Chapitre 11

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Jayden

J'avais passé une nuit, intense. Torride. Avec Soren. Tant de bonheur en était presque effrayant... Nous étions en couple... Rien que de me dire ce mot cela me semblait irréel... Il était mignon lorsqu'il dormait, serein contre moi. Un bras autour de ma taille comme s'il avait peur que je prenne la fuite. J'aimais me sentir comme dans un cocon contre lui...
Une douleur agréable me lança au niveau des fesses. La journée allait être plus compliquée que prévu...
Des lèvres douces se posèrent sur ma joue, Soren me couvrant de baiser.

- Salut, toi.

Il sourit contre ma peau, le voir si heureux avec moi, ne fit qu'accélérer les battements de mon cœur qui était sur le point d'exploser.

- Tu comptes passer tout le week-end dans le lit ? Demandais-je.

- Ce serait une bonne idée.

Je ris de bon cœur et passai ma main dans ses cheveux.

- Je n'arriverai jamais à suivre ton rythme... Je ne suis pas aussi sportif que toi.

Il rit à son tour, faisant vibrer mon corps. On passa notre matinée au lit à nous embrasser avec tendresse accompagnée de câlins. On finit par quitter le lit presque à regret, mais il fallait bien se nourrir, et les membres de la colocation n'allaient pas tarder à arriver.
Nous étions dans la cuisine en train de préparer un petit-déjeuner : pancake à la banane avec de la mangue.

- ça sent bon, dit Arthur en débarquant dans la cuisine.

Je souris en le voyant, ses yeux allant de mon cou à Soren. Merde ! Les morsures... Les suçons... C'est vrai qu'on s'était pas mal lâché... Pour la discrétion, on repassera. À mon soulagement, Arthur ne fit aucun commentaire s'asseyant à table pour discuter avec nous.


Je passais un week-end au calme en compagnie de la colocation. Avant d'entamer une semaine chargée en compétition. On était exempté des cours en fin d'après-midi devant se rendre au centre d'entraînement pour accueillir les équipes adverses pour les matchs.
Le début de semaine commença sous de bons augures, l'équipe enchaînait les victoires. Je n'arrivais toujours pas à l'embrasser devant l'équipe alors avant chaque match, on s'embrassait cachés dans un couloir.
Le mercredi était, une journée, important, je n'avais pas le droit d'en informer l'équipe, mais des recruteurs étaient présents dans les gradins pour faire du repérage. Je savais que c'était important pour plusieurs d'entre eux.

- Je dois y aller, dit Soren.

- Bonne chance, dis-je en le regardant s'éloigner.

Ce soir, c'était un match compliqué, ils affrontaient une équipe qui avait pu arriver jusqu'au championnat l'année dernière. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter...
Je finis par arriver auprès du coach qui semblait plus serein que moi pour le déroulement de la soirée.

- Détends-toi Jayden, ça ira pour eux.

Je hochais de la tête comme pour me convaincre, reportant mon attention sur le terrain. Les gradins s'étaient remplis rapidement, notre équipe étant assez connue dans la ville. Il fallait qu'on gagne, c'est tout ce que je souhaitais...

Comme les spectateurs, j'étais pris dans le jeu regardant les joueurs s'affairer sur le terrain. Les chocs étaient violents et le jeu agressif, ils se laissaient peu de répit. Mon cœur rata un battement lorsque Soren fit la réception du palet donné par Arthur et patina en direction du but adverse. Il avait clairement amélioré son jeu, laissant peu d'ouverture, et passait moins derrière les buts avant de vouloir tirer. Dès qu'il vit une brèche, il n'hésita pas, tirant. Malheureusement, son but fut arrêté par le gardien adverse.
Merde !
Il fallait marquer ce but avant la troisième mi-temps. Nous avions déjà deux buts de retard...
Le jeu reprit de plus belle, avec vitesse et détermination, Soren attaqua de nouveau, volant le palet aux adversaires et joua de sa crosse pour le faire avancer sur le terrain. Et cette fois-ci, il marqua une minute avant la mi-temps. Il fallait défendre jusqu'à la pause.
Le coach leur donna un discours encourageant, ils devaient tenir bon. Arthur était en sueur malgré la fraîcheur de la pièce. Mon attention fut reportée sur Soren qui était dans le même état. Je devrais sûrement le masser un peu ce soir, pour soulager ses muscles vu l'effort physique qu'il donnait. Le sifflet retentit signalant la fin de la pause. Je ne pus m'empêcher de frôler les doigts de Soren avant qu'il ne remette ses gants, l'encourageant silencieusement. Son regard était joueur et je savais que malgré l'adversité, il prenait plaisir sur la glace.
À la fin du match, lorsque le sifflet retentit dans l'enceinte du bâtiment, la foule se leva criant sa joie. Nous avions gagné ! Malgré la difficulté, l'équipe avait su faire face. Le coach ébouriffa mes cheveux et je souris pleinement. Ils méritaient leur victoire !

-Allons les féliciter avant qu'ils n'aillent aux douches, annonça le coach.

