Chapitre 4

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Mon regard se portait sans arrêt vers mon portable, sans aucune raison particulière… ou bien si, il y en avait une. Et elle portait le nom de Karhon. J’ignorais ce que j’espérais. Il y avait deux jours, j’avais exigé qu’on prenne nos distances, mais il avait habilement contourné cette exigence, pour qu’on échange nos numéros. Se faisant, j’étais maintenant en attente d’un message de sa part, telle une adolescente en mal d’amour. Ce qui était ridicule. Cela l’était, parce qu’à cause de ça, je n’arrivais pas à me concentrer sur mon propre travail. Un travail où j’avais instauré un rythme, un dynamisme et une durée propre à mes capacités. À présent, je n’avais même pas fait la moitié de ce que je faisais habituellement. Je risquais sûrement de me prendre une belle remontrance pour ce manque de professionnalisme.

— Tu n’es pourtant plus une enfant, El’, marmonnai-je pour moi-même.

J’avais pris la serpillère entre mes mains prête à mettre ce dernier coup, afin de terminer ma journée, que j’aurais dû terminer depuis déjà une petite heure. Il n’était que 15h, mais étant donné que nous étions mercredi, je finissais habituellement à 14h. Mon manque de concentration m’avait fait prendre du retard. Je me devais donc d’oublier ce fichu portable, pour bien me concentrer sur ce que je faisais. Bien qu’une vibration au niveau de mon postérieur me rappela à lui. Je me mordis la lèvre inférieure, préférant d’abord ranger mon matériel, avant de jeter un coup d’œil sur l’écran. J’étais déjà assez perturbée, aussi bien par ma curiosité que par l’espoir que ce soit vraiment Karhon.

— Hey ! Everly ! Dépêche-toi de partir si tu as terminé !
— Bien, monsieur, répondis-je, sans un regard pour mon client.

Je n’appréciais pas vraiment qu’il écorche mon nom, mais je savais qu’il avait ce comportement avec n’importe qui. Beaucoup d’aide ménagère avaient fui cet endroit. Ce qui n’avait rien d’étonnant avec le caractère de cochon de ce vieux loup ronchon. Il avait toujours le mot pour critiquer, cependant j’avais conclu une sorte d’accord avec lui. Il me laissait faire mon ménage, et je partais dès que j’avais terminé. Pas de discussion, pas de question. Juste un simulacre de politesses, mais rien de plus. Je mis tout sur le porte-bagages de mon vélo, et je le fis avancer tout en marchant à côté. Je n’avais pas trop le choix, si je voulais vérifier mon portable.

[ Bonjour Elerys. Est-ce que tu as passé une bonne journée aujourd’hui ? ]

Je clignais des yeux, en relisant plusieurs fois ce message. J’avais un peu de mal à imaginer que c’était vraiment l’Alpha qui m’avait envoyé ce message. Que j’étais en contact avec lui. Je sentais une tension dans mon estomac à cette simple perspective. On avait décidé d’apprendre à se connaître, et ce n’était qu’un message type. Il n’y avait rien derrière. Ni complot, ni mauvaise blague.

[ Bonjour, je viens de terminer mon boulot, mais c’était une bonne journée en soi… et toi ? ]

Aussi étrange que cela pouvait paraître. J’avais comme des petits fourmillements dans le bout de mes doigts, comme si j’appréhendais sa réponse. C’était vraiment bizarre d’être si fébrile pour écrire un message.

[ Tu n’es pas trop fatiguée ? ]
[ Je passe la journée dans les papiers. Je prends une petite pause, en t’écrivant. ]

[ Il n’y a personne pour t’aider ? ]
[ Non, ça va. J’ai l’habitude. C’est moins fatiguant quand on sait y faire. ]

[ Non. Je dois approuver la plupart des rapports, étudier les projets et savoir si je peux accorder un budget. ]
[ Que comptes-tu faire de ton reste de l’après-midi ? ]

[ Cela semble compliqué. Ce sont des documents urgents à traiter ? Sinon, tu peux toujours les répartir sur plusieurs jours ? ]
[ Je vais faire un peu de courses, avant de rentrer et de commencer à m’entraîner pour le gâteau d’anniversaire d’Altie. ]

Half Moon Pack - 1. L'éveil d'une OmégaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant