Prologue

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Des cris stridents, des éclaboussures de sang, le son de pas lourds et chaotiques dans un couloir qui résonne. Puis le silence. L'horreur. La plupart d'entre nous pensent que cela ne nous touche jamais, que nous sommes à l'abri de ces scènes de cauchemar, mais cela peut arriver n'importe où, n'importe quand. Qu'il s'agisse d'un acte de violence, d'une catastrophe naturelle ou d'un accident tragique, l'horreur peut surgir à tout moment et nous choquer au plus profond de notre âme. Et c'est à ce moment-là que nous réalisons à quel point la vie est fragile et précieuse. Nous prenons pour acquis le fait que nous nous réveillerons le lendemain matin et vivrons une journée de plus, mais cela n'est pas garanti. Chaque instant que nous avons sur cette terre est une bénédiction. Il est facile de tomber dans la complaisance, de penser que tout est sous contrôle et que nous pouvons prévoir chaque tournant que prendra notre vie. Mais la vérité est que nous ne pouvons jamais être complètement prêts pour ce qui peut arriver, et surtout ce qui se trouve face à moi : Juste l'horreur.

Les cris viennent d'en dessous, un son qui transperce la nuit et nous paralyse tous. C'est comme si chaque hurlement était un coup de poignard qui s'enfonce dans notre poitrine, nous laissant pantelants et incapables d'agir. Puis, il y a des coups de feu. Des bruits sourds et assourdissants qui déferlent sur nous, faisant taire les cris dans une symphonie de terreur.

Au départ, je crois que les cris sont simplement ceux de personnes qui se font peur les unes les autres, un jeu de mauvais goût. Nous vivons dans une société où les horreurs de la vie sont souvent filtrées et édulcorées, où nous pensons que la violence n'a pas sa place. Sauf dans mon monde. Mais alors que les tirs commencent, je comprends rapidement que je me suis trompé. Le danger est réel, le chaos est là. Le monde s'effondre autour de nous, ne laissant que la peur et la confusion. Les cris et les tirs semblent ne jamais finir, emplissant l'air d'une cacophonie de douleur et de terreur. Nous sommes comme des figurants dans un film d'horreur, nous débattant pour échapper aux griffes de l'inconnu. Nos cœurs battent la chamade dans notre poitrine.

Les pas résonnent encore, se rapprochant de nous à chaque instant, nous plongeant dans une terreur indicible. Nous sommes comme des souris traquées par un chat affamé, cherchant désespérément une issue pour échapper à notre prédateur..

- Taisez-vous tous! chuchota mon professeur en mimant avec un geste de la main le silence

- Cachez vous sous les sièges de l'amphithéâtre!! Je vais fermer la porte et éteindre les lumières, si quelqu'un peut appeler la police !.

Tout le monde se met à agir instinctivement. Nous nous précipitons tous sous les sièges, le souffle coupé, le cœur battant la chamade. Le silence est si épais que l'on peut entendre les battements de cœur des uns et des autres. Le professeur se dirige vers l'entrée, ferme la porte de l'amphithéâtre et éteint les lumières, plongeant ainsi la pièce dans l'obscurité la plus totale. L'atmosphère est tendue, chacun retient son souffle, écoutant les bruits extérieurs avec attention. Les pas se rapprochent toujours plus, devenant de plus en plus distincts.

Je regarde Loïc prendre son téléphone et composer le numéro d'urgence. Même s'il est à plusieurs sièges de moi, j'admire sa bravoure et son sang-froid dans cette situation chaotique. Bien que nous ne soyons pas très proches, nous nous entendons bien et avons souvent échangé pendant les travaux dirigés. Je me souviens de nos discussions intéressantes sur des sujets variés, de la politique à la médecine en passant par la philosophie. En cet instant, Loïc prend l'initiative que je n'aurais probablement pas prise. Je suis soulagée que quelqu'un ait eu le courage de faire ce qu'il fallait. Je sais que si j'aurais eu à faire ça, à sa place, j'aurais été paralysée par la peur, ce qui m'arrive actuellement. C'est une qualité que j'admire chez lui, cette capacité à garder son calme dans des situations de stress intense. Cela me fait réaliser que j'ai beaucoup à apprendre de lui.

- Bonjour, nous sommes des élèves de l'université de Harvard. Nous sommes actuellement au bâtiment du département de médecine, dans l'amphithéâtre C. Nous avons entendu des coups de feu et avons besoin d'aide ! dit Loïc d'une voix claire et posée.

Je sens la tension monter dans la pièce alors que Loïc continue de parler au téléphone. Mais soudain, un coup de feu retentit, beaucoup plus proche cette fois. Nous perdons tout notre sang-froid et notre angoisse monte en flèche. Nous nous demandons tous si le tireur va venir jusqu'à nous. J'espère que les secours arrivent rapidement pour nous sortir de cette situation dangereuse. La tension est palpable dans l'amphithéâtre alors que les coups de feu résonnent sans relâche. Soudain, le bruit assourdissant d'une balle qui traverse la porte se fait entendre. Je vois des débris voler dans tous les sens et la porte s'effondrer sous la violence des tirs. Je réalise alors que nous sommes totalement vulnérables et que la mort peut nous atteindre à tout moment.

Je me cache sous la table, recroquevillé sur moi-même, tremblant de peur. J'avais toujours pensé que cela n'arrivait qu'aux autres, mais là, la mort est si proche de moi que je ne peux m'empêcher d'y penser. Je n'aurais jamais pensé vivre une situation pareille, où la mort est si proche, si réelle. Mes émotions s'entremêlent dans un tourbillon d'angoisse. Mon cœur bat à tout rompre, mes mains tremblent incontrôlablement. Mes pensées sont confuses, mon cerveau tourne à plein régime, cherchant une issue à cette situation désespérée. Dois-je rester caché sous la table, espérant que le tireur ne me verrait pas, ou Dois-je courir pour tenter de m'échapper, même si cela signifiait prendre le risque de me faire tirer dessus ? Je ne savais pas quoi faire, je suis pétrifié par la peur, incapable de prendre une décision. Chaque bruit de balle qui résonne dans la pièce me faisait sursauter me rappelant la réalité effrayante de la situation.

Je prend une profonde inspiration pour tenter de calmer mes nerfs à vif et essayer de me concentrer pour trouver une solution. Peut-être que si je pouvais atteindre la sortie discrètement, j'aurais une chance de m'en sortir. Ou peut-être que j'aurais une meilleure chance de survie si je restais caché sous la table jusqu'à l'arrivée des secours. Je reste immobile, écoutant attentivement les bruits dans la pièce, essayant de comprendre où se trouve le tireur. Chaque instant qui pass est une torture, et je pris pour que l'aide arrive bientôt.

Mais sous les tirs incessants, une des élèves située près de Loic, lui arrache son téléphone des mains et crie d'une voix paniquée :

- Putain, dépêchez-vous, je ne veux pas mourir ! S'il vous plaît, aidez-nous, on est trop jeunes... dit-elle en larmes.

Ses paroles sont déchirantes, car c'est tout ce que nous pensons au fond de notre être. Mais elle a aussi confirmé au tueur que nous sommes ici qui plus est en train de paniquer.

- Alors comme ça, on a peur de mourir ? crie-t-il en rentrant dans la pièce.

 Cette voix, rauque, calme et sombre, je la connais que trop bien. 

Le coeur des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant