POURQUOI PAS TOI?

CHAPITRE XXXII

Jambes croisées, livre à la main, Derya était absorbée par sa petite lecture.
Certes c'était une grande amoureuse de romans, mais elle n'avait jamais lu autant de livres en six semaines.
Six semaines qu'elle était à l'hôpital, Six semaines qu'elle était à son chevet, six semaines qu'il n'avait pas ouvert les yeux.
Depuis son accident, Harian n'avait pas ouvert les yeux une seule fois. Le médecin avait dit qu'il était plongé dans une sorte de coma et qu'on ne pouvait estimé exactement à quel moment il reprendrai conscience .
Quelle frustration, quelle peine, quelle douleur. Derya le digérait très mal, mais elle n'avait d'autres choix qu'accepter la vérité face à elle.

_Encore sur ce roman ? Demanda Mavis qui venait d'arriver.

Elle entra dans la chambre et vint se mettre près de Derya, sur le fauteuil.

_Oui, je ne comprends pas pourquoi celui-ci est particulièrement difficile à terminer.

_À mon avis tu devrais rentrer te reposer correctement chez toi, ça fait déjà trois semaine que tu es là, Dit Mavis en lui tenant la main

_Je dois rester près de mon mari, c'est de ma faute s'il est dans cet état et je ne peux me permettre de m'en aller alors que je ne me suis pas fait pardonner, Répondit Derya

Derya était fatiguée, à bout de nerfs, stressée, frustrée, mais la seule idée de quitter l'hôpital et qu'Harian se réveille en son absence lui était tellement douloureuse qu'elle préférait supporter tout son mal être

_Il se réveillera bientôt, je le sais, Dit Derya en observant son mari avec tendresse .

Elle se leva et va près du lit où était couché son aimé. Elle lui fit une bise sur le front, et serra sa main très fort.

_Oui il se réveillera bientôt, Répéta t'elle comme pour elle-même.

_Tu dois avoir faim, je vais te chercher quelque chose dans le restau d'à côté, Dit Mavis en lui frottant l'épaule

_D'accord

Elle restait à présent seule avec son mari, comme d'habitude.
Tout le monde était passé voir Harian à l'hôpital, et même si elle doutait que ce soit pour de bonnes intentions, Jake et Lucy lui avaient témoigner tout leur soutien. Elle observa son mari, immobile, couché sur ce lit d'hôpital. Comme elle se sentait responsable, elle allait pas bien du tout.

_Harian, c'est encore moi; Dit-elle à son mari endormi. Je voulais juste te dire à quel point tu me manquais. Ton sourire, tes câlins, tes jolis yeux, j'aimerais les voir à nouveau, Disait-elle la voix enroué

Elle avait les larmes aux yeux mais se retenait de pleurer, et ce tous les jours depuis le diagnostic du médecin. Elle  avait tant envie de retourner en arrière et d'effacer toutes les bêtises qu'elle avait enchaîné. Si elle n'avait pas été aussi méfiante envers son mari, pas aussi jalouse, pas aussi si peu sûre d'elle et de l'amour de son mari, tout ça ne serait pas arrivé.
Les premières larmes se mirent à couler. Une par une, elles dévalaient ses joues et finissaient leur course sur la main d'Harian qu'elle serrait . Elle sentait enfin comme l'obligation d'évacuer toute la peine et la douleur qu'elle ressentait depuis le début de son hospitalisation.
Tout à coup, elle sentit quelque chose bouger, puis encore une fois .
Elle se redressa et vit la main de son mari bouger. Comme le miracle qu'elle attendait depuis des jours et des jours, elle entendit un soupir sortir de la bouche de son époux.

_Harian.... L'appela t-elle

À nouveau il bougea la main.
À ce nouveau signe de conscience, Derya se leva et s'enfût à l'extérieur criant presque au médecin de venir voir son mari.

_Docteur, docteur..... Criait-elle dans les couloirs de l'hôpital

Le médecin apparu devant elle et elle le traîna presque en courant dans la chambre de son mari

_Il a bougé Docteur, je vous le jure je l'ai senti, il a bougé et il a même soupiré, Expliquait Derya toute agitée

_Calmez-vous madame, nous allons voir ça, Dit le médecin à Derya

Un infirmier vint la faire sortir de la chambre et lui demanda de patienter à l'extérieur . Elle sortit, les mains sur la tête, le front en sueur. Pourquoi lui avait-on demander de sortir ? Harian avait bougé, c'était sensé être un bon signe ! Pourquoi lui demander de sortir ?
Soudainement, Yann apparu devant elle accompagné de Liam. Tous deux avaient l'air grave et inquiet en la voyant si agitée

_Derya qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda Liam en premier

_Pourquoi il y a des médecins dans la chambre d'Harian ? Il y a un souci ? Ajouta Yann

_Pourquoi es-tu si stressée ? Rajouta à nouveau Liam

Pourquoi on lui posait toutes ses questions ? Pourquoi on l'entourait ? Pourquoi on l'étouffait? Elle laissait la panique la gagner, elle devenait vacillante, sans plus aucune force dans les jambes . Elle essaya de balbutier quelques mots, mais ils avaient l'air incompréhensible.

_Calme-toi Derya, tout va bien se passer d'accord, la rassura Liam qui l'avait prise dans ses bras.

En vrai, elle se sentait lasse et fatiguée. Depuis qu'elle était à l'hôpital, elle n'avait pas vraiment pu trouver le sommeil et alors que son frère la réconfortait, le médecin sortit de la chambre.
Yann se précipita vers lui et lui posa quelques questions. Ils discutèrent quelques instants puis le médecin serra la main de Yann et partit.
La fatigue rattrapait vraiment Derya. Son petit moment de faiblesse dans la chambre a semblé faire remonter absolument toute la fatigue qu'elle avait accumulé au fil des semaines. Elle se rapprocha de Yann, titubant, trainant les pieds avec la main de son frère comme appui.

_Qu'a donc dit le médecin ? Demanda t-elle une fois face à son beau-frère. J'espère que tout va bien au moins!!

Yann lui prit la main et lui fit un grand sourire. Des larmes perlaient au coin de ses yeux; il avait l'air heureux. Il rit cette fois-ci et Derya le contempla

_Yann??

_Il s'est réveillé, Lui dit Yann; Harian s'est enfin réveillé

Soulagée, Derya lacha un énorme soupir d'apaisement. Elle se sentait tellement légère, qu'elle ne put contenir encore la fatigue qui l'accablait depuis si longtemps. Elle s'approcha pour tenir la main de son beau-frère, mais au lieu de ça, elle s'écroula dans ses mains morte de fatigue, mais plus qu'heureuse et apaisée.