Chapitre 10

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C’était le jour de la chasse. Je me sentais assez anxieuse. C’était ma première participation, sans parler que je la passais dans la Tanière. La maison de l’Alpha. C’était la première fois que j’y poserais les pieds. J’avais des fourmis dans les jambes, comme si ces dernières ne voulaient qu’une chose, déguerpir avec le reste de mon corps. Heureusement pour moi, Altie me tenait d’un côté, et son frère de l’autre. Adam se tenait derrière nous, comme s’il servait de rempart pour m’empêcher de reculer. Je n’avais vraiment aucune porte de sortie avec cette famille. J’observais donc cette grande villa. Ce n’était pas un vieux manoir comme j’avais pu l’imaginer. C’était vraiment une villa moderne, avec un design assez géométrique. Elle était aussi en harmonie avec la forêt qui l’entourait. Elle avait des façades vitrées, reflétant l’image des arbres, ainsi que d’autres en bois. L’allée était goudronnée, mais c’était bien la seule chose qui ne collait pas vraiment avec l’environnement sylvestre. Il y avait des voitures de luxe qui étaient garés sur la gauche. Je n’en comptais pas moins d’une dizaine. Je commençais à avoir le trac. Autant de monde…

— Ne fais pas ta poule mouillée, me souffla ma meilleure amie.

Je lançais un regard vers elle, alors qu’elle me disait ça. J’avais très envie d’opérer un demi-tour et ne pas participer. Seulement, j’avais été invitée officiellement par l’Alpha, et ce genre d’invitation ne se refusait pas. On montait l’escalier qui donnait sur la porte principale. On avait posé un pied sur la dernière marche, et la porte s’ouvrit sur la Vetusna. Mon corps se crispa en la voyant. Notre dernière rencontre n’était pas des plus mémorables. J’avais fui son fils, et j’avais presque annoncé que je ne voulais pas du lien qui existait entre nous. Cela avait changé grâce à Karhon, qui n’avait pas voulu que cela se termine ainsi, mais je n’arrivais pas vraiment à faire face à ses proches. Elle s’avança vers moi, un large sourire sur les lèvres.

— Bienvenue, les enfants ! nous accueilla-t-elle, en nous laissant entrer.
— Bonjour, Lucile, sourit Matthias.
— Est-ce que je sens de la pomme ? Vous avez fait des tartes aux pommes ? Il y a de la glace avec ?

Altie m’avait lâché pour rejoindre la cuisine, comme une possédée. Elle était vraiment un ventre sur pattes, celle-là. Et elle n’était visiblement pas la seule, Mattie l’avait suivie en une fraction de seconde. Adam me poussa vers l’intérieur, m’accompagnant jusqu’à la cuisine, qui donnait sur une terrasse où ils se trouvaient tous. Rester dans un coin de la cuisine me traversa l’esprit. L’odeur de pommes envahit mes narines. C’était vraiment une douce odeur, cela me donnait une étrange sensation de réconfort. Adam me lâcha pour rejoindre les autres sur la terrasse. Matthias et Althea devaient en avoir fait de même. Je me retrouvais donc toute seule dans cette cuisine, avec quelques vieilles louves, qui parlaient dans un coin. Je ne me sentais pas vraiment l’envie de rejoindre le club du troisième âge.

— Ne reste pas ainsi, Elerys. Va rejoindre les autres, dehors. Karhon est sûrement en train de t’attendre avec impatience, m’invita la Vetusna.
— Je… euh…

Je me sentais incapable de répondre quoi que ce soit de cohérent. Je rougis sous cet embarras. Heureusement pour moi, elle ne le prit pas mal. Elle me mit une assiette entre les mains, et me poussa vers la terrasse doucement. Contrairement aux Imbriumis, elle resta à mes côtés. Bien que d’autres cherchaient à avoir son attention, elle se faisait un devoir de m’accompagner jusqu’à son fils. Karhon était entouré de plusieurs alphas, et ils discutaient entre eux, plutôt joyeusement. J’avais pu reconnaître Leona dans le groupe. Cette dernière me fit un sourire, et un signe pour les rejoindre. Je lui répondis timidement, alors que j’avançais vers eux.

— Karhon, l’appela sa mère, alors qu’on arrivait à leur hauteur.
— Elerys.

Il se tourna vers moi, venant me rejoindre pour me prendre la main. Il la porta à ses lèvres pour y déposer un léger baiser sur mes doigts. Mes joues chauffaient terriblement devant ce geste, et surtout devant tant de monde. Il le détailla rapidement de haut en bas, avant de m’attirer vers lui. Il glissa un bras autour de moi, m’incitant à le suivre. La chaleur de son corps me réconfortait et me donnait un peu plus de courage pour entrer dans son cercle amical. J’étais encore étrangère, mais il y avait Leona, et avec notre dernière discussion, cela me paraissait moins gênant d’être ici.

Half Moon Pack - 1. L'éveil d'une OmégaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant