Half Moon Pack - 1. L'éveil d'une Oméga

Chapitre 13

Je ne m’attendais pas à un grand changement, étant donné que nous étions pour tous, déjà ensemble. J’avais visiblement franchi une ligne invisible pour entrer dans un autre monde. Un peu comme si je passais de l’ombre à la lumière. C’était aveuglant, étourdissant et effrayant. J’avais l’habitude des regards arrogants et méprisants, et bien que cela soit toujours le cas, certains étaient juste… mieux que d’autres.

— Ils sont juste jaloux. N’y fais pas attention, souffla Althea, en tournant la page de son livre.
— C’est difficile à ignorer quand ils essaient de te percer le crâne avec leurs yeux, répliquai-je, vraiment mal à l’aise.

On était assise sur la balancelle du jardin. Elle était assez grande pour accueillir quatre loups à la bonne carrure de guerrier. Ce qui voulait dire qu’Altie et moi, ne prenions pas une si grosse place à nous deux réunis.

— D’ailleurs, je suis surprise que Matthias ne soit pas présent. Il adore ce genre de rassemblement.
— Il a des cours de rattrapage, m’avoua sa sœur. Il a trop souvent séché les cours, ces derniers temps, sans parler qu’il a eu plusieurs heures de colles pour insolence envers le corps enseignants.
— C’est dans l’ADN de votre famille, ça, me moquai-je.
— Je ne me rappelle pas d’avoir été insolente. Juste véridique.

Je ris doucement à cette nuance. Althea n’avait jamais gardé ses commentaires pour soi, au lycée. Elle se faisait plaisir à les faire entendre à son opposant, et peu de personne appréciait, si ce n’était personne. Même moi, il m’était arrivé d’être vexée par sa faute.

— Tu aurais pu être plus subtile…
— Pourquoi faire ?

Je n’avais aucune réponse à lui donner, étant donné que je n’en voyais aucune plausible. Altie glissa finalement son regard sur moi, un léger sourire mutin sur les lèvres. Elle glissa un bras sous le mien, pour me rapprocher un peu plus et oublier pendant une seconde sa lecture.

— Vous êtes allés jusqu’où ?

La question tomba comme un cheveu dans la soupe, mais je voyais bien ce qu’elle essayait de faire. Les loups avaient cette particularité de laisser traîner leurs oreilles par curiosité. Enfin, Altie, ce serait davantage pour son propre amusement.

— On s’est juste embrassés.
— Vraiment ?
— Vraiment. Et je ne vois pas en quoi notre intimité te regarde.
— Je suis ta meilleure amie, laisse-moi avoir une vie sexuelle par procuration.

Un soupir amusé traversa mes lèvres, alors qu’elle reprenait sa lecture. Je relevais mes yeux sur le jardin, tandis que mon cerveau repassait la brève conversation que j’avais eu avec Althea. Mes joues prirent doucement feu, quand les souvenirs de la nuit de la chasse se superposaient à sa question. Nous avions été un peu plus loin qu’un simple baiser. Je lui avais donné du plaisir, et même si j’avais été un peu maladroite… je me sentais étrangement fière d’avoir réussi à lui offrir…
Avant même que mes pensées ne puissent se terminer, je me sentis être soulevée de ma place. Un cri s’échappa de mes lèvres, face à la surprise d’être balancé sur une épaule robuste. Heureusement que je m’étais fait une tresse pour aujourd’hui, cela m’évitait d’avoir les cheveux dans les yeux. Je forçais un peu sur mes lombaires et mes abdos pour me redresser suffisamment pour me tordre et voir qui venait de me prendre en sac à patate.

— Karhon ? l’appelai-je, légèrement hésitante.

Je n’étais pas hésitante parce que j’ignorais l’identité de celui qui me portait, mais plutôt parce que j’avais du mal à comprendre son humeur. C’était un véritable brouillard pour moi. D’ailleurs, il m’avait dit qu’il était occupé pour cet après-midi. C’était pour cette raison, que j’étais dans le jardin avec Altie. Il ne me répondit rien jusqu’à ce que nous arrivions dans sa chambre, et qu’il ne me repose avec douceur sur son lit. Je clignais des yeux, en le voyant me surplomber de cette manière. Un doux frisson descendit le long de ma colonne vertébrale. Il finit par poser genoux à terre, et venir mettre son visage contre mes cuisses, alors que ses bras faisaient le tour de mes hanches. Un lourd soupir s’échappa de sa bouche.