Chapitre 9 : Veiller dans l'ombre

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  Vito

Je reste près d'elle, sachant qu'il est essentiel de la ramener chez elle en sécurité. J'appelle les membres du gang pour qu'ils viennent s'occuper des deux corps inertes, toutefois toujours en vie. Je m'occuperais d'eux plus tard, lorsque nous aurions réglé la situation actuelle. Je dois prendre des décisions importantes sans prévenir Owen pour le moment, ni même son père. Je lui ai envoyé un message, lui assurant que j'ai retrouvé Ludovica, laissant à Ludovica le choix de leur révéler ou non ce qui s'est passé. C'est son histoire à raconter, sa décision à prendre.

J'attend patiemment l'arrivée des membres du gang, veillant sur Ludovica en attendant. Le plan est simple, les membres vont surveiller Ludovica le temps que je rapproche ma voiture, pour que personne ne se doute de rien ou ne pose de question. Ensuite,je la ramènerai chez elle.

Je leur explique brièvement la situation, leur faisant comprendre que je m'occuperais d'eux plus tard. La discrétion est primordiale.

– Surtout, ne dites rien au boss ni à Owen. Compris ? je leur rappelle d'une voix ferme. Si jamais j'apprends que vous avez brisé cette règle, je me ferai un plaisir de vous mettre dans le même état que ces deux là.

Les membres du gang acquiescent silencieusement, comprenant l'importance de la situation. Ils savent que la sécurité de Ludovica est notre priorité.

– Restez près d'elle, surveillez les alentours, Je vais rapprocher ma voiture discrètement pour qu'on puisse partir sans éveiller les soupçons. Soyez prêts à agir si nécessaire.

Ils se positionnent stratégiquement autour de Ludovica, prêts à intervenir au moindre signe de danger. Leur présence est réconfortante, une muraille de protection dans cette période trouble.

Je m'éloigne discrètement, veillant à ne pas attirer l'attention, tout en gardant un œil sur elle et sur le groupe. Chaque pas est calculé, chaque regard scrute les environs. Je rejoins ma voiture, monte dans le véhicule. J'allume le moteur puis avance pour la garer dans un endroit plus proche, loin des regards indiscrets.

Une fois que j'ai réussi cette manœuvre, je reviens rapidement auprès de Ludovica et des membres du gang. Ils sont prêts à agir, leurs yeux vifs et attentifs, disposé à protéger celle qui est désormais sous notre responsabilité.

Je guide Ludovica jusqu'à ma voiture, prenant soin de la soutenir lorsqu'elle vacille, encore sous le choc de tout ce qui s'est passé. Je lui lance un regard réconfortant, lui assurant que je suis là pour elle, quoi qu'il arrive.

Le trajet jusqu'à chez elle est silencieux, chacun de nous perdu dans ses pensées. Les rues sombres défilent tandis que nous nous enfonçons plus profondément dans la nuit.

Nous sommes enfin arrivés devant sa maison, un refuge temporaire dans cette triste réalité trouble.

Je l'aide à sortir de la voiture, l'enveloppant de mes bras pour la soutenir. Ensemble, nous franchissons la porte d'entrée, pénétrant dans l'intimité de son foyer. L'air est chargé d'une ambiance lourde, je m'efforce cependant de lui transmettre un sentiment de sécurité.

– Nous sommes chez toi, Ludovica, je murmure doucement. Ici, tu es en sécurité. Je vais rester avec toi, aussi longtemps que tu en auras besoin.

Avec précaution, je la dépose dans l'un des fauteuils de sa chambre, veillant à ce qu'elle soit bien installée. Puis, je me dirige vers la salle de bains, allume le robinet de la baignoire ajustant la température de l'eau. Une fois que le bain est chaud et rempli, je me tourne vers Ludovica, lui expliquant ce qui va se passer.

– Je vais t'aider à retirer tes vêtements, en évitant de te toucher au maximum lui dis-je d'une voix empreinte de douceur, j'évite de lui expliquer pourquoi ce qui pourrait la ramener dans son traumatisme. Je vais te nettoyer, si jamais ça ne va pas, tu me le dis, d'accord ?

Elle me fixe avec des yeux empreints d'affection, sa confiance se lisant dans son regard. Elle acquiesce, acceptant ce que je viens de dire. Je sens que le moment est venu de partager une part de mon passé, une part de moi-même que personne d'autre ne connaît. Je sais que cela peut l'aider à trouver un certain réconfort, à savoir qu'elle n'est pas seule dans sa douleur.

– J'ai connu ça aussi, Ludovica, je lui avoue, laissant mes paroles s'écouler.Ça ne pourra jamais effacer ce qui s'est passé, cela peut te faire du bien, ne serait-ce qu'un instant, de savoir que tu n'es pas seule.

Elle me fixe, ses yeux doux et vulnérables, touchant une corde sensible en moi. Dans cet échange de regards, nous nous comprenons mutuellement, partageant une douleur commune. C'est une connexion profonde, une façon de se soutenir mutuellement dans notre guérison.

Pendant toute la durée de sa douche, je lui accorde une attention délicate, respectueuse tout en tentant de diminuer ses tremblements et gémissements que je provoque du fait de sa douleur. Je lui retire ses vêtements avec précaution, veillant à ne pas provoquer de souvenirs douloureux. Je l'aide à se laver, veillant à ce que chaque geste soit doux et réconfortant. À chaque instant, je lui demande si elle va bien, si elle supporte mes gestes.

Les minutes s'écoulent, ponctuées par le son apaisant de l'eau qui ruisselle. Je reste à ses côtés, laissant l'atmosphère calme, apaisante envelopper la pièce. Je veux lui offrir un moment de répit, un instant où elle peut simplement se laisser aller, sans penser à tout ce qui l'entoure.

Une fois le bain terminé, je l'aide à sortir de la baignoire, la couvrant d'une serviette moelleuse pour la sécher délicatement. Ensemble, nous gagnons la chambre, où je l'aide à s'habiller de vêtements propres et confortables.

Alors qu'elle se laisse reposer sur le lit, je m'installe sur le fauteuil en face de son lit, veillant sur elle avec une attention vigilante. Je veux qu'elle ait un peu d'intimité, de temps pour elle-même. Je sens que la fatigue et les émotions l'ont finalement submergée, elle s'est endormie.

Quant à moi, je ne ferme pas l'œil de la nuit. Les démons de mon passé se sont réveillés en voyant ce que Lodovica avait enduré, réveillant en moi des souvenirs douloureux que j'ai moi-même traversés. Jamais je n'ai souhaité qu'elle connaisse le même sort, il est désormais trop tard. Les cicatrices de cette nuit resteront à jamais gravées en elle, il est possible qu'elle suive le même chemin que moi, perdue dans les abîmes de son être, un cœur plongé dans les ténèbres.

Je veux l'aider, quelque chose chez elle m'intrigue profondément. Surtout, je veux lui offrir l'aide que j'ai moi-même souhaité recevoir lorsque j'ai traversé des épreuves similaires. Peut-être que cela aurait pu changer mon destin, alléger le fardeau qui pèse sur moi. Ludovica ne peut se délecter de ses liens familiaux cependant elle a le droit de se protéger, de ne pas subir d'autres traumatismes, de ne pas laisser l'obscurité de l'âme humaine la contaminer davantage.

Cette noirceur est en moi, elle fait partie de mon être, en me rapprochant d'elle, j'ai pu apporter un peu de lumière dans mon propre corps, même si je sais que tôt ou tard, je devrais m'éloigner

Pendant un moment, je laisse mes pensées vagabonder dans les méandres de ma propre histoire, dans les abysses de ma propre douleur. Je me suis rapidement repris, conscient que rester enfermé dans mes démons ne mènerait à rien de bon. Je dois me concentrer sur Ludovica, sur son rétablissement, au moins pour cette nuit. C'est la seule qu'elle aura de moi. Je ne fais pas dans la sympathie, je ne peux pas supporter ça plus longtemps.

La nuit s'écoule lentement, empreinte de silence et de réflexions profondes. Je reste là, silencieux, gardien de sa tranquillité, prêt à la protéger si le besoin s'en fait sentir. Et dans l'obscurité de la pièce, je prie pour qu'elle trouve la force de se relever, de briser les chaînes qui emprisonnent, pour qu'elle puisse un jour retrouver la lumière, la paix qui lui sont dues.

Lumière qui ne m'est pas destinée.

Demain, quand elle se réveillera, je ne serai plus là. 

Le coeur des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant