dear voice

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L'humeur exécrable qui avait frappé le noiraud lorsqu'il s'était éveillé le poussa presque à abandonner sa résolution de sortir profiter du calme des rues endormies de la nuit

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L'humeur exécrable qui avait frappé le noiraud lorsqu'il s'était éveillé le poussa presque à abandonner sa résolution de sortir profiter du calme des rues endormies de la nuit. Il s'était à plusieurs reprises demandé durant la journée s'il n'allait pas décaler à plus tard mais savait que ce n'était pas dans ses principes. Il avait besoin de se brusquer un petit peu et s'il avait décidé qu'il sortirait, alors il le ferait. La paresse n'était pas une option.

Ainsi, à vingt-deux heures quarante-cinq bien précises, il mit un pied dehors. Lorsqu'il ferma la porte, il inspira une grande goulée d'air frais et ferma les yeux. Ses paupières se firent vite chatouiller par une raie de lumière provenant de sa droite. La porte d'entrée de ses voisins venait de s'ouvrir et les rires qui l'accompagnèrent lui indiqua qu'un ou plusieurs invités s'apprêtaient sans doute à quitter la maisonnée.

Préférant éviter cette population, il pressa le pas et s'en alla sans un regard en arrière. Il entendit brièvement les rires s'arrêter à son passage et une question résonner au loin, 'Qui est-ce ?' prononcée par une douce voix masculine qui lui provoqua une drôle d'impression.

L'homme déambula de nouveau le long des rues qu'il connaissait presque par cœur à force d'y gambader depuis son plus jeune âge. L'air frais ne le dérangeait pas, c'était presque même agréable. La nuit était douce. Les lumières orangées des lampadaires rendaient le tableau de la ville endormie presque poétique. Çà et là, il entendait quelques éclats de voix, provenant d'une maison, d'un restaurant ou d'un petit café nocturne, qui lui permettaient d'éviter de croiser d'autres personnes.

Il termina sa promenade en allant s'asseoir sur un banc, au sein d'un grand parc d'herbe bordant le lac. Là, il laissa son esprit se vider alors que ses yeux se perdaient dans l'étendue d'eau calme, seulement agitée lorsque le vent passait rapidement par là. Il devait avouer, contre toute attente, que c'était assez agréable. La nuit, il était seul, tranquille, et profitait de jolis spectacles naturels. D'ailleurs, ce soir, les étoiles brillaient dans le ciel.

Il ne pouvait pas dire qu'il appréciait sortir, mais cette expérience était un peu différente. Lorsqu'il se leva pour repartir, le calme de la nuit fut troublé par une douce voix qui chantonnait.

Contrairement aux autres sons provoqués par des êtres humains, ce fut la première fois qu'une voix créait une telle sensation dans le cœur de l'homme, loin de lui déplaire. Elle avait ce doux brin aigu et agréable, qui rendait son chant presque enivrant. C'était beau, délicat, mélodieux. Alors, poussé par un désir inouï, Chan se rapprocha de ce son qui l'intriguait tant.

Il n'avait pas pour habitude d'apprécier le chant. Il appréciait quelques morceaux de musiques bien qu'il n'en écoutait que très peu, mais ils n'étaient qu'instrumentaux. Il était surpris d'entendre une voix si belle réussir à captiver autant son attention sans l'aide d'une seule mélodie.

Une silhouette de jeune homme ne tarda pas à se dessiner dans le champ de vision du poète, accroupie au bord du grand lac, occupée à arracher distraitement des brins d'herbe alors que sa voix semblait désormais résonner dans la poitrine de l'homme, qui sentait son souffle se compresser, comme s'il était subjugué. La voix du mystérieux chanteur était si délicate que Chan aurait pu la confondre avec celle d'une femme, ou bien d'un ange, c'était au choix.

Porté par une force qu'il ne savait contrôler, il avança encore, et sous ses dures semelles se brisa une brindille dont le craquement résonna dans le silence d'un son sec. La voix se tut, le corps se figea, et Chan se laissa emporter par son seul réflexe qui fut de partir d'un pas pressé dans le sens inverse, sans jamais se retourner.

Il rentra chez lui, le souffle court, les pommettes rosies par cette semi course et la gêne d'avoir probablement été pris. Il ferma sa porte dans un claquement sonore, et comme si ç'avait été le signal qu'elles attendaient, ses pensées de déclenchèrent dans son esprit. Il n'arrivait plus à se concentrer, ni à penser à autre chose que cette élégante silhouette à la voix merveilleuse. Son cœur battait la chamade.

Il se tourna vers son bureau qui prenait la poussière dans la pénombre. Une unique pensée réussit à se décrocher des autres, plus que ça, un désir brûlant ; il avait besoin d'écrire.

𝗠𝗨𝗦𝗘 ; jeongchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant