Esprit givré

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Une semaine plus tard, je repense à cela. Oui, je suis sûr qu'elle serait trop contente de retrouver son père, et j'aimerais tellement lui offrir ce « cadeau » !

En plus, cette histoire de divorce est, selon moi, une raison pour laquelle Nathalie ne peux pas m'aimer. Comment peut-on croire en l'amour après avoir vu ses parents se battre violemment ?

Bien sûr, je ne m'imagine pas que je vais réconcilier ses parents. Je voudrais juste qu'elle puisse voir son père !

... Et qu'elle retrouve foi en l'amour, accessoirement.

Mais je me demande pourquoi elle a dit qu'elle avait « perdu » le numéro de téléphone de son père. Un numéro, ça ne se perd pas. Il est enregistré sur ton téléphone, ou si tu le casse tu récupères le même numéro normalement. Que s'est-il donc passé ?

Et voila, mon âme de Sherlock Holmes reprend le dessus...

Et puis, qu'est ce qu'il disait, déjà ? Un truc comme « les affaires les plus compliquées en apparence sont les plus simples ».

C'est vrai, à chaque fois dans ces livres, tu te casses la tête à essayer de comprendre, et plus le livre avance, moins tu comprends. Et à la fin, bam ! Révélation ! Et là tu te dis « mais ouiiii bien sûr, c'était évident !! »

Bon, en vrai, ces affaires n'existent pas. Et mon « affaire » à moi, elle n'est pas compliquée. Elle est juste impossible à résoudre.

Sauf si... C'était si simple qu'on n'y aurait jamais pensé ?

Je sais que j'ai l'air débile, mais il faut que je vérifie. J'allume mon ordinateur et je tape sur le moteur de recherche « Pages Blanches » et je clique sur le site.

Je confonds toujours les pages Blanches et les Pages Jaunes, mais là c'était bien ce que je voulais : « Service de recherche pour les particuliers ».

Je tape « Marc Royer », dans Lyon. Eh oui, j'ai une mauvaise mémoire à l'école, quand il s'agit de retenir le nom des auteurs, mais retenir le nom et la ville du père de Nathalie, ça, c'est facile.

Le nom s'affiche. Marc Royer. Il n'y en n'a qu'un, et son numéro de téléphone est là, sous mes yeux.

Je n'y crois pas, c'est comme dans « La lettre volée » d'Edgar Poe ! C'est la chose la plus simple qui marche !

C'est à ce moment là que la sonnerie de l'alarme de mon téléphone se met à sonner. Mince, le cours de patinage !

Je file avec mon sac de sport. J'aurai voulu tenter de contacter tout de suite le père de Nathalie, mais je ne veux pas louper le cours.

Par contre, je ne dirai pas un mot de ma trouvaille à Nathalie. Je ne veux pas lui donner de faux espoirs.

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Je suis dans la patinoire en moins de deux. C'est dingue, j'ai l'impression que j'en sors juste, mais non, c'est juste que le temps passe vite.

Tant mieux, si je retrouve Nathalie en ayant l'impression de l'avoir juste quittée.

J'enfile mes patins et je monte sur la glace. Jeanne, comme si elle m'attendait, se met à parler :

-Est ce que ça vous a plu le patinage en binôme, la dernière fois ?

Je fais partie de ceux qui crient « oui ». Deux trois personnes seulement ne répondent pas. Dont Nathalie... Je soupire. Je suis sûr et certain qu'elle a adoré, elle n'est juste pas du genre à le crier.

Jeanne paraît contente de toute cette positivité.

-Bon super. Je vous ai fait faire ça pour voir comment vous vous débrouillez, et si ça vous plaisait. Apparemment, ça vous plaît ; et de ce que j'ai vu, vous vous débrouillez très bien. Bon, il y a encore quelques progrès à faire, mais passons. Comme vous le savez certainement, chaque année, le club de glace fait un gala. Je vous ai donc entraînés pour le patinage en binôme, car j'ai pensé à mettre une chorée avec des duos. Par contre, il faut d'abord que je sois sûre que vous allez tous participer. Normalement, vous recevrez bientôt un mail du club, et vous devrez vous inscrire, donc on travaillera ça mieux la prochaine fois.

-Super ! Je m'exclame.

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Je rentre chez moi tard, et j'en oublie complètement le père de Nathalie. Parce que le lendemain, je dois me lever tôt pour aller à l'école...

L'école, c'est pas quelque chose de fun, mais ça ne me dérange pas trop parce que j'y retrouve tout mes potes : Léo, Gabin et Sam sont mes meilleurs amis, mais je m'entends avec beaucoup de personnes.

Je ne leur ai pas parlé de Nathalie. Peut être parce que malgré ma confiance, je n'ose pas trop leur parler de ce genre de choses...

Je ne leur parle pas non plus souvent du patinage. C'est un autre monde, qu'ils ne connaissent pas tellement, alors je ne vois pas trop l'intérêt. Mais on a quand même plein de trucs en commun, et on s'éclate ensemble !

Mais ce jour là, Gabin vient me parler discrètement dans la cour :

-Matt... T'aurais pas un crush par hasard ?

Je sursaute.

-Comment tu as deviné ?!

Mon meilleur ami rigole, et je relâche la tension de mon corps. C'est bon, c'est pas parce que Gabin l'a deviné que ça signifie que c'est écrit sur mon visage. Enfin, j'espère.

-Je sais pas, je trouvais que tu avais l'air... ailleurs des fois, et puis il y a un truc qui changé, mais je ne saurai pas te dire quoi. Donc t'es vraiment en crush sur quelqu'un ?! Raconte !

Je soupire. Il va falloir que je leur raconte, à lui et à Léo et à Sam, sinon ce ne serait pas juste.

On va chercher nos amis, puis on retourne ensemble dans un coin discret de la cour du lycée, et je commence :

-Alors je l'ai rencontrée à mon cours de patinage artistique...