Prologue

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La tête posée contre la vitre passagère, je regarde la route défiler, sans pouvoir contenir plus longtemps mon agacement et marmonne :

— Je ne te pardonnerai jamais ça...

Les longs ongles de ma mère triturent le volant en cuir de sa voiture, quand elle prend conscience de ce que je viens de dire. Ses longs cheveux blonds virevoltent lorsqu'elle me fait face pour souffler, désespérée :

— Din, tu sais pertinemment que nous n'avons pas d'autre choix, c'est ce qu'il y'a de plus raisonnable à faire pour que l'autre abruti te lâche un peu la grappe.

Je lève les yeux au ciel, tout en secouant la tête, comme si être raisonnable faisait partie de son vocabulaire. Cela fait maintenant quatre ans qu'elle me laisse faire absolument tout ce que je veux, sans avoir de comptes à lui rendre, mais ce matin, voilà qu'elle se la joue mère autoritaire en m'obligeant à faire ce qu'ELLE veut. Non mais sérieux, j'hallucine. Au bout d'une vingtaine de minutes, elle se gare finalement sur l'immense parking de l'aéroport. Je la regarde bondir de son siège en direction du coffre, qu'elle vide à la hâte. De mon côté, je refuse catégoriquement de bouger mes fesses du mien. Quand je la vois s'approcher de ma portière, je la verrouille aussitôt. Elle s'agace contre la poignée.

— Adeline Rey, déverrouille cette foutue portière ! dit-elle, les sourcils froncés et l'index pointé dans ma direction.

J'affiche un large sourire hypocrite et articule, la bouche presque collée à la vitre :

— Va-en-enf-er.

Je remonte mes genoux vers ma poitrine et croise mes bras autour d'eux, en signe de mon refus catégorique de sortir de la voiture. J'entends ma mère pester sur le trottoir, mes valises à ses pieds. Le bruit de l'ouverture centralisée me fait lever la tête, je n'ai pas le temps de retenir ma portière, que la méchante sorcière l'ouvre et me fait face. Elle agite fièrement la clé devant mon visage en attrapant mon bras, pour m'obliger à sortir de l'habitacle. J'hésite quelques secondes à me laisser traîner au sol, de cette façon, je me dis qu'elle ne pourra pas me forcer à monter dans ce putain d'avion. Je n'ai pas le temps de mettre mon plan à exécution, qu'elle me menace :

— Je peux t'assurer que même si tu t'allonges par terre, je vais te tirer jusqu'à te faire asseoir dans cet avion.

J'aurais pu en rire, si la situation ne m'énervait pas autant. Je lui adresse un regard noir et lui passe devant, balançant au passage :

— Je te déteste encore plus que lui !

Elle ne prend pas la peine de répondre, je l'entends me suivre en tirant derrière elle mes bagages. Je prends nonchalamment place sur l'un des fauteuils disponibles dans le hall, pendant qu'elle procède à mon enregistrement. Une fois ce dernier fait, maman s'approche doucement de moi et m'embrasse sur le haut de la tête. Elle s'éloigne doucement sans dire un mot, mais, arrivée à hauteur des portes automatiques qui vont nous séparer, elle se retourne et me souffle :

— Je t'aime et je fais ça pour toi. Tu peux m'en vouloir tant que tu le veux, mais je sais que tu finiras par comprendre...

Je ne réponds pas, et lui adresse un énième regard plein de colère. Que le cauchemar commence. 

Fucking Perfect Enemy (SOUS CONTRAT D'EDITION CHEZ SPICY EDITION) ~ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant