Résistante !

Chapitre 6 : la double vie de Lena

Mon esprit s'emballe, faisant une course folle entre la certitude et le doute. Quatre mois se sont écoulés depuis que je me suis engagée dans cette aventure tumultueuse avec la Résistance. Max et Marianne, mes nouveaux mentors et confidents dans cette clandestinité, croient que je suis prête à faire face à l'incertitude du terrain. Les mots me glacent le sang, un frisson de terreur parcourt mon échine. Une mission. Ma première mission. C'est devenu réel, palpable.

Lorsque je m'entraîne, tout semble contrôlé, structuré. Les scénarios sont définis, les conséquences de mes actions sont anticipées. Pourtant, la réalité est une bête sauvage, imprévisible et effrayante. Je peux sentir la différence, un grand fossé entre mes préparations et ce que sera la véritable opération. Les frissons de peur se mêlent à une excitation fébrile. L'adrénaline se déchaîne dans mon corps, alimentant à la fois ma crainte et ma détermination.

Les scènes de mes entraînements défilent dans ma tête, se mêlant à des images inconnues de ce qui m'attend. Max, avec son air sérieux et concentré, m'expliquant les risques, les erreurs possibles, les pièges dans lesquels je ne dois pas tomber. Marianne, avec ses yeux brillants d'intelligence et de compassion, m'inculquant la prudence, la réflexion, l'importance de toujours rester un pas en avant.

Ma confiance en moi vacille, comme une bougie exposée au vent. J'ai été formée, préparée, endurcie. Mais suis-je vraiment prête ? Prête à affronter le regard des membres de l'Union, à déchiffrer leurs intentions cachées, à résister à leurs interrogations ? Prête à supporter le poids des secrets, à vivre dans l'ombre, à sacrifier mon passé pour un avenir incertain ?

La lutte intérieure fait rage en moi. Le véritable combat ne fait que commencer et la réalité me fait face, dépourvue de tous les filets de sécurité que j'avais lors de mon entraînement. Tout cela m'effraie, me bouleverse, mais en même temps, cela me renforce. Je ne peux plus faire marche arrière. C'est maintenant ou jamais.

La lumière douce de la maison de mes parents est comme un baume pour mes pensées agitées. En franchissant la porte, je suis accueillie par les sourires chaleureux de mon père, de ma mère et de mes sœurs jumelles. L'odeur familière de la cuisine de maman flotte dans l'air, apaisante, rassurante. Je laisse derrière moi le monde de la Résistance, avec ses secrets et ses dangers, pour plonger dans l'amour et le réconfort de mon ancienne vie.

À ma grande surprise, une fête d'anniversaire a été organisée en mon honneur. Je n'avais même pas réalisé que tant de temps s'était écoulé depuis mon entrée à la résistance. Les lumières tamisées, les cadeaux soigneusement emballés et le gâteau d'anniversaire décoré avec amour sont autant de rappels de l'importance de la famille, de la normalité et de la simplicité. Je me sens à la fois touchée et coupable.

Tout en profitant de la fête, je ne peux m'empêcher de penser à Kai. Mon cœur bat plus fort à chaque souvenir de lui, un rythme rapide et irrégulier qui trahit mes sentiments. Sa présence dans ma vie, bien que brève, a laissé une marque indélébile. Son image apparaît devant moi à chaque instant inattendu, comme une silhouette dans un brouillard, insaisissable mais omniprésente. Sa mémoire reste ancrée en moi, un doux poison qui me hante.

L'arrivée de Brad, mon âme sœur désignée, ajoute à ma confusion. Sa gentillesse et son affection me réchauffent le cœur, mais je ne peux m'empêcher de me sentir coupable. Je mène une double vie, une vie où je suis à la fois Lena la fonctionnaire dévouée et Lena la résistante. J'essaye de garder ces deux mondes séparés, mais ils s'entrechoquent inévitablement, créant des remous dans ma conscience.

Je sais que Brad n'a aucune idée de mon engagement avec la Résistance. À ses yeux, je suis simplement la femme qu'il a toujours connue, celle avec qui il prévoit de passer le reste de sa vie. Il n'a aucune idée des dangers qui m'entourent, de la mission qui m'attend. Chaque sourire qu'il me donne, chaque mot doux qu'il murmure à mon oreille, est une piqûre douloureuse à mon cœur.