Douloureuse Analyse

Chapitre 9

Jayden

Après l'entraînement, je devais me rendre à la bibliothèque pour faire quelques recherches pour un devoir. Perdu dans mes pensées, je ne fis pas attention aux bruits de pas qui se rapprochait de moi jusqu'à ce qu'on me barre la route. La peur ne me prit pas à la gorge comme à son habitude, j'avais moins... peur ? Une première pour moi, la présence de Soren m'avait finalement... Bien plus aidé, que je ne le pensais. Léo me regardait avec un air étrange :

- Tu as l'air... Changé, dit-il.

- Tu devrais m'éviter, Soren n'est pas patient.

Sans lui lancer un regard, j'étais prêt à le contourner.

- Tu ne pourras pas rester à ses côtés, surtout s'il est repéré par une ligue. Il pourrait devenir un symbole malgré lui et malheureusement, les couples gays ne sont pas toujours bien vus dans le monde du sport.

Je me raidis à ses paroles. Le bonheur que j'avais commencé à construire était-il éphémère ? Je me sentais pourtant si bien dans ses bras... Me rappelant la chaleur qu'il dégageait encore ce matin, blotti contre son torse, avec cette certitude d'être protégé. Finalement, je me faisais peut-être des illusions... Non, je ne devais pas laisser Léo me perturber. Après une claque mentale, je le regardai :

- Tu espères quoi au juste ? Que je te choisisse ? Je t'ai déjà donné mon cœur et tu n'as pas su en prendre soin.

- Je ne ferai pas carrière dans le monde du sport, Jayden... Reviens, reviens-moi, repense à 'nous'...

Dans un geste clair, je lui adressais mon plus beau doigt d'honneur. Oui, c'était enfantin, mais il ne faisait pas d'effort alors pourquoi en ferais-je ?

Tout en mettant mon casque sur mes oreilles, je lançais une playlist pour ignorer ses paroles et je repris mon chemin.

Les battements de mon cœur, c'était accéléré, bordel, j'en étais capable. Je renaissais de mes cendres. Et pour la première fois, je ne sentais ni de dégoût, ni l'envie irrépressible de vomir. Je savais à qui je le devais... Soren. Sa présence m'apaisait à être contre lui...

Des rougeurs finirent par apparaître sur mes joues en repensant à la scène de la veille. Je m'étais légèrement lâché... Et c'était si agréable, ne pas lutter contre moi-même. Loin de ses angoisses permanentes, à me poser tant de questions qui me retenaient.

Malgré mes obligations de recherche, je n'arrivais pas à me concentrer même au bout d'une heure. L'envie de le voir... De sentir ses lèvres sur les miennes...

Sans avoir accompli mes devoirs, je finis par sortir de la bibliothèque ma concentration était au point mort. D'un pas pressant, je rentrais à la colocation, avec un peu de chance, il serait peut-être déjà rentré. Mon élan fut stoppé en découvrant Soren allongé sur le sol et Aramis sur lui.

- Oh, salut Jayden !

Un éclat de panique passa dans les yeux du jeune homme blond. Ceci me donnait envie de le taquiner :

- Je ne vous savais pas aussi... Proche, dis-je d'un air légèrement déçu.

- Ce n'est pas ce que tu crois ! Dit Soren en poussant Aramis pour se relever.

- Pourtant, mes yeux ne me trompent pas.

- J'aurai dû t'embrasser, dit Aramis, rien que pour ta tête Soren.

J'éclatais de rire face à son air décomposé, avant de reporter mon attention sur le visage de Aramis, il était bien amoché, mais vu le regard qu'il me jetait, je compris immédiatement que les questions n'étaient pas les bienvenus. Pourtant, j'en avais des tonnes à lui poser... Est-ce qu'il voyait Amandine ? Était-elle une fille de passage ? D'où provenaient ses blessures ? Tant de questions qui resteraient sans réponse tant qu'il ne se sentait pas prêt à les partager avec moi...
D'un mouvement fluide, je prenais la direction du salon, où celui qui faisait accélérer mon cœur me rejoignit rapidement.

- Jayden, il n'y a rien entre Aramis et moi. Je...

- Je sais, coupais-je.

Soren prit place sur le canapé, je pouvais sentir la chaleur émaner de son corps.

- Tu rentres tôt, me fit-il remarquer.

- J'avais envie de te voir, répondis-je spontanément.

Les rôles s'inversaient, le jeune homme en face de moi rougissait surpris et touché par mes paroles. J'avais envie de m'ouvrir avec lui, faire descendre mes barrières malgré l'inquiétude que Léo avait fait naître en moi. Le claquement de la porte résonna dans la maison, annonçant le départ de Aramis, nous laissant seul, Soren et moi. Alors sans perdre, ne serait-ce qu'une seconde, j'attrapais son visage entre mes mains tout en l'embrassant. Sa peau douce sous mes doigts, dorée par le soleil, sa chaleur... Tout, je voulais tout...
Il gémit en sentant la passion que je mettais dans notre échange alors il m'attrapa par les hanches pour me faire reculer légèrement :

- Si on va plus loin, je ne serai pas capable de m'arrêter, mon beau, dit Soren en me regardant. Regardons plutôt un film.

Soren se dirigea vers le meuble de télé cherchant de quoi regarder tandis que moi je ne pouvais qu'avoir un petit goût amer dans la bouche.... Soren revient à sa place et me prit dans ses bras, le film d'action se mit et route et distraitement il se mis à caresser mon bras, je me lova un plus contre lui ce qui compense un peu mon idée de lui sauter dessus surtout quand quelques baisers passionnés viennent agrémenter le tout...

Le lendemain, c'était enfin le dernier jour d'entraînement avec l'équipe de Léo. Quelque part, ça me soulageait, je ne serais plus obligé de le voir. Et le fait qu'il s'en aille me permettait d'avancer avec Soren... Je ne savais pas s'il était capable de me donner son cœur... Ses mots que j'avais peur de prononcer, peur que tout s'effrite si je le disais à voix haute... Malgré ce sentiment, je voulais avancer avec lui. C'est lui que je choisissais.
Je devais reporter mon attention sur le terrain, regardant les garçons s'affronter sur la glace. L'équipe avait réellement bien progressé en une semaine, battant maintenant l'équipe de Léo avec plus d'adresse et de souplesse. Chacun avait pu s'améliorer et apprit de ses faiblesses. Nous allions enchaîner les matchs à partir de la semaine prochaine ce qui serait déterminant pour l'avenir de l'équipe. Et je priais pour leur réussite. Arthur endossait son rôle avec hargne, motivant l'équipe à chaque instant, il ne relâchait pas ses efforts. Soren quant à lui était un attaquant féroce face à l'adversaire. J'aimais le voir patiner sur la glace, le voir entouré d'une certaine forme de liberté...

Souriant malgré lui dès qu'il était entouré de l'équipe, jouant avec passion.
Le coach tapa dans ses mains pour mettre fin à la cession d'entraînement, il remercia chaleureusement Léo et son équipe. C'était le moment des adieux, ce que je fis, le plus neutre possible, je ne voulais pas étaler ce que je ressentais devant tout le monde.
L'équipe fila aux vestiaires tandis que je rejoignais le coach dans la salle qui nous était réservée.

- Des recruteurs viendront assister au match la semaine prochaine, je ne souhaite pas que tu en parles à l'équipe pour le moment, ce serait leur rajouter une pression supplémentaire. Je souhaite que tu gardes cela à l'esprit. Tes rapports d'analyses sur l'équipe est très complets, tu as réussi également à mettre en place des entraînements pertinents pour chaque membre de l'équipe. Ne doute pas de tes talents Jayden.

Une larme glissa le long de ma joue, on ne pouvait pas me faire plus beau compliment sur mon travail. J'étais reconnu... Pour ce que je faisais. J'inclinais la tête face au coach lui donnant un remerciement silencieux. D'un geste plein de douceur, il posa sa main sur mon épaule tout en la serrant puis il me donna l'heure du prochain rendez-vous de l'équipe.
Après m'être changé rapidement, je me rendis sur le parking où la colocation m'attendait. Ils ne dormaient pas ce soir à la maison, nous la laissant avec Soren. Ce dernier avait décidé de me réconcilier avec l'eau.
Aramis s'approcha de moi et se pencha à mon oreille :

- Profite bien de ta soirée.

Il recula tout en me lançant un sourire en coin espiègle. Bordel, devenait il agréable ? Sans attendre une réponse de ma part, il se dirigeait déjà vers sa moto pour filer. Les autres finirent par nous saluer et partirent à leur tour vers leur occupation de la soirée.
Soren me ramena à la maison, et je finis dans ma chambre en train de me maudire silencieusement. Il me restait un maillot de bain... Mais ce n'était peut-être pas le plus approprié... Et en entendant le rire de Soren lorsque j'arrivais près de la piscine, mon appréhension se confirma.

- J'adore les petits canards sur ton maillot, dit-il en me regardant.

Des pecs... Qui devaient faire la taille de ma main... J'avais une magnifique vue à porter de main d'un Soren en maillot de bain... Ce qui le rendait sexy à souhait. Des muscles saillant, bien dessiné... Une peau qui ne demandait qu'à être embrassée...
Claque mentale.
Je devais me calmer, je n'étais pas prêt pour ça...

- Il ne me restait que ce maillot de bain, ne te moque pas, je risquerai de faire demi-tour, dis-je gêné

- Je vais essayer, dit-il en s'approchant de moi.

Il prit doucement ma main dans la sienne croisant nos doigts et me dit d'une voix douce :

- Je serai avec toi à chaque étape, ok ? Je ne te lâcherai pas.

Avec difficulté, je déglutis, mais finis par lui donner un hochement de tête.

-Allons-y, dis-je en essayant de me donner du courage.

On se dirigea vers les marches de la piscine, la première n'était pas difficile, ni les suivantes jusqu'à ce que l'eau m'arrive à la taille. La panique et les souvenirs commencèrent à m'assaillir. Je n'étais plus si sûr d'y arriver. Soren exerça une pression sur ma main pour me rappeler sa présence. Je fis un pas de plus, tout en entendant sa voix qui m'encourageait :

- Doucement, voilà...

D'une poussée légère, il se mit devant moi pour m'entourer de ses bras :

- Tu n'es pas seul, Jayden. Je suis et serais là tant que tu auras besoin de moi.

Cette phrase... Sous-entendait tellement de choses. Je ne devrais pas m'y arrêter. Le fait de le sentir contre moi apaisait mon angoisse. Rien n'aller m'arriver tant qu'il serait là... Cette pensée me frappa avec violence, tellement que la peur recula légèrement.

- Jayden ? Demanda Soren inquiet face à mon silence.

Je relevais mes yeux noisette vers ce visage qui hantait mes rêves et mes journées :

- Soren, je... T'aime.

Il ne répond pas mais je le vois fixer ma pomme d'Adam sous ma déglutition. J'avais sorti ça sans réfléchir comme un débile. J'étais prêt à fuir, honteux de cette déclaration si brusque. Il m'attrape alors par les hanches me plaquant contre son corps rigide. Il me souleva légèrement pour que je puisse nouer mes jambes autour de sa taille. Pour avoir une meilleure prise, je passais mes bras autour de son cou et il recula jusqu'au milieu de la piscine, nous faisant immergé davantage. Et sans prévenir, il m'embrassa. Férocement, avec avidité.
Il me fait confiance.
Il finit par poser son front contre le mien murmurant :

- Arrête-moi, Jayden...

Et dans un souffle, je lui répondis :

- Je n'en ai pas envie...