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Le lendemain, fait très rare, je pars au lycée avec un sourire. Le bonheur que j'ai vécu cette nuit m'est resté dans le cœur. En revanche, je suis un peu fatiguée, mais bon, ça ira.

Je commence par un cours d'histoire-géo. C'est long, un peu ennuyant, mais ce n'est pas si terrible. C'est fou comment on peut voir les choses différemment selon notre état d'esprit !

Enfin, je suis quand même bien contente en sortant de l'école. Ce n'est pas seulement la surcharge de travail, qui me gêne, mais aussi les autres élèves. Aujourd'hui, par exemple, une fille m'a tellement énervée que je n'ai pas pu m'empêcher de lui répondre.

C'était dans les toilettes des filles. Elle, c'est le genre de fille populaire qui drague les mecs à coups de battement de faux-cils. Elle était en train de se tartiner les lèvres de gloss et elle discutait en même temps avec deux de ses amies. J'ai rien compris à leur conversation, mais ça donnait quelque chose comme :

-Oh la la, j'adooore ton nouveau fond de teint, tu l'as d'où ?

-Hi hi (rire stupide de pimbêche), je l'ai acheté hier à Sephoraaa !

Et là elle a sortit un truc du genre :

-Nan mais franchement je comprends pas les filles qui se maquillent pas, genre, Sephora c'est la vie !

Sachant qu'elle m'avait vue, puisque je me lavais les mains à coté, je me suis sentie un peu beaucoup visée (même si je me demande comment elle peut savoir que je n'ai jamais mis les pieds à Sephora). Je lui ait répliqué d'un ton aussi glacial que mes yeux :

-Alors tu as une conception très étrange de ce qu'est la vie, si selon toi c'est un magasin qui vend des produits qui servent à masquer ta beauté naturelle. Si tu ne comprends pas les filles qui ne se maquillent pas, moi, je ne comprends pas les filles qui se composent un faux visage et qui ensuite se pavanent sous des airs supérieurs. Tu te trouve belle, mais moi, je ne vois qu'une fille « parfaite » comme tant d'autres, une fille qui cache son vrai visage sous des couches de crèmes et de paillettes.

Et ensuite je suis sortie sous leurs airs mi-horrifiés, mi-abasourdis. Quand j'ai fermé la porte, je l'ai quand même entendue dire à ses amies choquées :

-Nan mais elle quand elle parle c'est toujours pour dire un truc méchant. Elle a vraiment un cœur de glace.

(NdA : Pardon pour la critique assez dure des personnes qui se maquillent, en vrai je les comprends très bien, mais Nathalie a un peu plus de mal à voir les choses autrement... Ne vous voyez pas personnellement attaqués)

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Niveau arrogance et fierté, j'en connais un autre qui bat les records. Au cours de patinage suivant, il a dépassé les limites.

Ce jeudi soir, on travaille les trois arrières en dedans. Pas du tout facile. Faudra que je m'y entraîne une nuit prochaine.

Bref, pendant ce temps, je n'arrive pas à avoir le « truc ». Je patine n'importe comment, et je dérape quand j'essaye de tourner. Soudain, Matteo arrive à coté dans un dérapage, maîtrisé, lui. Une fille du « groupe des forts » lui demande ce qu'il fait, et il répond qu'il en a marre de l'exercice qu'ils font et qu'il veut essayer ce que NOUS on fait. Il s'insère donc dans notre groupe et commence à faire notre exercice... qu'il réussit parfaitement, bien sur. Bras ballants, je le regarde en pestant intérieurement. Quand il revient à mon niveau (car nous tournons en cercle), il me sourit et je jurerais qu'il m'a même lancé un clin d'œil. Pour toute réponse, je le fusille du regard.

Je retente quelques essais infructueux, puis je me dégage du cercle pour ne pas gêner les autres. Jeanne s'occupe de groupe des débutants, donc je ne peux pas lui demander de l'aide. Alors j'observe les autres en essayant de comprendre. Matteo s'arrête à coté de moi.

-Ça va Nathalie ?

-Pourquoi ?

-Parce que j'avais l'impression que tu avais du mal avec cet exercice, tu veux que je t'aide ?

-Je peux me débrouiller toute seule, merci.

Il paraît étonné de mon ton cassant, et retourne dans le cercle sans rien dire. Du coup, je me sentirai presque coupable de l'avoir repoussé. Je dis bien « presque ». Et puis, qu'est ce qu'il croit ? Il ne peut pas patiner à ma place, donc je dois me débrouiller toute seule.

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Le soir, quand les lumières de la maison sont éteintes, je me ressasse cette scène. Jusqu'à en tirer une conclusion : je dois progresser. Et pour progresser, je dois encore travailler. Et pour cela, quoi de mieux qu'une nouvelle visite nocturne de la patinoire ?

Je retourne donc dans ce qui est devenu ma deuxième maison. Cette fois, plus confiante, je m'autorise à mettre de la musique avec mon téléphone. Ce ne sont pas les musiques qu'on entend en cours, car même si j'aime bien celles-ci, je préfère ne pas casser l'ambiance magique de la glace sous la nuit. Je choisis des musiques sans paroles, des orchestres de films, des douces et des entraînantes.

À nouveau, je prends l'ampleur de la patinoire pour moi seule, je peux exprimer ma créativité comme jamais. Et je travaille tant et si bien mes trois arrières, que quand je ressors vers 2 heures du matin, je maîtrise pleinement le mouvement.


Cœur de glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant