Chapitre 11

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En seulement quelques secondes, tous les clients sortirent leurs armes de leurs fourreaux. Il n'y avait pas de véritable armée à Asklarius, car les îles étaient trop petites pour batailler puérilement, mais on pouvait être sûre que tout habitant avait au moins une petite lame planquée dans le repli d'une jupe ou un couteau caché par le pan d'une veste. Le monde se stoppa, le silence se fit, Cornélia attendant la réaction de l'agressé, laissant monter la tentation. Il se frotta la joue, encore sous le choc.
- Tu as peut-être oublié mon visage, mais moi je me rappelle très bien du tien. Laisse-moi te raviver la mémoire.
Cornélia releva rapidement sa chemise, montrant sa cicatrice.
- Vous m'avez laissé pour morte, nue et couverte de plaies sur une table, après m'avoir déplumé comme un vulgaire poulet. Dommage pour vous, j'ai survécu.
Liam, celui qu'elle avait frappé, eu un rictus sadique, pas le moins impressionné du monde par cette petite brune qui venait sans doute de se briser la main contre sa mâchoire. Gabrielle, qui revenait peu à peu à la réalité, réalisa que Cornélia venait de tous les mettre dans une merde noire. Alors d'un mouvement discret, elle se saisit du couteau et le cacha derrière son dos.
Liam se retourna vers cette jolie rousse complètement bourrée et couverte de sang, et l'attrapa par la taille d'une main, se disant qu'il bourrait très bien l'assommer et l'amener sur son bateau pour s'amuser un peu. Et avec l'autre main, il prit une petite fiole dans sa poche, et s'apprêta à la déboucher, mais il n'en eu pas le temps. Le son d'une lame s'enfonçant dans un crâne se fit entendre, suivie du corps de Liam tombant à terre, un couteau de vingt centimètres de long dans l'œil. Tout le monde en resta stupéfait, les yeux écarquillés.
- Tout le monde dehors ! Ça part beaucoup trop loin ! Cria Lilith, la jeune serveuse, dont la frange recouvrait presque ses prunelles aussi vertes que des feuilles.
Mais aussitôt sa phrase finie, Olvar, le premier homme, celui à la garde d'épée sertie de pierres précieuses, la saisit par les cheveux et l'égorgea si profondément qu'il faillit la décapiter.
- Il faut laisser les grands jouer maintenant, dit-il entre ses dents, fonçant dans la direction de Cornélia.
Et dans cette auberge qui sentait maintenant le sang et la bière qu'on avait renversée, se déroula leur combat. Olvar était fort et massif, Cornélia rapide et agile. Sautant à travers la pièce, elle épuisait peu à peu son adversaire, mais il ne restait pas longtemps avant que sa cicatrice ne la fasse trop souffrir et qu'elle doive compter sur le peu de force qu'elle avait.
De son côté, Cyrius s'occupait de Nethyn, le rouant rageusement de coups, ne lui laissant même pas le temps de respirer. Il ne pouvait pas venger ses parents pour l'instant, mais il pouvait venger sa seule amie.
Jane quant à elle, avait fait sortir les autres clients de l'auberge et avait déplacé le corps de Lilith, comptant l'enterrer respectueusement plus tard.
Munie de fil et d'une aiguille, elle se chargeait de recoudre un client blessé à l'épaule par accident.
- Vous aimez bien me soigner on dirait, et causer des bagarres aussi, pas vrai Jane ?
Surprise par le fait qu'il connaisse son nom, elle enfonça trop l'aiguille et le fit sursauter de douleur.
- S'est-on déjà vu monsieur ?
- Fried Sirthaal, votre amie m'a sauvé la vie à Astarès pas plus tard qu'hier.
- Et c'est vous qui vous êtes échappé comme un voleur sans un merci pour votre sauveuse ?
- Disons que j'ai plutôt été déplacé à la manière d'un sac de riz. Alors quand on m'a rendu ma liberté, j'ai voulu faire un tour ici avant de rejoindre ma famille.
- Et bien vous savez vous fourrer dans de sales situations monsieur Sirthaal. Mais vous êtes bien plus charmant quand du pus arrête de couler de vos tendons.
- Oui cela réduisait un peu mon capital physique.
Les deux rièrent un peu, essayant d'ignorer le son des coups provenant de l'intérieur.
- J'espère que vous serez toujours là quand nous reviendrons, vous pourriez être un précieux allié.
- Je l'espère aussi, vous pourriez m'être utile si je me blesse encore.
Les deux échangèrent un sourire, puis Jane se remit au travail, se concentrant le plus possible pour ne pas lui faire mal.

Gloire et BrasierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant