Chapitre vingt-trois

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Encore une séance où mes pouvoirs ne se manifestent pas assez. Je vais devenir folle !

Je le suis déjà. Encore et toujours.

Folle.

Toujours folle.

Bientôt noyée dans ma folie.

Encore et encore.

Folle.

Et bientôt tuée par un fou si mes pouvoirs ne se pointent pas !

Pourquoi donc ça ne marche pas ? Le temps ne va pas m'attendre, alors pourquoi ?

Parce que j'ai peur, tout simplement. Je suis morte de trouille, alors mes pouvoirs se bloquent.

— Détend-toi, Lila, me rassure Savana en m'observant.

— J'ai l'impression que Jaffe a de plus en plus d'emprise sur moi, lancé-je.

— Ce n'est pas impossible, enchaîne ma tante. Mais tu ne dois en aucun cas le laisser gagner, n'oublie jamais.

Facile à dire. Il a ma sœur et et ma mère, sans compter notre monde et des milliers d'autres victimes.

— Plonge au plus profond de toi comme tu le fais souvent et ça ira.

— Ou alors pense à quelqu'un très fort ! ajoute Savana. Quelqu'un que tu apprécies beaucoup !

Oh non.

Pourquoi faut-il que je pense à lui ?

Comme à mon habitude, je me raidis et serre les fesses.

Comme s'il ne fallait pas que ma magie sorte par là.

J'expire après une forte inspiration puis ferme les yeux pour faire le vide en moi et ne laisser que la magie m'atteindre et sortir de moi.

Tout va bien se passer, Lili. Tout va bien se passer. Tu as juste à développer tes pouvoirs.

Mes yeux étant clos, j'ignore si les filles sont restées où si elles m'ont laissée seule avec moi-même.

Une seule chose compte. Développer mes pouvoirs.

Développer mes pouvoirs.

Développer.

Mes.

Pouvoirs.

David.

Non.

Alors que mes pensées fusent, je sens quelque chose bouillir en moi. D'abord, une sensation agréable me parvient, faisant naître en moi une presque satisfaction avant que mes mains ne se mettent à brûler...

Pour redevenir froides. Froide comme du marbre.

Le marbre comme la statue de ma mère.

— J'en ai marre ! Marre, marre, marre !

Je desserre les mains avant de les resserrer. Je me sens bouillir de l'intérieur. La peur et la colère, la rage, monte en moi tandis que je constate que je suis seule dans la pièce.

J'en ai marre.

— Pauvre type ! Qu'est-ce qui t'as pris de venir détruire tout ce qui compte à mes yeux ?

Je hurle, tape du poing comme un enfant de moins de dix-ans mais je m'en contrefiche. C'est le seul moyen d'évacuer ce surplus d'émotions, ce soir.

Quand est-ce donc que mes pouvoirs vont se ramener ? J'ai l'impression d'en être au même stade qu'il y a des semaines en arrière.

Inutile.

Je suis inutile.

Inutile de chez inutile.

Alors que tout le monde a besoin de moi.

Inutile.

Mes parents. Ma famille. Mes amies. Les Sorcelliens. Les terriens.

Inutile.

Et moi-même.

Inutile.

J'ai besoin de moi.

Inutile.

Sinon, on mourra tous.

Inuti-

— Lili, va te reposer, m'ordonne Stella en réapparaissant dans mon champs de vision. On recommencera demain.

Je frissonne à l'idée d'aller dormir, comme à chaque fois. 

Tout cela devient redondant.

Mais j'aimerais que l'apparition de mes pouvoirs soit redondante.



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