Chapitre vingt-et-un

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J'ouvre un œil, puis l'autre, puis je me redresse brusquement dans mon lit.

Bon Dieu !

J'ai l'impression d'avoir été fouettée dans tous les sens tant la douleur me transperce.

De plein fouet Lili !

Que suis-je drôle...

Mais très vite, l'angoisse prend le dessus. Qu'est-ce que je fais donc ici, dans mon lit, avec la soudaine impression d'être revenue quelques temps en arrière, quand je venais de traverser le portail pour arriver ici pour la première fois ?

La douleur est finalement supportable mais pas du tout agréable.

Mais qu'est-ce que je raconte ?

Très vite, tout se bouscule dans ma tête et je me remémore les évènements de la veille.

Après l'annonce à ma tante et mes deux amies, je me suis évanouie. Tel est le constat que je peux faire.

Je commence à observer autour de moi puis me ravise, ne voulant pas insister sur ce sentiment de déjà vu en balayant encore cette chambre du regard.

Ne voulant pas raviver un souvenir douloureux, celui de me réveiller hors de mon univers.

Des bruits de pas dans le couloir se font entendre. Ma porte de chambre s'ouvre.

— Lili ! Tu es réveillée !

Je frissonne lorsque ma tante apparaît brutalement dans mon champs de vision et qu'elle s'approche de la même manière que l'autre fois.

— Qu'est-ce qui m'est arrivée ?

 Mes amies débarquent à leur tour dans ma chambre et je crois que s'il on me disait que j'étais retournée dans le passé, je n'en serais nullement étonnée. Je crois qu'à ce stade là, plus rien ne me surprend.

— Qu'est-ce qui m'est arrivée ? répété-je presque avec hystérie, comme une enfant s'apprêtant à faire un caprice.

— Je pense que tu as dû faire une réaction un peu étrange. Ton corps n'a pas dû supporter la nouvelle, se lance ma tante.

— Tu étais en train de devenir rouge et tu tremblais, poursuit mon amie Stella en s'asseyant sur mon lit.

— Peut-être que c'est plutôt le fait que comme elle n'arrive pas à faire jaillir sa magie et que celle-ci est donc contenue dans son corps, Lili a été comme inondée de l'intérieur ? demande ensuite Savana en s'asseyant à son tour, juste à côté de Stella.

— Je ne pense pas, rétorque ma tante. En fait, enchaîne-t-elle, je n'en sais strictement rien.

Je soupire et commence à méditer intérieurement mais très vite, je réalise que je n'arrive pas à réfléchir. Tout est flou et brouillon dans ma cervelle endolorie.

— Je pense qu'il ne faut pas s'inquiéter des évènements de la veille, répondé-je. Je vais continuer à m'entraîner, ça devrait aller...

Mais qu'est-ce que je raconte encore ? Non, ça ne va pas aller !

Je ne vais pas au bout de mon idée, paralysée par les regards plein de surprises de mes deux amies et de ma tante qui me font froncer des sourcils.

— Qu'est-ce que j'ai dit ? Vous n'êtes pas convaincue ? Parce que moi non plus étrange-

— Ce n'était pas hier que tu es tombée, Lili, annonce Stella, me coupant de manière très sèche dans ma dernière phrase.

— Comment ça ?

Mes yeux s'écarquillent tandis que ma mâchoire semble prête à faire un grand saut dans le vide.

Saut à l'élastique sans l'élastique ! Et c'est gratuit !

— Ça fait deux semaines que tu es endormie.

Cette fois, je crois que je ne serais même pas surprise de m'évanouir à nouveau.

— Quoi ? Tu as dit quoi ?

— T'inquiète pas, on a prévenu le lycée. Bon, on a juste dit que tu as eu un accident. Par contre y a quelques personnes qui sont devenues très inquiètes à ton sujet, dont un garçon. Et pour Jaffe, il n'a pas l'air d'avoir semé davantage de terreur ces derniers temps d'après ce que tu disais dans ton sommeil. Mais bon, à surveiller. On dit bien que la tempête vient après le calme, lâche tout d'un coup et à toute vitesse Stella avant de se lever et de quitter la pièce sans un mot et avec une expression qui ne lui ressemble d'habitude pas.


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