. »
À ce moment, Papy entre dans la librairie. Il s'appuie difficilement sur sa canne : il est obligé d'en utiliser une depuis plusieurs mois maintenant. Dans son autre main, il porte le carton contenant les journaux locaux du jour. Il est beaucoup trop lourd pour lui, je le vois sur son visage. Je descends rapidement de mon échelle et me précipite pour l'aider.
« Je t'avais dit que j'irais, Papy ! Le sermonnais-je.
- Comme si tu pouvais me retenir d'aller acheter le journal ! »
Il est essoufflé et je m'en veux. Papy est fatigué en ce moment et je ne suis pas assez présente pour lui. Il faut que j'appelle Anika. Même si elle a pris plus de responsabilités au fil du temps, il faut qu'elle prenne plus d'heures pour le soulager.
« Je vais aller m'allonger, m'annonce Papy avec le souffle court.
J'acquiesce et il se dirige difficilement vers les escaliers. Je pourrais l'aider mais je sais qu'il détesterait ça alors je m'abstiens. Lorsqu'il a complètement disparu dans l'appartement, je pose le carton sur le buffet de la librairie avant de prendre ma tête entre mes mains. Oliver, qui a assisté à toute la scène, vient poser la main sur mon épaule.
- Que dit son médecin ?
- Qu'il doit se reposer et lever le pied. Je lui dis depuis longtemps mais c'est une tête de mule...
- Comme ça, tu as de qui tenir !
Je sais qu'il tente de me remonter le moral alors je lui adresse un léger sourire. Son téléphone se met à sonner et Oliver retire sa main d'un seul coup. Il décroche :
- Oui, ma chérie ?
Mon cœur se serre. Parce que oui, Oliver a de nouveau une copine.
Il l'a rencontré lors d'une de ses premières interventions. Une chute de vélo, une demoiselle en détresse, un pompier venant la sauver... Il n'en a pas fallu plus pour qu'ils tombent amoureux l'un de l'autre. Ça me fracture le cœur.
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Citron & Chicorée
RomanceJ'avais douze ans lorsque j'ai su que j'étais amoureuse d'Oliver. En réalité, je crois que cela remonte à bien plus longtemps que cela mais il y a des choses que l'enfance nous empêche de ressentir pleinement. Lui et moi avons partagé un coin de rue...