Chapitre 17: Alma ⚠️

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TW: Ce chapitre contient des mentions de suicide et de dépression. Si vous ou l'un de vos proches est concerné, contactez le Numéro National Souffrance et Prévention du suicide. Ecoute professionnelle et confidentielles 24/24h, 7j/7. 31 14


Même si une multitude de questions me passaient par la tête, je le laissais parler.

- Nous nous sommes rencontrées lors d'un marché où elle vendait des épices. Elle était magnifique. Cheveux noir corbeau, les yeux vert d'eau. Un sourire incroyable, je l'ai aimé dès le premier regard. Elle avait seize ans. C'était très jeune, mais je m'en fichais. Puis j'ai su qu'elle était déjà fiancée à un marchand, un mariage arrangé comme ça se faisait beaucoup à l'époque. Mais je ne pouvais pas m'empêcher d'y retourner. Je lui achetais des épices que je n'utilisais pas, je lui parlais et elle répondait poliment avec un grand sourire. Puis un jour, je lui ai dit qui j'étais. Elle croyait que j'étais le dieu Thot, dieu égyptien des sciences, de l'art et de la connaissance. C'était un des nombreux noms que l'on m'attribuait. Nous discutions de plus en plus souvent et sortions en cachette dans le dos de son père. Puis un jour, je l'ai convaincu de me suivre au paradis et de m'épouser. J'ai réussi à convaincre David à condition qu'elle reste humaine durant dix ans. Nous avons construit cette maison après notre lune de miel. Alma tomba très vite enceinte. J'ai supplié David de faire d'elle un être immortel, mais les dix ans ne s'étaient pas écoulés.

- Natan ne pouvait pas la rendre immortelle ? Et Tobias ?

- Non, David avait posé ses conditions. Quand c'est ainsi, aucun de nous ne peut intervenir. Alors Alma a dû supporter la grossesse d'un être divin. Elle souffrait beaucoup, j'ai tout fait pour la soulager. J'ai tenté de la rassurer, que ce n'était qu'une question de temps avant que notre fils n'arrive. Mais la douleur était trop forte. Elle a perdu notre enfant et a failli mourir avec lui. Cette perte nous a tellement affectées qu'Alma est tombée en dépression. Elle dépérissait jour après jour et je ne pouvais rien faire pour l'aider. Elle ne mangeait plus et ne parlait presque plus. Puis elle m'a haïe, elle disait que j'étais le seul fautif, que si je l'avais laissé épouser l'homme à qui elle était destinée, elle serait heureuse. Malgré la souffrance que ses paroles me procurait, je l'aimais encore comme un fou. Un jour, je me suis absenté pour tenter de plaider notre cause auprès de mon père. Il ne restait plus qu'un an avant qu'Alma soit enfin un être divin, mais il refusa. Je suis alors rentré à la maison, c'est là que je l'ai vu.

Il me montre le fauteuil au fond de la pièce.

- Elle s'était donné la mort. Les veines ouvertes, elle s'était vidé de son sang dans la chambre de notre défunt fils avec pour seul message '' ma vie m'étais insupportable".

- Logan, je suis désolée.

- C'était de ma faute, je n'aurais pas dû la convoiter. Elle avait raison, elle a toujours eu raison.

- Tu n'as pas à t'en vouloir, tu l'aimais. L'amour, ça ne se commande pas et la perte de quelqu'un peu tout changer.

Je pensais à mon père. Le premier homme de ma vie. Sa mort m'avait changé à tout jamais.

- Je ne me souvenais plus de son visage, jusqu'à ce que je t'en parle aujourd'hui. M'avoue Logan.

- Je suis désolée.

- Ne le sois pas.

Il me tend la main. Je la prends, la gorge serrée. Cette histoire me faisait mal au cœur. Il pleurait pour Alma, pour son fils et pour Logan. Cette histoire me bouleversait. Logan et moi avions perdu tout ce qui représentait notre vie. Nous étions tout les deux torturés, au final, nous n'étions pas si différents. Il me repoussait de peur de revivre ce même cauchemar et moi, je m'accrochais à lui de peur de perdre encore une fois un pilier de ma vie. Et si nous continuions comme ça, nous risquions de nous détruire.

Nous quittâmes le désert pour nous retrouver devant la petite maison normande. Logan me lâche la main, mon cœur se serre. Je me tourne vers lui, les larmes au bord des yeux.

- Je comprends pourquoi tu t'évertues à me repousser et moi pourquoi je m'accroche à toi. Maintenant, je sais. Nous devrions rester amis, pour notre bien à tous les deux.

Il hoche la tête, compréhensif. Il s'approche de moi et dépose un baiser sur mon front.

- Verrouille ta porte. Dit-il.

Je hoche la tête et rentre dans cette maison qui n'était pas la mienne. Une fois la porte verrouillée, je m'effondre.


Je ne le revis pas. Je sortais courir autour du village des dieux, tous les matins. La course à pied me faisait du bien et me vidait la tête. Parfois, je doutais de ma décision. Et d'autres fois, je me disais que j'avais fait le bon choix. Je passais mes après-midi dans le jardin à lire et m'occuper des fleurs d'Émilie. Je commençais à aimer cette maison et m'en occupais pour ne pas penser à lui.

Ce qu'il a vécu était terrible. Je repensais à Alma et la souffrance qu'elle a dû vivre après la perte de son bébé. Je n'arrive pas à m'imaginer ce que l'on peut ressentir face à la perte d'un enfant. Face à la perte de l'être que l'on aime le plus au monde. Puis je repense à mon père. Je n'étais pas retourné le voir depuis que j'étais ici. Il me manquait atrocement. Je ne m'étais pas préparé à perdre la seule personne qui me restait.

Nous étions tout le temps ensemble, même quand il allait voir ses amis au club de motard tous les week-ends. J'étais devenu leur petite princesse. Le jour de mon 15e anniversaire, ils s'étaient tous cotisé pour m'offrir ma première petite moto. J'étais aux anges, mais papa ne voulait pas que je monte tant que je n'avais pas passé mon permis. Quelques mois après, je le perdais dans un accident. J'étais en colère, je voulais retrouver l'homme qui conduisait ivre, l'assassin de mon père. Une colère qui m'a rongé durant toute mon adolescence pour se transformer en peine.

Papa me manquait énormément, je donnerais n'importe quoi pour le revoir, ne serais-ce que quelques heures.

Un matin, alors que je faisais ma petite course matinale, quelque chose me percuta. Je tombe à la renverse en hurlant de douleur. Je regarde autour de moi et tente de me relever en jurant entre mes lèvres serrées. Une douleur fulgurante me cloua au sol. Je rampe vers une maison et tente de me cacher dans un buisson.

Paniquée, je cherche des yeux ce qui aurait pu m'attaquer. Mais je ne vis rien. Je regarde ma jambe, elle commençait à doubler de volume. J'approche ma main du tissu de mon leggin puis hurle ne seconde fois. La douleur était insupportable.

- Putain de merde. Je grogne quand je vois un morceau d'os dépasser de mon genou.

Ma jambe était cassée. J'eus soudain des sueurs froides. La douleur était insupportable. Au bord de l'inconscience, je tente de rester éveillée en me donnant des petites claques. Puis une ombre passe devant moi. Je voyais trouble, ma main sur la bouche, je tente de ralentir mon souffle saccadé. Qui que ce soit, il ne fallait pas qu'il me tombe dessus.

Croyant être sauvée, je pousse un petit cri de douleur quand je tente de sortir de ma cachette. L'ombre inquiétante réapparut devant moi et me frappa au visage.

La protégée D'Apollon Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant