Chapitre 10

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Adeline 

Depuis précisément soixante-douze heures, je ne cesse de me remémorer les images d'Adam et moi, lors des deux moments que nous avons partagés récemment. Pour me débarrasser de ces pensées qui m'obsèdent plus qu'elles ne le devraient, je l'esquive à chaque occasion. Le seul endroit où nous nous croisons généralement, c'est à la cafét', ou encore dans l'ascenseur. Tout comme moi, il n'approfondit pas nos brèves salutations, ce qui m'arrange bien dans le fond. Je doute que mon père, malgré son absence dans ma vie ces dernières années, prenne ce rapprochement physique à la rigolade, mais je n'en démords pas, hormis une attirance purement charnelle, ce mec ne m'intéresse en rien. Il est tout ce que je déteste. L'arrogance incarnée. Bien trop sûr de lui à mon goût, qui plus est, méprisant. Un vrai connard, et pourtant, il accapare mes pensées les plus obscènes. Afin d'éviter de laisser tourner tout ceci en boucle dans ma tête, je replonge mon regard sur le dossier que m'a confié papa, plus tôt dans la matinée. Puisque ce dernier m'intéresse réellement, j'ai décidé de rester au bureau, bien que le soleil soit déjà sur le point de se coucher. Je demeure alors focalisée sur cette affaire de demande de garde exclusive. Une mère nous a engagés pour l'aider à obtenir celle de sa petite-fille de quatre ans dont le père est violent. Encore un connard de mec qui bat les seules personnes au monde qu'il est pourtant censé protéger.

Environ une heure plus tard, éreintée, je m'adosse au fauteuil en cuir brun de papa. Massant ma nuque d'une main, je me dis qu'il est peut-être temps pour moi de rentrer. Je meurs de faim, mais dans ce building, plus personne n'étant présent, la cafétéria est fermée. Je soupire à cette pensée. Tant pis, ça attendra quinze minutes de plus. Je me lève avec flegme de mon siège, puis me dirige vers la porte. Mes doigts appuient sur l'interrupteur afin d'éteindre la lumière, lorsque je quitte définitivement le bureau de mon père.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, ce dernier achève son déclin au gigantesque rez-de-chaussée, me laissant constater combien il est sombre à cette heure-ci. Un peu flippant. J'accélère le pas, un peu stressée. J'ai regardé trop de films d'horreur, je crois. Alors que je me retrouve au centre du hall, une pancarte lumineuse attire mon attention sur la droite. Y est écrit « salle de sport ». Des sigles indiquent la présence de douches, et... d'une piscine. Oh ? Ça devient intéressant ! Je me dis que mon estomac peut bien attendre une heure de plus, je ne suis clairement plus à ça près. Sourire aux lèvres, j'active alors la marche vers la porte qui me mènera à mon plaisir coupable. Une bonne petite baignade, rien de mieux pour se requinquer un peu ! Sans perdre une minute, je fonce directement vers la piscine. Pour mon plus grand bonheur, il n'y a pas un chat ! Parfait, je n'ai même pas besoin de me rendre dans les vestiaires pour me changer. De toute manière, je ne me balade pas avec un maillot constamment sur moi, donc le fait qu'il n'y ait personne tombe plutôt bien. Haussant les épaules, j'attrape une serviette sur le portant de l'entrée, et me dirige vers le bassin. Arrivée à hauteur de l'échelle qui permet d'entrer dans l'eau, je me débarrasse rapidement de mes fringues -toutes- et plonge aussitôt. Qui va bien pouvoir me reprocher de me baigner nue ? Il n'y a personne, et visiblement, aucune caméra dans cette partie du bâtiment. Je n'ai pas eu le plaisir de faire des longueurs depuis l'été dernier. À Paris, je n'ai pas vraiment l'occasion d'aller nager, entre les études et la vie active. Forcément, le contact de l'eau m'a manqué. Une fois lancée, je ne peux pas m'arrêter et commence rapidement à reprendre mes vieilles habitudes. Merde, ce que c'est bon !

Adam

Moi qui pensais pouvoir profiter d'une soirée au calme, chez moi, à bosser sur une plaidoirie, je suis obligé de retourner au bureau, car j'y ai oublié le dossier Potter. Fait chier. Je ne perds pas une minute et fonce à ma bagnole. Trois minutes plus tard, je la gare directement devant l'entrée du bâtiment. Je presse le pas pour rapidement taper le code secret sur le boîtier qui m'ouvre les portes automatiques de manière simultanée. À cette heure-ci, les badges ne fonctionnent pas. Seuls ceux qui détiennent ce fameux sésame peuvent entrer. Un bruit derrière moi attire mon attention alors que je pénètre dans le hall. Fronçant les sourcils sur l'obscurité qui m'entoure, je m'interroge quelques secondes, puis, désinvolte, m'insère à l'intérieur du building. Je remarque alors, sur ma droite, une lumière habituellement éteinte à cette heure-ci. Quel est le connard qui a oublié d'éteindre en sortant ? Bordel, il faut tout faire soi-même, ici ?! Histoire de vérifier que personne ne se soit introduit dans la salle de sport éclairée, je m'y rends afin de contrôler. Lorsque j'arrive tout proche du bain de pied, je distingue au loin, une silhouette sous l'eau. Une femme, c'est évident. Elle nage, telle une putain de sirène, ce qui m'intrigue davantage. Curieux, je contourne le petit bac à eau, attentif à ne pas tremper mes chaussures. Quand j'arrive au bout du bassin, je découvre des vêtements, gisant sur le sol. Avec surprise, je remarque une petite culotte en dentelle noire, et un soutien-gorge assorti. Cette femme est donc totalement nue. S'il s'agit de Mandy, la nana de l'accueil au dixième, c'est peut-être pour moi l'occasion d'enfin la sauter. Finalement, cette soirée risque d'être bien plus intéressante que ce à quoi je m'attendais. Discrètement, je récupère les fringues en question, les pose sur mon avant-bras, puis me rapproche du plot vers lequel elle nage, sans même se douter qu'elle n'est plus seule. Je m'accroupis, appuyant mes coudes sur mes genoux, impatient à l'idée de lui offrir un sourire libidineux lorsque sa jolie petite tête refera surface. Doucement, elle l'atteint. Ses doigts peints de rouge s'agrippent au rebord de la piscine, ce qui me fait tiquer. Ce matin, quand Mandy est montée pour m'apporter un café, son vernis était noir. J'arque un sourcil lorsque je découvre une tignasse blonde et familière qui remonte à la surface. Bordel, le p'tit papillon... À ce constat, j'arbore un sourire narquois, alors qu'elle passe une main sur ses paupières closes et trempées, puis, enfin, ouvre les yeux. L'expression qui s'affiche sur son visage au moment où elle me voit vaut tout l'or du monde, un mélange de panique et de honte. J'adore ça. Ses iris se remplissent d'effroi quand elle comprend qu'en plus de ma présence, j'ai déplacé ses fringues. J'ai hâte de voir comment tu vas te sortir de là, ma jolie.

Fucking Perfect Enemy (SOUS CONTRAT D'EDITION CHEZ SPICY EDITION) ~ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant