Chapitre 4

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Han Jisung en était à sa troisième crise d'angoisse de la journée, et il n'était même pas encore 15 heure.

Il en faisait tellement qu'il aurait presque pu s'habituer à vivre avec les tremblements qui engourdissaient tout son corps. Si seulement il n'avait que ça, mais non, il y avait aussi son cœur qui battait si fort qu'il en avait des douleurs atroces à la poitrine. Et plus son thorax souffrait, plus il paniquait. Puis, plus la panique grimpait, plus les sueurs froides l'étourdissaient et les sensations de vertige s'immisçaient. C'était ce moment critique qui était le pire, car à ce moment précis il ne pouvait plus respirer, et quoi qu'il fasse, il se noyait seul dans sa peur.

Impossible pour lui de crier à l'aide, même si sa bouche était grande ouverte, l'air n'entrait pas, en réalité, il n'entrait plus, puisqu'il ne sortait plus.

Dernièrement Chan était avec lui lorsque les crises arrivaient, il le rassurait un minimum ou alors appelait les infirmières. Mais cette fois, Jisung était seul au milieu du couloir. Il ne savait même pas ce qui avait provoqué l'attaque cette fois. Le fait même d'être tout seul dans ce couloir ? Ou à l'inverse l'anticipation du monde qu'il aurait à croiser lors de la réunion de groupe de l'après-midi ? La peur d'avoir une nouvelle crise de panique ? Quelle que soit la pensée qui surgissait dans son esprit, l'angoisse était là, tout le temps là.

Il sentait sa vue se brouiller, il hyperventilait et avait l'impression qu'il allait s'évanouir. Et s'il était actuellement à côté des escaliers ? Il ne voyait plus où il se trouvait et cette idée l'effraya encore plus, si c'était possible.

Il rentra accidentellement dans ce qui lui parut être quelqu'un et tomba à genou. Il se tenait maintenant la poitrine d'une main et s'accrochait autant que possible de l'autre à l'inconnu resté devant lui. Tout ce qu'il percevait, c'était un fond de voix incompréhensible pour lui à travers le bourdonnement assourdissant dans ses oreilles. Il ne voyait plus, il n'entendait plus, ne savait pas s'il était accroupie ou allongé, mais il sentait que la personne le tenait en retour.

Il se recroquevilla sur lui même, incapable de suivre le flot de pensées qui l'asphyxiait. Tout à coup il perçut des cris : est-ce que quelqu'un appelait enfin de l'aide ?

Il sentit qu'on se mit doucement à lui caresser les cheveux, mais ça ne servirait à rien, ça ne le calmerait pas du tout, et ça, sa panique le savait très bien. Au bout de quelques secondes, qui lui parurent une éternité, il discerna maintenant une pression répétée entre ses sourcils, un tapotement régulier, doux, précis. Cette même pression changea d'emplacement, il la sentait maintenant sur le pourtour de ses yeux, et au bout de quelques répétitions, elle se déplaça sur son menton. Après ça il sentit les doigts de la personne appuyer à la même cadence sous l'extrémité de ses clavicules. Il réussit à ouvrir les yeux, toujours désorienté, il n'arrivait pas à savoir quelle était sa position, ni même à repérer où il se situait.

Tout s'emmêlait, il n'était pas sûr de ce qu'il entendait maintenant. Il cru discerner une voix, elle était grave et bienveillante, elle se mit à répéter près de lui :

"Serre ma main si tu m'entends, Jisung, si tu m'entends, serre ma main..."

Il serra la main qui avait pris la sienne, il apercevait sans détails le salon autour et quelqu'un penché au-dessus de lui.

"Est-ce que tu arrives à voir 5 choses ? Peut importe ces 5 choses, est-ce que tu arriverais à me les nommer?

- Lam... Lampe... Marches... P... Plan... Plante...

- C'est bien, continue.

- S... Siège, Vi... Visage...

- Et qu'est-ce que tu touches, là, maintenant ? 4 choses que tu sens sur toi...

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