L'INFANTE

Chapitre 6 : le seau

TW : violence

J'ouvre les yeux.

Ce n'était qu'un cauchemar, c'est bon je suis dans ma chambre ...

Pourquoi je n'atteins pas mon téléphone sur ma table de chevet ?

Pourquoi mon matelas est-il si dur ?

Je comprends alors que tout ceci n'est pas un mauvais rêve. Je suis bien enfermée dans un sous-sol avec un malade qui va très certainement me tuer. Je ne comprends même pas de qui il me parle. Je ne suis plus en couple depuis un an. Il se trompe de personne.

Non ... Quand il se rendra compte qu'il n'a pas besoin de moi, il va me tuer.

J'ai peur.

Mais que puis-je y faire ?

Ma situation est terrible ... Je ne sais même pas où je suis. Suis-je encore aux États-Unis ? Depuis combien de temps je suis dans cet endroit ? Qui sont ces hommes ?

Trop de questions se bousculent en moi et je suis interrompue dans mes pensées par le bruit des clefs qui tournent dans la serrure. C'est cet homme, il entre lentement dans la pièce et s'avance vers moi. Je mets mes mains derrière mes fesses et recule jusqu'à toucher le mur froid contre mon dos. Mon kidnappeur me toise pendant que je recule et continue d'avancer jusqu'à me regarder de haut quelques instants.  

Il ne parle pas, je ne parle pas.

Il me regarde, je le regarde tout autant.

Il ne bouge pas, je ne bouge pas non plus.

Nous restons là, à nous jauger, à nous observer, à tenter de percer l'autre à jour. Je n'arrive pas à savoir ce qu'il pense. La lumière n'éclaire qu'une partie de son visage et ses yeux paraissent aussi sombre que la nuit. Non, en fait, ils paraissent plus sombres que la mort elle-même.

Il se décide enfin à avancer, et je me recroqueville sur moi-même.

-Es-tu prête à me répondre aujourd'hui ?

-Je ne comprends toujours pas pourquoi je suis là. Je ne sais pas de qui vous parlez. Vous devez me confondre avec quelqu'un d'autre.

-Non.

-Non ?

-Non, je ne te confonds avec personne d'autre, mes informations sont exactes.

Comment peut-il en être aussi sûr ? Je ne comprends pas du tout ce qui se passe mais à mesure qu'il s'approche, la peur me gagne et je n'ose plus bouger.

-Tu ferais mieux de me répondre pendant que je suis encore gentil et je t'accorderai une mort douce.

Une morte douce ? Mais pour qui se prend-t-il au juste ? La faucheuse ? En tout cas, il aurait la tête de l'emploi... un visage dur et un regard de tueur, le combo du parfait meurtrier. Bien sûr je garde mes pensées pour moi. Je ne veux pas raccourcir d'avantage mon espérance de vie.

-Je ... vous allez me tuer ? Dis-je tremblante malgré moi. J'aimerai pouvoir être aussi forte que toutes ces héroïnes de bouquin mais je n'y arrive pas. J'ai peur, je ne veux pas mourir.

-Tu ne pensais quand même pas que j'allais te relâcher après tout ça ? Me dit-il en souriant froidement, à m'en glacer le sang.

Je frissonne à l'entente de ces mots et il continue :

-Je vais te laisser une dernière chance de me répondre...

-Mais JE NE SAIS RIEN ! Dis-je au bord des larmes. Je me demande comment il est possible que j'aie encore des larmes à pleurer. J'ai l'impression de ne faire que ça pleurer, pleurer sur ma vie, sur ma mort, pleurer de peur.