Chapitre 10

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J'arrive en trombe, franchissant la porte d'entrée avec détermination. Cette fois, il n'y a aucune place pour l'hésitation qui a pu me ronger par le passé. Le parfum familier de l'encens flotte dans l'air, mêlé à une musique entraînante qui se répand dans le salon. Mes yeux balayent la pièce, s'arrêtant sur une silhouette élancée en train de se dandiner.

Elle remarque ma présence et d'un geste, elle réduit le volume de la musique d'ambiance, et lorsque ses yeux se posent sur moi, je découvre le visage de Adeline, la mère d'Holly. Les pièces du puzzle commencent à s'assembler dans mon esprit. Alors, tout est vrai.

« May ? Mon Dieu, comme je suis heureuse de te revoir ! » s'exclame-t-elle avec une excitation débordante, se précipitant vers moi, ses bras grands ouverts. Je recule instinctivement, fronçant les sourcils devant cette soudaine familiarité déplacée. « C'est quoi ce bordel ? » lâché-je, cherchant des réponses.

Un silence pesant s'installe avant que la porte ne s'ouvre brusquement, laissant apparaître mon père. Sa présence imposante remplit la pièce, mais son regard ne croise pas le mien. « May », murmure-t-il calmement en passant à côté de moi, sans esquisser le moindre sourire. Comme s'il suivait un script préétabli, il s'approche de Adeline et l'embrasse froidement. Je me sens soudainement seule, isolée face à cette famille qui se reforme sous mes yeux.

Soudain, une voix résonne du haut des escaliers, brisant le silence tendu qui s'était installé. « Qu'est-ce qu'il se passe ici ? » Mon frère descend les marches avec assurance, se plaçant aux côtés de notre père.

Ils se dressent tous les deux devant moi, alignés comme une force unie, et je me retrouve face à cette confrontation inattendue. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » demande mon père d'une voix calme presque déconcertant. Je ne peux m'empêcher de laisser échapper un sourire sarcastique, teinté d'amertume. « Moi aussi, je suis contente de te voir, papa », déclare-je d'une voix chargée d'ironie. « Pourquoi m'as-tu demandé de venir, Aaron ? Tu voulais encore me frapper ? » Ma voix tremble légèrement, chargée de colère. La tête de mon père se tourne lentement vers Aaron, qui fait mine de ne rien remarquer.

Mon père saisit la main d'Adeline, et pousse un soupir. « Adeline et moi allons-nous marier », annonce-t-il avec une tranquillité déconcertante compte tenu de l'ampleur de cette nouvelle. Je ne peux retenir un rire désabusé, mais mon père change subitement d'expression.

Je cesse de rire en voyant son regard se durcir, puis je porte mes yeux sur Aaron, qui baisse instantanément la tête. Ce n'est pas possible. « Non, ce n'est qu'une blague, n'est-ce pas ? » Leur silence m'informe que non, ce n'est en aucun cas une plaisanterie.

Je m'approche de mon père, le fixant avec intensité. Je m'approche de mon père, le fixant avec intensité. « Depuis quand ? » ma voix se fait tranchante. Adeline prend la parole d'une voix timide, tentant de se justifie mais je la coupe net, ne supportant pas sa présence. « Je ne crois pas t'avoir adressé la parole », je crache, refusant de lui accorder une once d'attention.

Adeline prise dans cet étau familial, baisse la tête, essayant de se fondre dans les meubles. « Ne commence pas, May », réplique mon père en pointant son doigt vers moi, dans une tentative pathétique de m'intimider. « Tout le monde ici est au courant. Et tu ne trouves pas ça bizarre que ta propre fille soit la seule à ne pas être au courant ? Et maman ? » crié-je, cherchant des réponses désespérément.

L'idée que ma mère puisse être d'accord avec cette situation me révolte. Elle, qui a été brisée hier soir alors qu'elle me racontait son histoire, comment peut-elle soutenir cela ? « Ta mère est heureuse pour nous », répond mon père d'une voix calme, ce qui ne fait qu'accentuer ma colère grandissante.

R you mine ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant