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PDV ALMA

Du salon, l'odeur alléchante d'une préparation sucrée me vient au nez, réveillant mes papilles. À moitié endormie sur le canapé, je trouve du courage pour me lever et rejoindre Ving au fourneau depuis un petit moment. Plus je me rapproche de la cuisine, plus l'odeur sucrée de fruit, de gâteau et autres gourmandises me donne l'eau à la bouche.

Discrètement, je me faufile dans la pièce, les divers plats garnis de plusieurs choses sont posés sur le comptoir. Mon doigt pointe les divers aliments hésitants sur lesquels je vais piquer.

-Alma ! Ce n'est pas pour maintenant. Dit le cuistot les bras croisés devant moi.

Il a été très discret parce que je ne l'ai pas entendu arriver vers moi. Ma tête se lève vers lui avec un large sourire montrant toutes mes dents. Je le supplie du regard pour au moins prendre une fraise qui me crie de la manger dans l'assiette devant moi. On dirait une gamine ce n'est pas possible.

-On attend Meïa. Ajoute-t-il.

Mon sourire s'efface soudainement, je me redresse, l'homme en face de moi lève les yeux au ciel. Il est vrai que j'avais demandé à mon chauffeur d'aller la chercher pour la fin de matinée. Cependant, la situation m'agace, si on l'accueille avec toute cette nourriture, on perd notre crédibilité de mafieux dangereux. Je n'ai pas envie qu'elle voit cette facette de nous, qu'elle en profite.

Elle risque d'y prendre goût, mon but n'étant pas de l'amener définitivement dans cette industrie suicidaire. Qu'on se le dise, si tu tiens à la vie, entrer dans la mafia n'est pas la meilleure des choses à faire.

Puis, je refuse que mes employés s'attachent à cette femme qui n'est là que temporairement ou bien l'inverse. Surtout l'inverse, ça me donne des frissons rien que d'y penser. Avec le temps, je les connais, ils s'attacheront à Meïa même si c'est une policière qui veut nous voir croupir dans une prison miteuse. Ils s'attacheront simplement, car elle va vivre et voir des choses qui ne seront pas toujours belles, elle trouvera un léger réconfort auprès d'eux.

Donc, si à chaque fois un buffet l'attend dès qu'elle met les pieds dans cette maison, à part aggraver et accélérer les choses, je n'en vois pas l'intérêt.

-Je ne crois pas t'avoir dit de l'accueillir comme une star d'Hollywood.

Ving lâche un soupir qui en dit long sur l'échange qu'on va avoir. S'il croit que je vais céder parce que c'est lui qui cuisine, il se met un doigt dans l'œil. Je doute que Meïa change sa vision des choses avec trois fraises et deux pancake.

-Elle est tétanisée, c'est pour la rassurer et lui montrer que nous ne sommes pas des monstres.

Mes yeux s'ouvrent bien grand, parfois, je me demande sur quelle planète il vit, mais sûrement pas sur la même que moi. Même si ce n'était pas le cas, la policière associe le mot mafia avec le mot monstre.

-J'en ai rien à foutre qu'elle soit terrifiée. Puis, nous sommes des monstres, Ving.

Ses bras se crispent, j'ai touché à un point sensible. Il déteste penser et dire que nous sommes un groupe de gens horrible qui mérite de crever. Certes, nous ne sommes pas les pires monstres de cette industrie, nous avons toujours nos valeurs et respect envers certains. Jamais, un de mes hommes violera ou frappera une femme, de même avec les enfants. Bien que nous agissions avec respect à leur égard, ça n'efface pas le sang que nous avons tous sur les mains. Encore hier, j'ai tué un de mes employés sans pitié, il avait encore sa mère qui est peut-être malade, ou seule. Je ne sais pas pourquoi je pense à ça maintenant, je m'en fou complet.

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