"Tout ce que je voulais, c'était être l'égale de ma mère"
Charlotte n'a qu'une ambition : devenir une grande gymnaste. Comme sa mère. Alors quand l'occasion se présente, elle n'hésite pas une seule seconde. Pourtant elle n'imagine pas le nombre d'ob...
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« But there is a light, In the dark and I feel its warmth »
Waves – Dean Lewis
— Encore toi ?! je m'exclame.
Quand j'arrive dans la salle de mon kinésithérapeute, je retrouve la même fille qui m'est rentrée dedans la dernière fois. Ses longs cheveux roux sont réunis dans une queue de cheval mais je reconnais tout de suite les mêmes yeux de merlan frit avec lesquelles elle me dévisageait.
— Oh c'est pas vrai... elle marmonne.
— Ezra, voici ma nièce, Charlotte, m'informe mon kiné.
Sa nièce ?!
Quel dieu a décidé d'abattre sa colère sur moi aujourd'hui ? D'abord un entraînement pourri, puis je tombe sur elle dans les douches et maintenant ici ? C'est clairement l'endroit le plus improbable où je pouvais la trouver mais il faut qu'elle soit la nièce de mon thérapeute. Je grogne et m'approche du banc d'exercice sur lequel je me transfère. La dénommée Charlotte s'approche pour me proposer son aide mais je m'y oppose.
— Je suis autonome, j'ai pas besoin d'aide.
Elle fait une moue puis recule d'un pas, me regardant faire. J'ai une paraplégie qu'on qualifie d'incomplète : je ne marcherais plus jamais mais je garde quelque sensations, faibles et pas forcément des plus agréables au quotidien. Ce sont les contractures qui m'handicapent le plus tellement elles peuvent être douloureuses. Autrement, j'ai appris à être autonome et vivre avec mon handicap. En fait, il y a peu de choses que je ne peux pas faire.
— Vous vous connaissez ? demande mon kiné en s'asseyant en face de moi
— Non.
— Oui, je réponds en même temps qu'elle.
Elle me jette un regard noir, me faisant sourire en coin. Mon kinésithérapeute ricane dans sa barbe pendant qu'il commence à m'examiner. Charlotte se tient juste à côté de son oncle et porte une blouse blanche trop grande et qu'elle réajuste à plusieurs reprises.
— Alors quoi, vous avez couché ensemble et ça s'est mal passé ? demande-t-il.
— Mon dieu, oncle Derek, non ! Je t'interdis de parler de vie sexuelle avec moi. Surtout devant lui !
Nous rougissons tous les deux. Le sexe est un sujet plutôt tabou pour moi. À vingt-deux ans, ma dernière fois remonte à il y a trois ans. Ce n'est pas l'envie qui manque pourtant, la simple mention que j'ai pu coucher avec sa nièce réveille le peu de sensibilité qu'il me reste en-dessous de la taille. C'est juste que mon fauteuil peut s'avérer être un vrai tue-l'amour. Gêné, je détourne la conversation :
— Elle m'a renversé dans un couloir de la fac.
Charlotte relève aussitôt la tête, outrée. Ses joues sont toujours aussi rouges mais je ne sais pas si c'est de gêne ou bien de colère. Son oncle passe une main dans sa barbe brune et la dévisage, perplexe.
