Chapitre 2

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Gabrielle se réveilla trempée de sueur et assaillie d'un intense mal de crâne. Derrière elle, elle entendait des voix chuchoter. Mais ses yeux étaient lourds et elle était trop fatiguée pour prêter attention à ce qu'elles disaient. Elle se laissa alors glisser dans les bras de Morphée.

- Il va falloir que tu lui adresses la parole à un moment ou un autre. Tu es celle de qui elle deviendra le plus proche, c'est prévisible et évident. Ma sœur n'est pas bavarde la plupart du temps et moi je fais peur aux étrangers.
- Étrange puisque tu es toi-même un étranger. Dois-je te rappeler que tu viens de Markhab Cyrius Magellan ?

- Non merci ça ira Cornélia.

- Enlève tes pieds, on mange sur cette table, je te signale. Je vais voir si elle est réveillée.

Cornélia se leva et vint s'asseoir en face de Gabrielle. Sa boule au ventre était toujours là, même si elle dormait. Elle posa une main sur son front pour vérifier sa température ; Gabrielle était brûlante. Mais elle savait que sa fièvre baisserai, Méra l'avait prédit. Il fallait tout de même un peu de challenge à changer de monde. Cornélia se replaça sur son fauteuil, et s'endormit.

Pendant ce temps, Cyrius rejoignit sa sœur dans la bibliothèque, une assiette de sucreries à la main. Plongée dans son livre, elle sursauta quand elle sentit la main de son frère se poser sur son épaule.

- Qu'est-ce que tu lis cette fois ? Lui demanda Cyrius

- Un livre sur les habitants de Pixidys et sur comment ils se servent des plantes, répondit Jane.

- Passionnant. Tiens je t'ai fait des petites douceurs. Ton cerveau à besoin de nourriture pour continuer à retenir tout ce que tu lis.

- Non merci j'ai pas faim, dit-elle la gorge serrée.

Cyrius posa sa main sur le menton de Jane et la forcer à le regarder.

- Jane Magellan, fille de Cassius et Octavia Magellan, tu es magnifique en tous points. Et si tu doutes de ton physique, ce que tu ne devrais même pas faire mais bref, rappelle-toi que tu es une petit génie, et qu'un jour tu dessineras les plus belles villes de ce monde.

Elle esquissa un sourire et posa sa tête contre l'épaule de son frère. Et de son autre main, elle prit un bonbon et le mangea.

Lorsque Gabrielle ouvrit les yeux, elle vit la fille brune qui était venue la chercher. Son coude, posé sur l'accoudoir de son fauteuil, soutenait sa tête. Elle dormait d'un sommeil léger, mais elle dormait. C'était suffisant pour que Gabrielle pense immédiatement à s'échapper. Malgré toute cette histoire de portail, ses ravisseurs ne lui inspiraient toujours pas confiance.
Elle scruta la pièce des yeux et vit une porte à sa gauche. « C'est maintenant ou jamais » se dit-elle. Elle se leva et marcha à pas de loup jusqu'à la porte, leva sa main vers la poignée, prête à s'enfuir loin, très loin d'ici. Cyrius, assis sur une chaise, un verre de rhum à la main, avait parfaitement vu sa

prisonnière se réveiller et tenter de partir aussitôt ses muscles opérationnels. Il s'était lentement levé, et s'était placé juste derrière elle. Et juste avant qu'elle n'ouvre la porte, il avait lâché son verre, le laissant se briser contre la pierre.

Le vacarme du verre s'écrasant contre le sol réveilla Cornélia qui sortit immédiatement sa dague de son fourreau avant même d'ouvrir les yeux. Mais il était trop tard, Gabrielle avait déjà ouvert la porte et s'était enfuie, courant jusqu'à sentir le goût métallique du sang dans sa bouche. Devant elle, une forêt dense et noire s'étendait à perte de vue. Derrière elle, des bruits de sabots qui la galopant jusqu'à frôler ses talons. Il fallait quelle court plus vite, beaucoup plus vite, mais ses jambes ne pouvaient pas suivre et elle trébucha sur une racine. Gabrielle tomba de tout son long et sa tête se cogna contre un rocher, ce qui la fit perdre connaissance. Cornélia s'arrêta, descendit de son cheval et attacha les mains et les pieds de Gabrielle avant de la mettre sur son cheval.

- Tu aurais dû verrouiller la porte, dit-elle à Cyrius en rentrant dans la cabane.

- Tu aurais du lui inspirer confiance ! rétorqua-t-il

- Tu n'as aucune idée de ce que je ressens ! Tu ne sais pas ce que ça fait d'être devant quelqu'un semblable trait pour trait à l'amour de ta vie et pourtant savoir que ce n'est pas la même personne !

- Si c'était vraiment l'amour de ta vie, tu aurais fait autre chose que de l'ignorer pendant toutes ces années ! Laisse-moi te rappeler quelle aussi avait des sentiments pour toi et te les a montré ! Et toi qu'est-ce que tu as fait ? Tu l'as rejeté, encore et encore jusqu'à ce qu'elle meure ! C'est à cause de toi qu'elle est morte !

Les deux amis écumaient de colère et se seraient entretués s'ils avaient pu. Mais Jane arriva au bon moment et saisit son frère par l'oreille pour le forcer à s'asseoir.

- Est ce que vous vous rendez compte que vous balancer des obscénités devant elle ne fera qu'empirer la situation ? Tout ce dont elle a besoin maintenant, c'est de personnes qui lui inspirent confiance. Elle ne nous connaît pas et pour rétablir la vérité, nous ne la connaissons pas non plus. Allez dans vos chambres maintenant. Vous pourrez en sortir pour le dîner.

Jane avait toujours été la seule personne capable de calmer son frère, en grande partie car il n'écoutait qu'elle. Et elle savait que si elle réussissait à calmer Cyrius, alors Cornélia se calmerait d'elle-même.


Gloire et BrasierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant