Chapitre 2: une rencontre inattendue (2/2)

60 13 31
                                    

Avant que nous ayons le temps de réagir, le sol s'ouvre sous nos pieds. Tout se passe en une fraction de seconde - un instant, nous sommes dans le hall, et l'instant d'après, nous sommes dans un espace confiné, la poussière et la terre tombant autour de nous dans un vacarme assourdissant. Quand le calme revient enfin, je prends conscience que nous sommes dans une cavité sous le Centre de Couplage, une ancienne salle ou une voûte oubliée.

Le souffle court, l'angoisse me saisit et je sens mon cœur battre à tout rompre. La peur, la surprise et la confusion se mêlent en moi, créant un mélange déroutant d'émotions. Des images de catastrophe, d'éboulement et de suffocation envahissent mon esprit. Je cligne des yeux dans le noir, essayant de voir quelque chose, n'importe quoi, mais je ne distingue que des ombres. Le cri étouffé qui m'échappe n'est qu'un écho de la terreur qui m'étreint. "Kai!" j'appelle, ma voix tremblante trahit l'effroi qui me noue l'estomac.

Une faible lumière émane soudain d'un coin de la salle. Je tourne la tête et aperçois Kai qui vient d'allumer une lampe de poche. La lumière jaune baigne son visage, accentuant ses traits anguleux et faisant briller ses yeux d'un bleu plus profond.

- Tu vas bien? Sa voix est douce, son arrogance habituelle a disparu, remplacée par une inquiétude sincère.

Je hoche la tête, mais mon silence trahit mon effroi. Ses yeux se fixent sur les miens et pour la première fois depuis notre rencontre, je sens une connexion entre nous. Nous sommes deux étrangers pris dans une situation inattendue, coincés ensemble dans l'obscurité.

- Nous devons trouver une sortie, murmure-t-il, sa voix prenant une tonalité sérieuse. On ne peut pas rester ici.

Il se rapproche, se faufile à travers les débris avec une agilité étonnante. Quand il atteint mon côté, je peux sentir la chaleur de son corps à travers mes vêtements, une sensation réconfortante dans ce froid souterrain. Il tend une main, et sans vraiment y réfléchir, je la prends. Sa paume est chaude et rassurante, un point fixe dans un monde qui vient d'être bouleversé.

L'important, c'est que nous sommes en viemurmure-t-il. Nous allons trouver un moyen de sortir d'ici. 

Nous passons ce qui semble être des heures à chercher une sortie. Les ténèbres sont tellement denses que la moindre éraflure du sol contre nos chaussures semble amplifier le son, comme une caisse de résonance naturelle.

Chaque tentative infructueuse d'escalader les parois lisses de la cavité se termine par une chute épuisante. Les murs, inébranlables, semblent se moquer de notre impuissance. En dépit du faible éclairage de la lampe de poche, nos yeux finissent par s'adapter, nous aidant à distinguer les contours de notre prison. Nous nous retrouvons coincés dans ce trou béant. 

Pendant ces instants, nos peurs, nos pensées et une connexion croissante deviennent nos seules compagnes. Pour Kai et moi, notre conversation oscille entre le léger et le profond, le trivial et l'essentiel. Je lui parle avec une franchise qui m'étonne la première. Lui, fait de même, il est à la fois désarmant et attrayant.

Je lui dis alors que nous nous asseyons dos à dos, nos corps se réchauffant mutuellement:

- Imagine un pauvre claustrophobe qui aurait décidé de vaincre sa peur en venant travailler ici, au centre de couplage. Premier jour et... BAM! Il est coincé dans un sous-sol à cause d'une explosion.

Il me répond :

- J'espère pour lui qu'il avait emporté son sac de respiration avec lui.

J'éclate de rire, surpris par son sens de l'humour dans une situation aussi désespérée.

Résistante !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant