9: Mille-et-une secondes

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Allongé sur son lit, il senti soudainement une énorme pression au centre de son coeur qui le réanima. Sans même comprendre pourquoi et de façon mécanique, il se dirigea vers son sac et le remplissa de tout les éléments nécessaires à l'application du plan qui lui était soufflé chaque nuit depuis des mois. Un plan irrationnel et probablement puéril car ce n'était pas un plan nouveau ou récent. Ce n'était qu'un "rêve d'enfant".

Malice n'était rien d'autre qu'une jolie jeune fille ordinaire au regard prévenant, se répétait-il sans jamais parvenir à y croire. Ce qu'il avait ressenti ce jour là, ce sentiment: tout cela n'avait rien d'ordinaire.

Il se précipita et à peine referma-t-il son sac qu'il entendit des hommes discuter avec sa mère dont il entendait les reniflements dans le salon. Le visage neutre, il se pencha vers la serrure et aperçu à travers celle-ci un tissu presque fluorescent. Il resta dans cette même position dix secondes de plus avant de pouvoir reconnaitre ces blouses d'infirmiers qu'il avait déja vu auparavant. Il se redressa restant statique, jusqu'à ce qu'il puisse reconnaitre du coin de l'oeil droit ses souliers qui l'attendait sagement dans le coin de sa chambre.

Après toutes ces années, ce jour avait fini par arriver. Il s'imaginait plus iraisonné et euphorique lorsque ce jour viendrait, mais il était là, froid et insensible. Il ne se précipitait pas comme il aurait était normal de le faire. Il pris du temps pour savourer les petites secondes d'adrénaline et de réflexion qu'il lui restait avant le début. Il lui avait fallu peu de temps avant de comprendre et il laissa ses émotions (qui s'étaient dissipées) revenir une à une. Il avait entendu la chaise grincer contre le sol et attendait le second pas de sa mère vers sa chambre. Il lui restait fort peu de temps. Elle se précipita alors que lui pris le temps de resserer ses lacets une troisieme fois afin d'être sûr de ne pas perdre de temps en route. Il compta jusqu'à dix, enfila son sweat à capuche noir et son pantalon à coupe droite. Il souriait ironiquement et se glissa silencieusement par la fenêtre.

Sa mère ne frappa pas à la porte.

Elle l'ouvra d'un coup sec et eu l'honneur d'admirer pour la première fois, la brillance de son fils qui s'était échappé par la fenêtre de sa chambre quelques minutes auparavant. Sa mère n'afficha même pas une réaction, elle resta figée montrant son manque d'intérêt.

Il ne se préocupait plus de ce qu'il adviendrait ni même de la fin de cette histoire. Il courait en riant comme il en avait rêvé toute sa vie.

Amed avait estimé la distance que Malice avait dû parcourir jusqu'à son jardin et avait réussi à retrouver aproximativement le lieu de son domicile.

Il avait longé l'allée de la maison d'une vieille dame jusqu'à atteindre un regroupements de jardins, sans même se douter que celle de sa moitié se trouvait dans la maison sur sa gauche.

Il repéra une unique balançoire placée devant une clôture qui cachait un cabanon. Il s'installa à l'abri dans cet endroit, n'attirant aucune attention tout en étant positionné en face de la fenêtre de sa chambre.
Pardon..De LA chambre.

La décoration de la chambre du dessus lui semblait cohérente par rapport à ce qu'il avait imaginé. Le voilà, guidé par son intuition de A à Z, à son point de départ. Il voulait s'amuser en sa compagnie, en apprendre plus et profiter avant la fin.

La réalité serait-elle l'accomplissement de son rêve improbable ou le fruit d'une enième déception ?

Qu'avait-il à perdre ?

Mais comment allait-il la convaincre de le suivre ? Comment allait-il réussir à lui expliquer ? Et si elle refusait, se mettait à crier ou si elle le rejetait ? Elle ne pouvait pas gâcher ses projets alors qu'il avait attendu le moment idéal pour resurgir.

Dormir sur une pelouse face aux étoiles ne le dérangeait en rien et il avait eu pas mal de temps durant le jour pour écrire et réfléchir.

Lorsque la nuit tomba, il s'impatientait d'un œil observateur de voir la lumière de cette chambre s'allumer et d'apercevoir enfin, une silhouette se déplacer dans la pièce. Il devait agir vite avant que sa mère ne le devance et ne signale sa disparition à la police qui commençait sûrement déja leurs recherches.

Au fond de lui, il n'avait pas envie de faire tout ça. Il n'était pas vraiment fou et encore moins mal intentionné. Il aurait aimé que les choses soient plus naturelles et se déroulent autrement mais quels autres choix lui restaient-il ?

Il l'aimait.

Il pensait à elle chaque jour et il ne connaissait même pas son nom. Il se ferait enfermé pendant une durée indéterminée alors qu'il allait vers ses dix-huit ans. Il ne pouvait pas rentrer chez lui car il avait perdu son emploi et il ne lui restait plus rien.

Il lui avait fallu peu de temps pour tout perdre et comment obtiendrait-il son diplôme si une telle rumeur s'ébruitait ?

Il savait que ce jour arriverait sans que plus rien ne le retienne mais il ne comptais pas partir sans avoir achevé cet objectif.

Cette vision qui lui avait permis de tenir et qui l'avait obsédé toute son adolescence. Il regardait les ombres se déplacer dans la pièce tout en sachant d'où ou plutôt de qui elles provenaient.

Il s'endorma en regardant discretement cette chambre illuminée attendant impatiemment d'appliquer ce qu'il avait prévu pour le lendemain.

MALICEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant