Chapitre 2: une rencontre inattendue (1/2)

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Je me réveille en sursaut, les échos de l'explosion d'hier encore présents dans mon esprit. Une vibration effrayante qui a secoué la ville jusqu'à ses fondations. Ma ville, une merveille de perfection architecturale, toujours si calme et sereine, a été plongée dans le chaos.

Je m'habille rapidement, mon esprit embrouillé par les images de la veille. En sortant dans la rue, je constate l'ampleur des dégâts. Le bâtiment du Conseil est défiguré, un morceau de son visage parfait a été arraché. Un frisson parcourt mon corps. Je me sens comme si j'avais été projetée dans un monde parallèle, une version tordue de ma réalité.

Autour de moi, les gens chuchotent, pointant du doigt les débris. Leur visage est pâle, leurs yeux écarquillés de peur. Mais dans le murmure constant, je perçois autre chose, quelque chose d'inattendu. Une excitation sous-jacente, comme un courant électrique qui traverse la foule. Certains visages portent une étincelle, une lueur d'espoir, d'attente. Cela me surprend, m'intrigue. Que se passe-t-il ?

Je poursuis mon chemin, hantée par ce symbole étrange qui s'est imprimé dans ma mémoire. Ce cercle entrelacé de lignes, comme un symbole ancien. Qui l'a laissé ? Qu'est-ce que cela signifie ? Ces questions tournent en boucle dans ma tête, obsédantes comme une mélopée.

Le chaos de la ville contraste avec le silence qui règne en moi. Un silence lourd, presque suffocant. Un silence qui porte en lui le prélude d'un renouveau. Je ne sais pas encore ce que ce changement sera, mais je peux le sentir. C'est une graine plantée en moi, attendant de germer.

Sur le chemin du Centre de Couplage, j'aperçois une silhouette élancée se démarquer de la foule. Un homme qui semble se mouvoir avec une assurance que je ne vois que rarement ici. Je me rapproche, ma curiosité piquée.

C'est alors que nous nous percutons. Mes documents s'éparpillent sur le sol et je me retrouve à terre. Je lève les yeux, prête à lancer une bordée de reproches à l'inconnu, mais je m'arrête net.

Il se tient debout, me regardant avec un sourire arrogant accroché aux lèvres. Ses yeux, d'un bleu profond, brillent d'un éclat moqueur. Ils me scrutent, comme s'il pouvait lire en moi comme dans un livre ouvert. C'est déconcertant, déstabilisant. Il ne se précipite pas pour m'aider à me relever, il se contente de croiser les bras et d'observer. "Vous devriez regarder où vous allez," dit-il, sa voix est basse et assurée. Il semble indifférent à mon état, comme si le chaos autour de nous n'était qu'un détail insignifiant.

Poussant un soupir exaspéré, je me relève, ramassant mes papiers en silence. Je le dévisage, essayant de comprendre qui il est. L'indifférence avec laquelle il a géré notre collision, sa posture détendue malgré le chaos environnant - tout indique une assurance rarement vue ici.

Je lui lance un regard furieux avant de m'éloigner. Mon cœur bat la chamade, mais je refuse de lui montrer à quel point il m'a déstabilisée. J'ignore qui est cet homme, mais une chose est sûre : il a réussi à me troubler. Et je déteste ça.

Je suis assise à mon bureau, la tête enfouie dans les bras, dans un état de perplexité constante. J'ai des dossiers à analyser, des rapports à rédiger, et pourtant, je ne peux pas arrêter mon esprit de vagabonder vers ce signe insolite et l'arrogant inconnu. Son image, imprimée dans ma mémoire comme un tatouage, se mêle à mes pensées professionnelles, créant une confusion chaotique.

- Encore en train de rêvasser, Lena? gronde une voix depuis la porte de mon bureau. C'est mon supérieur, un homme d'âge moyen avec une moustache si horrible . Peut-être que si tu passais moins de temps à te perdre dans tes pensées et plus de temps à travailler, les choses se passeraient mieux ici. 

Je murmure pour moi-même: "Peut-être que si tu passais moins de temps à surveiller mes pensées et plus de temps à surveiller ta moustache, elle ne serait pas si asymétrique". Je ne sais pas pourquoi, mais la remarque m'amuse. Il y a quelque chose de libérateur à prendre à la légère une situation qui, dans d'autres circonstances, aurait été accablante.

Soudain, la porte s'ouvre à nouveau, et l'arrogant inconnu entre. Il s'est changé. Il est maintenant vêtu d'un uniforme d'ingénieur noir et argent, l'emblème de l'organisation gouvernementale brillant sur sa poitrine. Sur son uniforme, je peux lire son nom: Kai. Ses yeux bleus balayent la pièce avant de se fixer sur moi. Un sourire arrogant s'étire sur son visage, ses yeux brillent de défi.

- Je suis là pour réparer les dégâts, dit-il simplement, son regard ne quitte pas le mien. Il semble qu'il y ait eu quelques problèmes après la petite explosion.

Quelques problèmes? j'éclate de rire malgré moi. C'est une façon plutôt décontractée de parler d'un événement qui a failli raser la moitié du bâtiment!

L'inconnu hausse les épaules avec nonchalance. 

-Eh bien, nous avons tous nos petits problèmes, n'est-ce pas? répond-il, le ton légèrement moqueur. Certains d'entre nous ont des problèmes de moustache. D'autres sont distraits au travail. Et d'autres encore doivent réparer les erreurs des autres.

Je sens mes joues rougir. Je suis à la fois agacée et amusée par l'arrogance de cet homme, très séduisant au passage, mais énervant avant tout.  Et malgré moi, je me sens aussi légèrement attirée par lui. Je le regarde s'éloigner pour commencer les réparations, me demandant ce que l'avenir me réserve. 

 Autour de moi, des murmures naissent, comme des vagues montant progressivement en puissance. Kai a semé la tempête dans mon monde autrefois paisible, et je suis prise dans son sillage.

Les regards curieux et anxieux de mes collègues me transpercent. Ils me scrutent comme si j'étais une énigme à résoudre. Je détourne mon regard, mes mains se crispent sur le bord du bureau.

Soudain, mon supérieur revient, son visage moustachu trahissant un mélange d'irritation et d'inquiétude. 

- Lena, il énonce d'un ton qui ne laisse aucune place à la négociation, va aider l'ingénieur avec les réparations. Il désigne la porte par laquelle Kai vient de disparaître.

Je hoche la tête, résignée. Je n'ai pas d'autre choix que de suivre l'ordre. J'attrape ma veste et marche vers la porte, laissant derrière moi un bureau empli de murmures inaudibles et de regards curieux. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui m'attend à l'extérieur, mais une chose est certaine : ma journée vient de prendre un tournant inattendu.

Je sors du Centre de Couplage, le silence me plongeant dans un calme précaire. J'entrevois la silhouette de Kai à contre-jour, seul au milieu du hall désert. Il se penche sur le sol craquelé, son attention absorbée par quelque chose d'invisible à mes yeux. Lorsqu'il relève la tête, son regard d'acier rencontre le mien, une surprise muette peinte sur son visage.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Il demande, la curiosité dans sa voix éclipsant momentanément son arrogance habituelle.

- Mon patron m'a demandé de t'aider avec les réparations, je réponds d'une voix plus stable que je ne l'aurais cru possible. J'essaye de cacher le malaise qui grandit en moi, alors que la réalité de la situation commence à s'installer.

Kai éclate de rire, un rire sincère qui se propage dans l'immense hall vide, remplissant le silence.

 - Eh bien, il dit, son sourire arrogant de retour, il semblerait que nous soyons coincés ensemble. J'espère que tu ne me détestes pas autant que tes yeux l'affirment.

Ses mots provoquent une sensation étrange en moi, comme un mélange de défi et d'anticipation. Je me surprends à sourire malgré moi, et je réalise alors que ma journée vient de prendre un tournant encore plus inattendu.

Nous travaillons en silence, la tension entre nous n'étant rompue que par les bruits occasionnels des outils et des machines. Soudain, un grondement sourd se fait entendre, faisant vibrer les fondations du Centre de Couplage. L'écho du fracas retentit dans mes oreilles, le sol sous mes pieds tremble et mon cœur bat à tout rompre.


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