partie une
empty writerLes douze coups de minuit sonnèrent comme un cri strident venu tout droit des abysses. Le maître de la maison dénoua ses bras dans lesquels son visage s'était réfugié après une énième défaillance nerveuse ayant causé de nombreuses traces de griffures sur le bois pourtant si lisse de son bureau. Il s'étendit le long de sa chaise, faisant craquer ses vertèbres dans un désagréable bruit osseux qui répudiait son pauvre chien.
Sa tasse de thé était aussi froide que le bout de ses doigts et plus aucune fumée à la délicieuse senteur ne s'en échappait. Il cligna lentement des yeux, puis tourna la tête vers le lampadaire devant chez lui, dont la lumière filtrée par sa grande fenêtre venait s'échouer sur son bureau. Un profond soupir s'échappa de ses poumons. Six heures venaient de s'écouler, et il n'avait rien écrit.
Rien, pas même l'esquisse d'un essai, pas même l'ombre d'un thème, la démarche d'un vers, l'effort d'une rime. Le bruit des quatre pieds de la chaise raclant le sol, un crissement semblable à la griffure d'un démon, fit geindre le petit animal qui dormait près du foyer où quelques braises survivantes se battaient aussi dur que fer contre leur extinction.
L'homme observa la feuille qu'il avait déchiré à l'aide de son stylo à plume quelques heures auparavant. Des morceaux de papiers gisaient çà et là sur son espace de travail et d'affreuses tâches d'encre indélébiles avaient séché un peu partout. Il attrapa l'outil, et constata que sa plume était complètement détruite. Il allait devoir racheter un stylo, pour la cinquième fois ce mois-ci.
Lentement, il se redressa, embrassa la pièce d'un regard vide et se traina lamentablement jusqu'une commode où de nombreuses feuilles vierges parfaitement rangées attendaient sagement. Il se saisit d'un papier si nonchalamment qu'il ne se rendit pas compte qu'il l'avait froissé.
Il se laissa ensuite tomber dans cette maudite chaise qu'il commençait à exécrer, et attrapa une de ses vieilles plumes ainsi que son pot d'encre entamé.
ᝰ
'chère trudie. pourquoi compare-t-on son incapacité à écrire à un syndrome ? l'homme préfère-t-il se penser malade plutôt qu'accepter que la fraîcheur de ses grands jours est désormais révolue ? j'en suis à un point où je me demande si je dois écrire sur mon incapacité à écrire. cela fait bientôt deux mois que je patauge dans une marre noire qui s'agrippe à mes membres et me colle à la peau. il me semble que je n'ai jamais eu à essuyer un tel dégoût de ma propre plume. je me demande comment faisaient mes ancêtres, grands maîtres des mots, pour décrire si parfaitement l'étendue du monde jusque leur dernier souffle.
j'ose caresser l'espoir que demain sera un nouveau jour, mais mes espoirs s'épuisent à mesure que mon souffle s'amenuise face à mes essais pathétiques.
bien à toi, christopher.'
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𝗠𝗨𝗦𝗘 ; jeongchan
Fanfiction'chère trudie, j'ai rencontré un ange hier matin. bien à toi, christopher' jeongchan . good ending