Chapitre 7

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Un vent frais s'immisçait à l'intérieur de la cape de Gabrielle pendant qu'elle s'enfonçait pas à pas dans l'épaisse forêt noire qui servait de frontière entre la cabane de Cornélia et Astarès. Ici ne résonnaient pas les hululements des hiboux, mais si on tendait bien l'oreille, on pouvait entendre les battements d'ailes des chauves-souris. Un mois entier s'était écoulé depuis son arrivée à Turéis. Ses plaies aux doigts avaient été remplacés par des bleus et des blessures aux genoux et aux coudes à force de tomber pendant ses entraînements. Cyrius voulait s'assurer qu'elle sache à peu près se battre avant qu'elle ne franchisse la frontière de la forêt.

Contre sa hanche se frottait l'étui de sa première arme : une dague. Elle était simple, un pommeau en cuir et une lame droite, mais c'était suffisant pour l'instant. Ce soir, elle allait devoir faire ses preuves. De toutes les personnes qu'elle devait convaincre, les astariens étaient les plus importants. Leur cheffe, Amina Zaria, était une femme que Gabrielle respectait avant même de l'avoir rencontré. À la mort d'Estréide, Amina avait prit la décision de former une armée, pour reprendre les terres qui lui revenaient de droit, du jamais vu. Jamais dans l'histoire d'Asklarius, une femme n'avait prit la décision de former une armée, encore moins pour reconquérir des terres. Pendant plus de vingt ans, elle avait entraîné chaque homme et chaque femme qui était y était apte. Pendant plus de vingt ans, elle avait formé des guerriers, attendant le moment propice.

Après avoir passé la forêt, le groupe traversa une rivière dont l'eau paraissait aussi noire et visqueuse que du pétrole. Jane, qui menait le groupe, était aussi anxieuse que Gabrielle. Elle savait que les astariens ne lui feraient pas de cadeau, et que sa protégée allait devoir assurer n'importe quelle épreuve Amina lui soumettrait. Sous ses manches, ses doigts s'agitaient, se tordaient dans tous les sens et ses lèvres étaient un vrai champ de bataille, recouvertes de plaies.

Derrière elle, Cornélia essayait de passer le temps en se rappelant les moments où elle avait regardé Gabrielle s'entraîner. Chacun de ses gestes lui revenaient en mémoire, du simple parage de coup au re-coiffage de cheveux. Mais ses moments préférée étaient pendant la pause, quand Gabrielle se précipitait dans la cuisine pour lui parler en prétendant être là pour manger quelque chose. Si personne ne les arrêtait, leurs conversations pouvaient durer des heures entières, à parler du monde de Gabrielle qui passionnait tellement Cornélia. Étonnamment, depuis qu'elle était arrivée, cette sensation de colère permanente c'était estompée, apaisée.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à Astarès, un village de natifs qui s'étendait sur toute la partie sud-Est de l'île. Les habitations étaient de simples maisons de bois, éclairées par des lanternes rouge sang. Une odeur de poisson grillé flottait dans l'air, et au fur et à mesure que le groupe approchait du centre, il pouvait entendre de la musique des rires. Mais tout d'un coup, le village devient silencieux, on éteignit toutes les lanternes et les enfants rentrèrent chez eux. On entendait désormais que des chuchotements étranglés d'inquiétudes. Cyrius,Gabrielle, Cornélia et Jane se stoppèrent, chacun une main sur leur arme, tendant l'oreille, essayant de distinguer quelque chose dans la pénombre. Mais en une fraction de seconde, une main attrapa les cheveux de Gabrielle, pendant qu'une autre la menaçait avec la pointe d'une dague posée sur ses côtes. On lui ligotât les poignets et les chevilles, alors que d'autres cernaient les trois étrangers restants.

Gabrielle fixait la Lune, se laissant faire, sachant très bien qu'ils ne la tueraient pas. Ils voulaient seulement la tester. Totalement immobilisée, elle sentait des mains parcourir son corps, lui enlevant sa cape, ses bottes et son corset. Elle fut assise sur une chaise et entendit le bruit d'une paire de ciseaux lui coupant une mèche de cheveux. Au bout de quelques secondes à se faire manipuler dans tous les sens, une torche s'alluma, révélant une femme assise juste en face d'elle. Elle sut directement que c'était Amina, car elle avait quelque chose dans le regard qui inspirait le respect. Son visage était recouvert de tatouages, son crâne décoré de cicatrices blanches formait des dessins dont elle ne comprenait pas le sens.

Gloire et BrasierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant