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Comme tous les matins, l'aube était insipide.

Étant donné qu'il était aux abords de la ville, Yoongi aurait cru qu'il percevrait un peu plus de sa couleur tandis qu'il montait sur le toit de la maison qu'il s'apprêtait à fouiller après avoir éviter les drones, mais non.
Ce n'était toujours qu'un dégradé fade qui passait du bleu au blanc, dans une uniformité ennuyante. C'était presque ironique au vue des couleurs qui avaient rempli le ciel la veille...

Il y avait-il même un endroit où le quotidien était fait de toutes ces couleurs possibles et inimaginables ?

Plus les années passaient, et plus il se rendait bien à l'évidence que non. Certes il n'était jamais allé à l'étranger, mais les informations à la radio parlaient d'elles-mêmes.

Le monde partait en vrille. Comme il l'avait sans doute toujours fait d'ailleurs.

Yoongi secoua la tête en un soupir. Il avait des documents à rassembler, et ce, d'ici la fin de la deuxième semaine de délai.

Il devait surtout être prudent pour le moment; Choi Dong-Hyuk était encore chez lui, il le savait grâce aux informations d'Ayno. Cependant il partirait dans une dizaine de minutes de chez lui pour se rendre au travail, et Yoongi comptait bien les rendre utile.
Il avait apporté avec lui un autre brouilleur que celui qu'il emportait toujours en mission, un plus gros, plus efficace, un fixe. Il ne se gêna pas pour l'accrocher au toit de la demeure. Le temps que Dong-Hyuk sorte, il aurait désactivé toutes les caméras, les alarmes et autres installations reliées à celles-ci qui auraient pu lui causer problème.
Il n'avait qu'à rester allongé sur le toit en attendant que l'engin fasse son travail, et que cet Immaculé ne sorte pour faire le sien.

Il regardait les rayons blancs du soleil empiéter toujours un peu plus sur le bleu du ciel, jusqu'à l'éblouir un peu.

Un bruit de porte, et il se retourna d'un coup sur le ventre, observant le politicien sortir de chez lui comme prévu. Il monta dans sa voiture, et Yoongi la regarda s'en aller sans bouger pendant quelques minutes.
Il voulait s'assurer que l'Immaculé ne ferait pas de détour à cause d'un oubli. Dès qu'elle disparut de son champ de vision, il n'attendit pas une seconde de plus pour se diriger vers la cheminée type occidentale et traditionnelle qui contrastait avec le toit plus moderne.

Enfin, il allait pouvoir conclure cette mission et remettre les informations à Jeon Jungkook.

Yoongi accrocha son grappin sur le rebord en pierre de la cheminée, et se laissa glisser le long de la corde métallique jusqu'à atteindre le sol.

Aucune alarme ne sonna, son brouilleur avait fait son travail.

Il rappela le grappin qui se rangea automatiquement dans son épais bracelet, et souffla un bon coup.
Il y était.

Le salon était vraiment sorti du stéréotype typique du luxe occidental, et notamment de l'époque victorienne. Le cliché pur, et ça ne manquait jamais de faire sourire Yoongi.
C'était régulier que les Immaculés admirent ce genre d'époque et de style, témoignant d'une nostalgie qu'ils éprouvaient pour un temps qu'ils n'avaient jamais connu, où leurs arrières grands-parents n'étaient même pas nés. Ils regrettaient ces périodes qui, pour eux, étaient synonymes de pouvoir et de grandeur.
Pourtant, en quoi se différenciaient-elles de maintenant ? Avant comme aujourd'hui, leur pouvoir reposait toujours sur le même pilier: L'écrasement.
L'écrasement des autres, l'humiliation des communautés, l'instrumentalisation de celles-ci en bouc émissaire. Car l'humain cherchait toujours un coupable, et il était tellement facile d'accuser la différence. De la pointer du doigt pour en grossir les aspects, et ainsi nourrir les craintes des masses jusqu'à ce qu'elles s'affolent et s'acharnent à user de moyens pour éliminer la fausse menace qu'on leur avait mis sous le nez.
Et ces moyens, ces solutions miracles à la peur et la paranoïa, ne servent qu'à empiffrer le portefeuille des vautours qui les regardent s'entretuer du haut de leur perchoir.

The Fall | ˢᵒᵖᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant