Chapitre 10: Le paradis et la maison normande

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Je fus de retour à Londres plus vite que prévus. J'ai insisté pour rester à la villa, mais les dieux s'y étaient formellement opposés. Je ne voulais pas qu'on me plaigne, que l'on me fragilise. Ce qui s'était passé était de ma faute. Je n'aurais pas dû baisser ma garde et lui faire confiance. Bella avait flairé la personne nocive qu'était Adonis et je ne l'avais pas écouté.

Theon était venu vivre à l'appartement durant trois jours pour être sûre que j'allais bien. Je rêvais encore de ses mains se balader sur mon corps alors que j'étais incapable de bouger. J'étais forte, je ne devais surtout pas y penser. Pourtant, quand quelqu'un avait le malheur de me toucher, je sursautais.

Logan était venu me voir la semaine d'après. Il s'était excusé de m'avoir laissée seul avec cet enfoiré. Que de me voir dans l'était dans lequel j'étais l'avais convaincu qu'il ne pourrait pas avoir une relation sérieuse avec moi. Mais quel rapport putain ?

- Tu comprends pourquoi nous ne pouvons pas être ensemble ? M'avait-il dit.

- Tu devrais t'en aller une bonne fois pour toutes. J'avais rétorqué.

- Tu dois m'oublier. Avait-il dit en prenant un ton plus grave.

J'ai alors compris qu'il tentait d'utiliser son pouvoir de persuasion et l'avait pris comme une trahison. Nous nous étions alors disputées violemment avant qu'il ne disparaisse de ma vie comme je le lui avais demandé.

Après m'être battue comme une forcenée, on me laissa enfin tranquille et reprendre ma vie, là où je l'avais laissé. Je n'ai pas réouvert la librairie et décidais de finir mes vacances tranquilles à la maison avec ma pompom.

Un jour, alors que je rentrais des courses, je sentis sa présence. Je l'ai toujours senti, la sienne et pas celle des autres.

- Je sais que tu es là.

- Cette chatte est une cafteuse. Bougonne Logan en sortant de l'ombre.

- Je croyais que tu voulais prendre tes distances. Je rétorque.

- Je ne suis pas venue pour parler de nous, Estelle.

- Alors je pense que l'on a rien à  se dire.

- Je suis ici, car tu es peut-être en danger.

- Alors emmène-moi en enfer, j'y serais en sécurité avec Theon et monsieur pas content.

- Non, je t'emmène à un étage au-dessus.

- J'ai autre chose à faire que de te suivre. J'ai une boutique à gérer. J'ai pamplemousse.

- Tu n'as pas le choix Estelle, même si en enfer, ils ont renforcé la sécurité, tu ne seras pas plus en sécurité que là-haut. Fais-moi confiance.

- Tu n'uses pas ton pouvoir de persuasion sur moi par hasard ?

- Non, sinon nous serions déjà parti. Siffle Logan.

- J'espère bien, une fois, mais pas deux.

- Je n'ai jamais...

- C'est bon ! Je viens ! Je le coupe.

Je pars dans ma chambre et reviens vingt minutes plus tard avec un sac de voyage.

- Je ne vois pas pourquoi je serais plus en sécurité là-haut sachant que David y vivait. Il doit y avoir encore pas mal de ses partisans.

- Tout comme il doit y en avoir en enfer. On est en sécurité nulle part. Mais si je dois te protéger, autant que ce soit chez moi. Dit-il en me prenant le bras.

J'attrape pamplemousse avant de disparaître avec le dieu. 

Quand on parle du Paradis ou de l'Olympe, on s'imagine de la verdure à perte de vue. Des arbres, des fleurs et des petits anges gambader dans la prairie. Ce n'était pas du tout ça.

Toutes les âmes finissaient aux enfers, séparés en plusieurs catégories et dans plusieurs endroits. Il y avait l'Eden (les Champs Elysées), le néant (le pré de L'asphodèle) où les âmes mènent une existence sans substance, le Bagne (Champs du châtiment) où sont châtiées les âmes fautives et le Tartare.

Au paradis, dit l'Olympe, les dieux y vivaient. Tous, sauf Natan, Theon, Lucas, Tobias et Émilie. Il y avait des anges, les soldats des dieux. Je ne les avais jamais vues auparavant. En enfer, les soldats étaient des démons. Nous nous approchions pas mal de la mythologie grecque. De très très près.

Logan m'emmena dans une maison que j'avais déjà vue lors de mes voyages en France. Elles étaient en pierres rouges, fleuris pour la plupart. Avec un jardin et un par terre de fleur.

- C'était la maison d'Émilie, avant qu'elle se marie avec Tobias. M'apprend Logan. Elle te laisse sa maison à condition que tu arroses ses fleurs tous les jours.

- Et toi ? Où tu vis ?

Il me montre une maison au style moderne en face de moi.

- Vous avez chacun une maison ? Je lui demande.

- Oui, les dieux ont des maisons. Les anges vivent un peu plus loin dans des pavillons plus petits. Le palais se trouve tout en haut de la montagne et Pedro réside à l'intérieur avec les cyclopes.

- Vous avez copié les humains ?

- Nous passons le plus clair de notre temps sur terre. Nous avons construit nos maisons selon l'époque à laquelle nous nous sentions le mieux ou le pays qui nous a le plus marqué. Pour Émilie, c'est la Normandie.

- Et toi ?

- Les Etats Unis.

Je hoche la tête, gênée. J'ai toujours voulu voyager aux Etats Unis. Logan le savait, car je lui en avais beaucoup parlé, quand nous étions proches.

- Je te laisse t'installer. 

Je me doutais bien qu'il ne resterait pas. Et puis je ne l'espérais pas forcément, pas après ce qu'il s'était passé la semaine dernière.

J'entre dans la petite longère qui sentait le jasmin. Pamplemousse saute de mes bras et parti explorer la maison. La décoration était vraiment belle, très rustique. Tous les meubles étaient en bois sculpté. Je traverse le petit couloir et émerge dans une cuisine qui me faisait penser à celle de ma tante. Le marbre était en carrelage saumon et la cuisine en bois.

Je sors par une porte gigantesque, toujours en bois et me retrouve dans un salon. Les fauteuils en cuir marron trônaient devant une grande cheminée en pierre. Il y avait une petite bibliothèque où se trouvaient pas mal de livre botanique et florale.

À ma gauche, il y avait un couloir avec quatre portes. L'une donnait sur des toilettes, une autre sur une salle d'eau avec une baignoire en marbre vert d'eau et une vasque de la même couleur. Puis deux chambres.

Je prends celle où le lit était à baldaquin. Il était beau et me faisait penser à celui que j'avais chez mon père. Je pose mes valises et me laisse tomber sur le lit en soupirant bruyamment. Pamplemousse saute sur le matelas et miaule en s'asseyant à côté de ma tête.

- Je sais, mais je ne ferais pas le premier pas.

Elle pose sa tête contre la mienne en roucoulant.

- Je ne suis pas prête. 

La protégée D'Apollon Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant