dear routine

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Christopher se réveillait toujours aux aurores, bercé par le doux chant des oiseaux qui avaient construit leur nid sur la branche devant la fenêtre de sa chambre

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Christopher se réveillait toujours aux aurores, bercé par le doux chant des oiseaux qui avaient construit leur nid sur la branche devant la fenêtre de sa chambre. Même s'il aimait particulièrement ce réveil, il ne s'en levait pourtant pas moins de mauvaise humeur. Il se hissa hors de son lit non sans peine, laissant un grognement désagréable quitter sa gorge. Quelle surprise l'attendait aujourd'hui ? Probablement aucune, comme toujours.

Il descendit les escaliers mollement, démontrant au monde à quel point il était motivé et prêt à affronter une nouvelle journée. L'odeur du pain fraichement grillé ne réjouit pas plus ses narines et il avala même la tartine beurrée d'une traite. Il ne pouvait profiter de rien. Sa vie était rythmée par une routine qui lui donnait la sensation d'être mort à l'intérieur. Il ne se produisait rien dans sa vie, il passait ses journées enfermé à se prendre la tête avec ses pensées et à regarder son chien se balader d'un coin à l'autre de son séjour.

Il se levait, mangeait, récupérait son courrier, travaillait tant bien que mal, et tentait de survivre à l'ennui mortel entraîné par son manque évident de frisson et de conviction.

Après avoir tiré les épais rideaux bruns qui couvraient les grandes vitres, il se laissa choir dans son fauteuil. Il consulta rapidement les différentes enveloppes qui lui avaient été délivrées, jetant une à une celles qui ne l'intéressaient pas par-dessus l'accoudoir de son fauteuil, où une pile de lettres blanches aux différentes écritures plus ou moins appliquées prenait tranquillement forme.

Il poussa un profond soupir, comme s'il ne savait plus produire que ces sons désormais, alors qu'il laissait la dernière lettre se dégager d'entre ses doigts et s'échouer au sommet de sa pile, provoquant la chute de certaines autres enveloppes.

Il s'écoula plusieurs minutes avant que Charles ne le tire de ses pensées vides en se frottant contre sa jambe. L'homme lui lança un regard las. Il se tira durement hors de son siège et alla ouvrir la porte épaisse en bois de son entrée. Le petit canidé fit claquer ses griffes contre le parquet alors qu'il se précipitait dehors. Son maître l'observa se rouler avec énergie dans l'herbe encore humide du matin d'un œil absent. Son esprit paraissait vide, embrumé d'une perte totale d'envie de continuer. La perte d'inspiration était déjà une fin en soit pour lui.

L'animal se tortilla sur le dos jusqu'à fixer son maître, ventre apparent. Christopher se redressa, précédemment épaulé contre l'encadrement de sa porte, et vint s'agenouiller près de la petite boule de poil pour grater gentiment son ventre arrondi.

'chère trudie. je me demande comment charles arrive à être aussi joyeux à la simple vue d'un brin d'herbe. il possède une énergie incomparable et ce malgré son rythme journalier de sommeil et de nourriture. mes humeurs ne le dépriment pas non plus. il se complait des petites choses de la vie, une caresse sur le haut de la tête, un morceau de pain grillé qui tombe de mon assiette. parfois, j'ai l'impression qu'il sourit. je repense à son visage quand ma main s'est posée sur sa peau chaude. il avait l'air heureux. je l'envie.

bien à toi, christopher.

post scriptum
l'homme à qui j'ai acheté une nouvelle plume m'a donné l'impression d'un regard réprobateur. cet air désagréable m'a convaincu de faire plus attention histoire de ne plus y mettre les pieds.'

𝗠𝗨𝗦𝗘 ; jeongchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant