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 « Et doucement, on passe du cœur à la mémoire. »

Renata

France; Bordeaux, 8h00.

Le réveil rompt brutalement le silence, m'arrachant à mes rêves. Dans l'obscurité, je tâtonne pour stopper la sonnerie insistante de mon téléphone égaré quelque part sur la table de nuit. Une quête désespérée dans le noir, mes doigts cherchant le contact métallique.

Finalement, contraint de quitter ma torpeur, je lève la tête et constate que ma main frôle le téléphone à peine à un centimètre. L'objet tant recherché est à portée, mais c'est moi qui peine à fournir le moindre effort.

- Fait chier.

Je réduis au silence le vacarme de mon réveil et m'oblige à me hisser hors du lit, les yeux toujours clos.

Une fois dans la salle de bain, j'ai du mal à ouvrir les yeux en me confrontant à mon reflet dans le miroir. Tout ce que je distingue, c'est un zombie tout juste sorti de sa tombe.

Déclenchant la musique sur mon téléphone, je me lance dans le brossage de dents et le lavage du visage à l'eau froide, mes yeux se refusant à la lumière naissante.

En me coiffant, mes doigts glissent sur la cicatrice au front, souvenir d'une enfance révolue. Un soupir s'échappe avant que je n'éloigne délicatement mes doigts de cette marque, succombant à une danse improvisée sur l'air de la musique ambiante.

Prête à quitter la salle de bain, une soudaine curiosité me pousse à vérifier mes aisselles avant de recourir rapidement au déodorant.

Une réalisation brutale s'impose : je puais.

Maman n'arrête pas de dire que je pue et que ma chambre pue. Quand je mets du parfum elle me dit qu'elle ne sent rien. Mais si j'en mets trop je vais finir par m'étouffer.

J'arrive dans ma chambre, habillé et prends le carton rempli de mes médailles que j'avais préparé à la veille. Ce sont des médailles que j'ai gagné lors de mes tournois de basket ou alors pendant les finales.

A la base, je ne voulais pas faire du basket, c'est mon père qui m'y a forcé quand j'étais petite. J'aurai préféré faire de l'équitation, mais voilà ce qu'il m'a sorti :

- D'ailleurs, Renata. Tu ne voudrais pas faire du sport par hasard ? Si tu veux en faire dis le moi et je t'y inscris.

- De l'équitation ! Je voudrais faire de l'équitation ! Je lui répondais avec tellement d'enthousiasme.

Je pouvais voir le visage de mon père se décomposait.

- Ce n'est pas un sport ça, c'est le cheval qui fait du sport, tu te contentes juste de le guider et de le brosser.

- Dans ce cas je ne veux rien faire. Je lui disais en lui tournant le dos, bras contre ma poitrine en lui boudant.

- Bien, je t'inscris dans du basket alors.

- Je fuguerai alors !!

Nous nous mettons à rigoler avant que je ne lui tire la langue.

Je ferme délicatement la porte de ma chambre derrière moi, un carton lourd de médailles serré dans mes mains. Mes yeux parcourent attentivement ces médailles chargées de souvenirs, puis, levant le regard, je découvre ma mère et Bryan en train de s'embrasser.

Bryan, ce prétendu beau-père, échoue lamentablement à jouer son rôle. Pour ma part, il ne sera jamais digne du titre de beau-père. Je passe devant eux, affichant une grimace, interrompant ainsi leur baiser avant de m'éloigner.

An Unexpected LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant