Chapitre 5 : Dessine-moi

67 8 7
                                    

Jeudi 9 février, vingt et une heure, Louis

Je m'écroulai dans mon canapé, allumant machinalement la télévision quand j'entendis les infos locales racontées leurs ramassis de conneries toutes plus grosses que les précédentes. Cependant, quelque chose me fit ouvrir les yeux, me sortant de mon état de comas, instinctivement.

- L'ange déchu de notre calme petite ville de Irving, a encore frappé aujourd'hui. N'enlevant pas la vie à une mais bien deux femmes. Elles...

Je coupai le son, soufflant de ces putains de gratte-papiers. Ne se rendaient-ils pas compte qu'ils allaient plus l'énerver qu'autre chose ? deux meurtres, un biblique et un en l'honneur de l'hindouisme, et ils osaient le comparer à un démon. Ils ne comprenaient rien à rien, le tueur pensait œuvrer dans le sens des dieux, il ne se prenait pas pour la main armée de la mort. Lorsqu'il verrait ceci il répondrait. C'était évident que ses annotations et ses liens religieux étaient des messages divins. Ou du moins une mission divine.

Mais il était temps que je commence mes propres recherches. Je voulais le piéger, je voulais être ce héros qu'on acclamerait, qu'on honorerait, mais pour cela il fallait que la peur augmente, que les meurtres continuent, et il me fallait comprendre le message de mon tueur et ce que je venais faire dans son histoire.

Je tenais un rôle important dans son message, mais quel était-il ?

Je posais la lettre sur l'îlot central de ma cuisine et pris mon téléphone et un prospectus d'un traiteur chinois pour commander mon repas de ce soir. Je tapais le numéro pendant que je cherchais ce que je pourrais manger et ce qui me ferait envie pendant que j'allais travailler sur la lettre de mon tueur secret. Il ne fallait pas se mentir, il ne pouvait s'agir que de lui.

« Le restaurant est exceptionnellement en congé, nous nous excusons pour la gêne occasionnée ».

- Putain ! Manquait plus que ça !

Je regardais les autres cartes sur mon îlot, mais aucune ne me donnait envie à part le thaï, qui je le savais n'était disponible qu'à emporter et non en livraison. Par acquis de conscience, j'ouvris mon frigo, et étant donné que j'aurais presque pu y voir une réplique du désert, la chaleur en moins, je me fis à l'idée que j'allais devoir sortir et laisser cette lettre pour plus tard.

En enfilant ma paire de basquettes et un simple sweat shirt, j'attrapai mes clés et partit en direction du restaurant de mes rêves. Dix minutes de marche et je me trouvais devant.

Deux personnes attendaient avant moi, et je pourrais toucher du doigt mon poulet à la sauce aigre douce qui me faisait déjà saliver d'anticipation.

- Inspecteur Malaga, c'est bien cela ?

Je me tournais et vis derrière moi une jeune femme qui me disait vaguement quelque chose. Sa moue me montrait qu'elle attendait quelque chose de moi, une réponse, quoi qu'au vu de son regard appréciateur sur ma personne elle voulait peut-être plus. En y réfléchissant, il était vrai que cela faisait bien trop longtemps que je n'avais pas passé la nuit avec une fille. La dernière fois c'était avec Eléonore il y a de ça plusieurs semaines, un record d'abstinence pour moi. Un sourire charmant sur le visage, je commençai à flirter avec la jeune femme, qui sembla soudain bien contrarié.

- Vous ne me remettez pas, lieutenant ?

- Je suis désolé mademoiselle, normalement je n'oublie jamais un aussi beau visage mais je vous avoue qu'en ce moment je suis sur une enquête qui me prend un peu trop de temps.

- Je suis justement la personne qui vous a appelé ce matin pour votre enquête.

Elle ne rajouta rien, me devançant pour progresser dans la file menant à la caisse. Elle semblait profondément contrariée que je ne la remette pas. Pour ma défense sa simple vue ne déclenchait en moi, aucun tressaillement, aucune excitation. Elle n'était pas franchement bandante. Mais elle ferait l'affaire pour ce que j'avais en tête.

Arrache-moi les ailes (Editer)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant