Anne #01

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Je me dépêchais de sortir de l'Uber qui m'avait amenée jusqu'au café où je devais rejoindre mes amies. Nous y passions chaque vendredi soir pour discuter autour de quelques verres.

Au petit parisien se situait dans le deuxième arrondissement de la capitale. L'étroite devanture, habillée de bois rouge avec deux vitres de chaque côté de l'entrée, ne laissait pas présager la salle assez spacieuse qui s'étendait après le bar. Des banquettes bordeaux, assez confortables, entouraient les tables en noyer foncé. Les moulures au mur et l'éclairage feutré donnaient un certain charme à l'établissement.

Je passai la porte et me faufilai entre les clients venus seuls qui s'agglutinaient au bord du comptoir en zinc. Souvent encore en manteau, un verre de bière à la main et un paquet de cigarettes dans l'autre, ils discutaient avec les habitués assis sur les tabourets hauts. Il était dix-huit heures et l'happy hour débutait seulement.

Passé la foule agitée, je cherchai des yeux mes amies que je n'eus pas de mal à trouver. Pour l'occasion, nous réservions notre table de prédilection au fond, dans un coin, près d'un radiateur et à quelques mètres du couloir des toilettes. Cette partie du café, beaucoup plus calme, rassemblait les groupes qui s'y retrouvaient pour bavarder entre eux. L'endroit dégageait une atmosphère assez agréable. Nous y venions depuis trois semaines maintenant, depuis que l'ancien bar où nous avions élu domicile pour ces petites soirées avait fermé.

C'est Charlotte, ma meilleure amie, qui avait instauré ce rituel du vendredi soir, il y a trois mois, et qui avait d'ailleurs trouvé le nouveau lieu de rassemblement, à quelques pas de son travail. Je la soupçonnais de vouloir me changer les idées après l'année assez difficile que j'avais passée. Un peu réticente au départ, j'avais capitulé devant son insistance, espérant que ces soirées tomberaient rapidement à l'eau. Assez vite, Florence et Sophie s'étaient greffées à notre binôme. J'étais étonnée de constater l'assiduité de mes consœurs et je devais avouer que j'y avais pris goût. Je me surprenais même à sourire, voire même à rire après quelques verres. J'étais détendue avec elles et sortir de chez moi me faisait du bien. Je ne l'aurais jamais confié à Charlotte, de peur de la voir se pavaner, mais je sais qu'elle l'avait constaté. Je sentais souvent son regard soulagé et doux sur moi quand mes lèvres s'étiraient.

Sweat, cute & sexy - Johanne MillotOù les histoires vivent. Découvrez maintenant