Céder pour quoi ?

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Charlie ne me quitte pas du regard malgré cette soirée blindée de monde. Son petit jeu dure depuis des heures, je sens ses yeux me suivre où que j'aille et quoi que je fasse. Je n'arrive pas à ignorer ce picotement dans ma nuque, je n'arrive pas à faire comme s'il ne me regardait pas.

De temps en temps je vais vers lui, on parle, on rit, comme à notre habitude. Notre complicité se voit à des kilomètres. Ron me couve du coin des yeux et je sens bien qu'il n'est jamais tout à fait serein lorsque je cause avec son grand frère. Je crois qu'il préférait lorsque Charly vivait loin de nous en Roumanie.

J'ai toujours eu cette connexion étrange et profonde avec Charly. Je crois que ni lui ni moi ne savons réellement de quoi celle-ci est faite, mais lui comme moi y tenons énormément, je le sais. 

Il n'est pas du genre à dire les choses, mais dans ses yeux, ce sont des wagons d'émotions, de non-dits qui voyagent. C'est pour ça que je crains son regard. Si j'ai le malheur de m'y plonger un peu trop longtemps, ma raison décabane et je suis à deux doigts de finir à l'asile. 

Ses yeux sont mon enfer personnel. C'est comme s'ils avaient accès à une partie de moi que je ne suis pas prête à dévoiler. Que je ne veux surtout pas dévoiler alors qu'il est le frère de mon fiancé.

Et pourtant... Pourtant lorsque Ron part se coucher à la maison et que Charly me demande si je veux aller boire un verre chez lui, je n'arrive pas à refuser. Ma raison hurle, tambourine dans mon crâne mais impossible de l'écouter tant mon cœur bat fort. Cet imbécile prend le dessus sur toutes mes bonnes résolutions, sur tout ce que je ne veux pas être, sur tout ce que je ne veux pas infliger à Ron. 

Mon cœur bat la chamade, et je sais qu'arrivée devant la porte de son appartement je devrais faire demi-tour.

Impossible.

C'est plus fort que moi. Dans la pénombre du hall d'entrée, les yeux de Charly luisent d'une lueur étrange que je ne lui connais pas. Je devine pourtant aisément ce qu'il attend. 

Il attend que je fasse le premier pas, que je m'offre à lui pour qu'il sache qu'il ne me force en rien. Comme s'il ne le savait pas, franchement ! Comme si nos regards ne parlaient pas pour nous. Comme si nous ne passions pas notre temps à faire des sous-entendus à tout va. 

Putain, j'adore ça. J'adore tout ça, ce jeu entre nous, mais ça me rend dingue de ne pas savoir ce qu'il y a après. Après ces regards, après ce jeu de séduction qu'à moitié caché. 

Mais Ron... Ron qui s'éclipse lentement de mes pensées, lui qui doit déjà dormir paisiblement dans notre lit... Ron qui ne se doute pas une seule seconde du combat qui se livre à l'intérieur de moi. Lui qui ne se doute pas un seul instant qu'au fond j'ai déjà lâché prise, quoi que j'en dise.

J'ai craqué. 

J'ai craqué sur l'air bourru de son frère, sur ses yeux sombres, sa voix chaude, son humour bancal et sa façon de raconter des histoires, sur cette façon qu'il a de parler de ce qui le passionne. Il est animé, Charly. Singulier, unique, étrange. Charmant, drôle, et me voilà prise dans des filets que je ne pensais pas faits pour moi. 

Voilà mon corps qui s'approche du sien, ma langue qui humidifie mes lèvres et ses mains qui frôlent ma taille. C'est inconfortable après des années de fuite. C'est nouveau, c'est étrange, exaltant. Nos lèvres se trouvent avant qu'on y pense. En une seconde il n'y a plus une once de retenue, d'inconfort, de réserve.

En une seconde sa langue trouve la mienne et je soupire de satisfaction. Un soupir qui crie "enfin'. Ses mains s'accrochent à ma taille maintenant, et tout devient totalement naturel. Le désir embrase mon ventre alors qu'il tente de nous diriger vers le canapé en enlevant ma robe qui tombe mollement sur le parquet. 

Ses mains se promènent sur mon corps nu alors que celui-ci se couvre de chair de poule. Je passe à mon tour les mains sous sa chemise avant que nos regards ne se croisent. Ses yeux sont plus sombres encore qu'habituellement, et j'y décèle un désir aussi intense que le mien malgré la pénombre ambiante. 

Nos respirations erratiques emplissent la pièce exiguë, et je le sens durcir contre moi alors qu'il retire mes sous-vêtements. Il prend quelques secondes pour passer ses doigts brûlant sur mes seins, mon ventre, puis descend encore, et je hoquette lorsque ses doigts entrent en contact avec mon intimité déjà trempée.

Son prénom passe la barrière de mes lèvres pour l'inciter à continuer, mon bassin bascule pour se frotter à lui. J'en veux beaucoup plus que ça. Je le veux lui, tout entier. 

Alors je termine de le déshabiller d'un sort informulé et viens m'empaler sur lui d'un coup, parfaitement lubrifiée, plus que prête pour lui. 

"Hermione, par Merlin !!!!"

Je me réveille en sursaut alors que la voix dure de Ron claque froidement dans l'air.

Putain, où est-ce que je suis, moi ? 

"Tu te fous de moi, Hermione ? Réponds, bordel !!

- Hein, quoi ? Qu'est ce que tu...

- Oh ne te moques pas de moi. Tu rentres du bal après moi, tu t'endors en quelques minutes et tu commences à te toucher ! Moi qui pensais que tu voulais m'allumer ! J'suis vite descendu de mon petit nuage ! Regarde-moi ça, t'es trempée ! 

- Ron, je comprends rien de...

- Hermione, tu viens de jouir, putain ! Tu viens de jouir toute seule dans nos draps en hurlant le prénom de mon frère comme si je n'existais absolument pas ! Sans déconner ! Qu'est ce qui ne va pas chez toi, hein ?" 

Secrets interditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant