Ce soir, la.
Je n'avais envie que d'une chose disparaître.
Disparaître de cette réalité qui devenait trop éprouvante.
La scène se répète sans cesse dans mon esprit, telle une boucle infernale.
Enchaînant insomnie sur insomnie depuis des jours.
La terreur est encore plus forte la nuit. Je suis plus vulnérable.
On l'est tous plus la nuit. Parce qu'on remue nos remords, nos traumatismes, nos erreurs.
Mon corps je ne le supporte plus.
La triste ironie réside dans le fait que, tandis que je ne supportais plus mon corps, lui aussi me tournait le dos, ne me supportant plus en retour.
Je mourrais silencieusement. Seule, vide et douloureuse.
Alors que je réfléchis sur le sens de ma vie qui ne semble plus m'appartenir. Quelqu'un sonne chez moi.
Une vague de peur me submerge instantanément. Mon cœur s'emballe.
J'ai peur. Peur de qui ça peut être. Peur de me retrouver dans une situation encore plus pénible que celle que j'ai vécu. Que tout se répète encore, comme si je ne les avais pas déjà assez répétées dans mon esprit chaque jour.
Je prend un pistolet qui se trouve dans un tiroir fermé par un code. Mon père et mon frère me l'ont donné comme une mesure de protection pour que je puisse me défendre si jamais je me retrouvais seule et en danger. . J'ai appris à m'en servir, m'exerçant à plusieurs reprises dans des stands de tir pour manier l'arme en toute sécurité, m'assurant de ne jamais appuyer sur la gâchette par accident, ce qui pourrait être tragique ainsi que de l'utiliser qu' en extrême urgence. Mais cela a au moins l'utilité de me rassurer.
Avec précaution, je descends les escaliers, la sonnette continuant de retentir, accentuant mon angoisse grandissante. Mon cerveau cherche à identifier toute menace potentielle.
Lorsque j'arrive près de la porte d'entrée, je jette un coup d'œil par le judas pour enfin apercevoir mon frère.
Un immense soulagement envahit mon corps, relâchant la tension qui me tiraillait.
J'ouvre la porte et la première réaction de mon frère fut de me demander avec inquiétude
- Ludovica, qu'est-ce que tu fais avec ce flingue ? me dit-il d'un ton interrogateur et affolé.
Son regard empreint de sollicitude me fit prendre conscience de la situation dans laquelle je me trouve. Je réalise que la peur avait pris le dessus sur moi, m'amenant à réagir de manière excessive. Mais il ne sait pas tout, ce qui fait qu'il est difficile aussi pour lui de comprendre ma réaction excessive.
Je pose le pistolet sur une table à proximité de l'entrée, laissant échapper un soupir de soulagement supplémentaire, cette fois-ci devenu authentique grâce à la présence rassurante de mon frère.
J'explique, d'une voix un peu tremblante :
- Je... Je me sentais vulnérable et effrayée, j'ai imaginé le pire lorsque j'ai entendu la sonnette. C'est juste que ces derniers temps, tout est devenu si difficile à gérer.
Owen me regarde avec une grande tristesse, ses yeux humides exprimant sa profonde inquiétude. Il semble sur le point de pleurer, ce qui contraste avec notre nature habituellement réservée en matière d'émotions. Mais cette fois-ci, sa douceur et son attention à mon égard m'émeut.
Je lui fais signe d'entrer, et lorsqu'il passe la porte, il me prend dans ses bras. Son étreinte est réconfortante, et je me laisse aller, laissant le poids qui pese sur mes épaules diminuer, ne serait-ce que pour quelques instants.
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Le coeur des ombres
RomanceLudovica, une jeune femme tourmentée par son passé, rejoint son frère Owen à l'université. Tous deux sont les enfants d'un puissant directeur d'un grand groupe pharmaceutique, mais Owen se livre à la fabrication et à la distribution de drogue, grâce...