Marianne et la naissance de la résistance (partie 1)

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Marianne : 20 ans plus tôt

La porte de la somptueuse maison de la famille Wilson se referma derrière Marianne, une jeune fille de vingt ans aux cheveux châtains, bouclés et aux yeux verts, pleins de rêves et de détermination. Son sac en bandoulière, elle descendit les marches du perron d'un pas vif et résolu. Sa tenue soigneusement choisie - un ensemble chic et discret qui criait "étudiante en droit sérieuse" - contrastait avec son allure rebelle. Elle était prête à affronter le monde, prête à défier les conventions imposées par ses parents, des bourgeois intransigeants.

Le ciel matinal était d'un bleu presque parfait, le soleil déjà chaud pour une matinée de printemps. Au loin, le son d'une moto déchira le silence paisible du quartier résidentiel. Son cœur s'emballa dans sa poitrine, elle reconnut ce rugissement mécanique. C'était lui. Juan.

La moto, une vieille Triumph noire brillante, gronda jusqu'à l'entrée de la demeure Wilson. Juan, un jeune homme aux cheveux bruns ébouriffés et au sourire décontracté, descendit de l'engin. Son allure décalée avec la paisibilité bourgeoise du quartier ne faisait qu'accentuer son charme rebelle. Des tatouages émergeaient de la manche de son t-shirt, ses yeux marron brillants dissimulaient une vie compliquée, un passé difficile.

Marianne se précipita vers lui, ses yeux pétillants de joie. Il ouvrit les bras, l'accueillant dans une étreinte chaleureuse, protectrice. "Bonjour, princesse", murmura-t-il à son oreille. Elle rit doucement, son cœur débordant d'amour pour ce garçon que ses parents désapprouvaient tant.

"Mes parents..." commença-t-elle, mais Juan la fit taire avec un baiser. C'était leur routine. Le monde entier pouvait être contre eux, mais ils étaient ensemble. "Peu importe ce qu'ils pensent," murmura-t-il en caressant ses cheveux. "Tu es plus que ce qu'ils voient en toi. Et moi... moi, je ne suis pas le monstre qu'ils croient."

Marianne regarda dans les yeux de Juan, y trouvant un mélange de détermination et de vulnérabilité. Elle savait que sous cette façade de dur à cuire, il y avait un garçon qui avait beaucoup souffert, un garçon qui avait juste besoin d'être aimé. "C'est nous contre le monde, Juan," déclara Marianne, sa voix pleine de conviction. Elle lui prit la main, l'entraînant vers sa moto.

Et à cet instant, ils ne faisaient plus qu'un, deux âmes rebelles, unies par un amour indomptable, prêtes à défier le monde.

Surplombant la ville, la colline offrait une vue panoramique sur le mélange coloré des lumières artificielles, donnant l'impression d'un tapis brillant déroulé à leurs pieds. Le vent frais de la nuit faisait danser les brins d'herbe autour d'eux, portant le doux parfum de la terre. C'était leur refuge, leur sanctuaire, leur monde à eux.

Marianne et Juan étaient allongés côte à côte, leurs doigts entrelacés. Les étoiles au-dessus d'eux semblaient être à portée de main, comme s'ils pouvaient décrocher la lune. Marianne se sentait libre, authentique. Elle n'avait plus à jouer un rôle, à porter le masque de la fille parfaite qu'elle n'était pas. Ici, elle était simplement Marianne, amoureuse de Juan, enivrée par la beauté du monde.

Juan tournait une mèche de cheveux de Marianne autour de son doigt, son autre main pointée vers le ciel. "Regarde, c'est Orion," dit-il, son doigt traçant la constellation dans le ciel étoilé. Elle s'appuya contre lui, sa tête sur son épaule, l'écoutant lui parler des étoiles, de l'univers, de la vie.

La voix de Juan était apaisante, presque hypnotique. C'était comme une mélodie, chaque mot, chaque phrase, chaque soupir s'harmonisait parfaitement avec le vent nocturne, les battements de cœur de Marianne, les pulsations de la vie dans la ville en contrebas.

Leurs yeux se tournèrent vers la ville, les lumières scintillantes reflétées dans leurs regards rêveurs. Malgré les défis, les désapprobations, les regards désapprobateurs, ils se sentaient invincibles, comme les rois du monde.

Le bruit sourd de la radio de la moto de Juan brisa leur moment de silence. La voix monocorde d'un présentateur de nouvelles résonna dans la nuit, parlant d'un virus inconnu qui faisait des ravages à travers le monde. Des images d'hôpitaux bondés, de personnes terrifiées et de villes désertes défilèrent dans leur esprit.

Marianne se blottit contre Juan, une pointe d'inquiétude dans le regard. Juan resserra son étreinte, essayant de rassurer Marianne. Ils étaient encore épargnés, mais pour combien de temps ? Un sentiment d'inquiétude s'insinua dans l'atmosphère paisible, comme un spectre inattendu venant hanter leur monde.

Dans cet instant, leur paradis personnel semblait être à la merci d'un envahisseur invisible. Cependant, en dépit de l'ombre grandissante de cette menace, ils se tenaient fermes, s'embrassant plus fort, la promesse tacite d'être là l'un pour l'autre, quoi qu'il arrive, scellée dans la tranquillité de la nuit étoilée.

Le chaos s'installa rapidement. Le virus, autrefois un murmure lointain, avait frappé leur ville avec une force terrifiante. Les rues étaient désertes, les magasins fermés, les écoles vides. La vie telle qu'ils la connaissaient semblait suspendue, un fil ténu sur le point de se briser.

Marianne et Juan se retrouvaient clandestinement, bravant les restrictions de circulation, la peur d'être découverts ajoutant une étincelle d'excitation à leurs retrouvailles. Les parents de Marianne désapprouvaient fortement, son imprudence allant à l'encontre de leur prudence bien ancrée. Mais l'amour, aussi puissant et imprévisible qu'il l'est, ne pouvait être contenu.

C'est au cours de ces rencontres secrètes que Marianne et Juan commencèrent à remarquer les changements subtils mais alarmants. Les nouvelles à la radio devenaient de plus en plus contrôlées, les réseaux sociaux censurés. La liberté d'expression, autrefois une évidence, était en train d'être érodée sous leurs yeux.

L'excuse du gouvernement ? Prévenir la propagation de la désinformation sur la pandémie. Mais Marianne, Juan et leurs amis voyaient bien que cette censure allait au-delà de ce seul but. La critique à l'égard du gouvernement était sévèrement punie. Le silence forcé devenait la norme.

Ils firent alors le choix d'élever leurs voix, de manifester, de se tenir debout contre l'oppression. Ils descendaient dans les rues désertes, leurs slogans résonnant dans l'air tendu. Ils étaient ainsi des milliers de jeunes et moins jeunes à braver les interdits. Ils étaient idéalistes, courageux. Et ils étaient prêts à se battre pour leur liberté.

Mais le gouvernement ne resta pas passif. Les forces militaires, devenues l'épine dorsale du régime, réagirent avec une violence brutale. Des coups de feu retentirent. Des larmes furent versées. Des vies furent perdues.

C'est à ce moment-là que Marianne vit pour la première fois le véritable visage de son gouvernement. Ce n'était plus une démocratie, mais un régime autoritaire qui réprimait la liberté sous le prétexte de la sécurité publique.

Les images de la violence, des manifestations et des amis perdus étaient gravées dans son esprit. Cela marqua le début de sa transformation, le moment où la jeune fille insouciante devint la future meneuse de la résistance. Dans la noirceur de ces temps, une lueur d'espoir naissait, aussi vacillante soit-elle. La lutte pour la liberté venait de commencer.

Résistante !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant