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Chan avait décrit des heures durant chaque timbre de cette voix mystérieuse, chaque courbe, chaque note, tout ce qui lui était possible de décrire. Il y pensait sans cesse. Il voulait à tout prix s'en souvenir à la perfection. Parfois, il se surprenait à répéter ces paroles, à en chanter la mélodie ou même à en tapoter l'air contre le bois du bureau.
Depuis, il n'avait eu de cesse d'écrire, différentes poésies, toujours liées à une douce voix, ou une mystérieuse personne croisée au détour d'une rue, d'un café, un moment prit au hasard, un signe, le sort du destin. Il se plaisait à décrire la flamme d'une passion secrète, grandissant envers un inconnu. C'était tout simplement délicieux à aborder. Il aimait s'imaginer les réactions du corps, et celles du cœur. Il aimait changer le cours de l'histoire, et créer une rencontre.
Et si, il n'était pas parti ? Que se serait-il passé ce soir-là ? Et si, il avait complimenté cet homme ?
Il n'arrêtait pas d'y penser. Il nourrissait le désir puissant de revoir cette silhouette, ré entendre cet harmonieux chant, et pourquoi pas découvrir son visage, qui devait être plus incroyable encore. Il l'avait déjà maintes fois imaginé. Bien tracé, joufflu. Doté de grands yeux, ou encore très fins. Il aimait créer toutes sortes de combinaisons et jamais encore il n'avait obtenu quelque chose qui semblait à la hauteur de cet être.
Plus le temps passait, et plus c'était insoutenable. Il brûlait d'envie de retrouver cet homme. Il se surprenait parfois à sortir la nuit et arpenter les rues, les scrutant, à la recherche d'un moindre son, d'un moindre jeune homme. Et depuis, il ne l'avait, bien entendu, jamais revu.
C'était affreux, même infernal. C'était comme une punition divine, une douleur lancinante grandissait en lui, il courait après un fantôme. La voix qui le hantait paraissait plus accrochée à ses souvenirs que jamais. Bien que plusieurs jours se soient déjà écoulés, elle ne souhait pas pour autant se laisser naturellement oubliée.
Il lui fallut encore plusieurs jours pour se décider, avant d'exploser un matin et d'agripper son manteau sur un coup de tête.
La porte avait claqué.
ᝰ
'cher trudie,
mon esprit n'est plus capable que de penser à une seule et même personne depuis que je l'ai vu. je ne suis plus capable de rien ressentir qui ne soit lié à lui. mon corps grouille d'envie de le revoir. mais je ne le trouve plus. c'est comme mourir d'un milliers de blessures enfoncées profondément dans mon organe vital.
je ne supporte plus d'être si loin de cette voix. ça me rend malade. ça hante mes nuits. elle m'obsède.
