L'INFANTE

Chapitre 14 : La diversion

Depuis plus d'une heure Charlie et moi déambulons dans la salle de réception, discutant avec certains convives, buvant quelques coupes de champagne et profitant des délicieux petits fours. 

Je ne comprends pas bien ce qui nous faisons. Je pensais que nous devions faire diversion mais pour l'instant nous avons juste l'air de profiter d'une agréable soirée comme tous les autres convives présents. Pourtant, je ne peut m'enlever le mauvais pressentiment qui me tord l'estomac depuis notre départ. 

J'observe Charlie qui semble parfaitement dans son élément. Moi, par contre, je ne suis vraiment pas à l'aise. Les gens me regardent avec un peu trop d'insistance. Ils me dévisagent mais je ne fais que détourner le regard, gênée de leur attention. Je reste donc en retrait derrière Charlie en attendant qu'elle mettre en oeuvre son plan. 

Presqu'une heure plus tard, elle me tire à l'écart de la foule et me brieffe encore une dernière fois sur le plan de diversion avant que nous débutions les hostilités. Nous commencerons par courir chacune dans la foule en criant et pleurant. Nous devrons être convaincantes. Puis, nous crierons que des intrus se sont introduits dans la propriété et au moment, Charlie aura envoyé un message à quelques hommes postés dehors pour qu'ils tirent quelques coups de feu et rendent ainsi l'illusion plus réaliste. Les gens devraient alors s'affoler et les hommes de ce certain Juan seront tous rappelés ici et occupés à chercher les assaillants fantômes. 

Nous sortirons ensuite discrètement et un véhicule nous attendra à quelques minutes de marche pour rester discrète.

"Tout va bien se passer". C'est ce que Charlie n'arrête pas de me répéter plus me calmer. Je ne la crois qu'à moitié. Nous nous regardons et Charlie compte jusqu'à trois, puis nous nous mettons à courir en criant. Les gens se retournent incrédules. Nous continuons notre cirque et arrivons chacune d'un côté de la pièce. Je regarde Charlie du coin de l'œil. Elle est dans son personnage jusqu'au bout des ongles.

De mon côté, je tremble mais je ne pense pas que cela pose problème puisque je suis censée être apeurée et désemparée. Quelques larmes factices se trouvent aux coins de mes yeux et je crie du mon mieux que je peux.

Nous hurlons et les convainquons qu'une menace est à leur porte. Des coups de feu résonnent depuis l'extérieur. Tout se passe comme prévu pourtant mon ventre se tord dans tous les sens. Les personnes présentes commencent à paniquer. Mission accomplie.

Les gens courent dans tous les sens, ne sachant pas vraiment quoi faire. Ils crient, se poussent entre eux. L'uns d'entre eux me tape dans l'épaule et je perds l'équilibre. Je tombe au sol. Et n'ai pas le temps de relever avant qu'une femme écrase ma main en courant. Je hurle de douleur et de peur de me faire piétiner.

Je me recroqueville sur moi-même pour éviter les coups. Dès que je sens moins de personnes autour de moi, je me relève et cherche Charlie du regard. Je ne la trouve pas. Quelque chose cloche. 

J'entends alors d'autres coups de feu. Mon coeur bat à tout rompre. J'entends les gens crier dehors. Ce n'est pas normal. Je m'avance pour sortir. Quand je franchis la porte et sors de la salle de réception, je me stoppe net. Une femme est allongée au sol, baignant dans son propre sang. 

J'hyperventile. Nous ne devions pas faire de victime ce soir. Ce n'était qu'une diversion. Je cours vers l'extérieur. Des tirs résonnent dans l'air. Que se passe-t-il ? 

Lorsque je m'apprête à sortir du bâtiment, un bras me retiens vers l'arrière. Je me retourne et reconnait Charlie. Son visage est pale. Elle ne semble pas rassurée, ce qui augmente encore fois mon angoisse. Elle me tire vers l'intérieur et m'entraine à sa suite. Nous nous dans une pièce plus loin dans la demeure et ne parlons pas.