Je le suivis, m'engouffrant dans le couloir allant saluer la victoire avec le coach.

- Félicitations tout le monde pour ce jeu, nous ferons un débriefe un peu plus tard, savourez cette grande victoire ce soir.

Ils hochèrent de la tête joyeux. Le coach me fit signe de le suivre allant dans la salle qui nous était réservée, commençant à relever quelques points clef du match jusqu'à ce qu'on toque à la porte. Je m'empressais d'ouvrir et je me retrouvais en face de deux hommes portants des costumes et un sourire de charlatan. Un avait un regard froid et déterminé tandis que l'autre avait un visage rondouillard et bienveillant. Des recruteurs. Je m'écartais sans un mot les laissant entrer. Le coach avait lui l'air de les connaître, il les salua avec entrain.

-Mr.Jones ! Mr.Lham ! Ravi de vous voir.

Ils se serrèrent la main.

- Vous avez des joueurs intéressants cette année dans votre équipe. Le capitaine Arthur Calambe et Soren Hold, deux joueurs prometteurs.

Je devais retenir ma joie. Bordel, les gars avaient réussi. Ils échangèrent sur le match puis un des recruteurs, portant le nom de Mr.Lham dit :

- J'espère qu'ils ne sont pas distraits et qu'ils feront une belle saison. Rien ne doit les perturber s'ils veulent signer et devenir pro.

C'était avec douleur que j'écoutais les mots de cet homme. Comme s'ils mettaient destinés. Léo me revint en mémoire.

'Tu ne pourras pas rester à ses côtés, surtout s'il est repéré par une ligue. Il pourrait devenir un symbole malgré lui et malheureusement, les couples gays ne sont pas toujours bien vus dans le monde du sport.'

Mon cœur se fêla, les paroles résonnant à mes oreilles. J'étais... Un frein au rêve de Soren... Je ne pouvais pas gâcher tous les efforts qu'il avait faits jusqu'à maintenant.

- Tu es bien blanc mon garçon, dit un recruteur en me donnant une tape dans le dos.

- Excusez-moi, dis-je en reprenant contenance, j'étais perdu dans mes pensées.

- File Jayden, ce sera tout pour aujourd'hui, dit le coach.

J'attrapai mon sac en toute hâte sortant de la pièce. Je fixais le sol en marchant finissant par rentrer dans quelqu'un.

- Tu n'as pas changé, dit une voix que je reconnaîtrais entre mille.

Mon corps se raidit. Que faisait-il ici ? Je n'avais aucun reçu message de sa part, même pas un sms alors pourquoi aujourd'hui ?

- Papa... Dis-je faiblement.

Il poussa un soupir comme agacé :

- Tu comptes gâcher aussi l'avenir d'un des joueurs de l'équipe ? J'étais dans les gradins, j'ai vu ton petit manège avec un des joueurs. Le Numéro 2. Soren, c'est ça ?

J'avais envie de vomir. D'être dans les bras de Soren pour me sentir bien et oublier mes névroses...

- Je t'ai déjà changé de Campus, vais-je devoir le faire chaque années ? Tu sais combien ça me coûte ?

Je déglutis. M'éloigner d'ici... À nouveau sauter dans l'inconnu ? J'avais construit une nouvelle petite vie ici avec difficulté, je ne voulais pas tout perdre à nouveau...

- Je ne ferai pas de vague, tu n'as pas besoin de me changer de campus.

- Tiens-toi à carreau, et évite de me décevoir encore plus que je ne le suis.

Il claqua de la langue agacé puis il fit demi-tour s'éloignant sans me jeter un regard. Les larmes me montèrent aux yeux, alors je filais dans les WC m'enfermant dans une cabine et je m'accroupis tout en laissant mes larmes s'échapper ...

Mon téléphone sonnait depuis un moment... Il était en train de m'attendre tout en se demandant ce que je pouvais bien faire avec son petit air inquiet. J'ignorai le nouvel appel rentrant, tout en tapant un message à Amandine. Elle pouvait me dépanner ce soir le temps que je trouve un moyen de déménager de la colocation. Et sûrement trouver un travail... Tout se bousculait dans ma tête à vitesse folle.
Je finis par sortir de ma cabine affrontant mon regard dans le miroir, j'avais les yeux rougis par les larmes, un visage bien bouffi.
Rien pour passer inaperçu.
Un soupir s'échappa de ma bouche, puis je m'aspergeai d'eau en espérant que ça puisse arranger les choses.
Mon téléphone vibra m'apportant la réponse positive dont j'avais besoin au moins pour cette nuit. Il ne me restait plus qu'à faire quelque chose...
Tout en serrant la bandoulière de mon sac entre les mains, je me rendis au parking. Soren m'attendait, adossé à sa voiture, en me voyant, il courut me rejoindre :

- Jayden !

Il se figea en voyant mon visage.

- Tu as pleuré, dit-il avec peine.

J'avais mal... Tellement mal de ce que je m'apprêtais à faire... Il avait pris mon visage entre ses mains, passant ses pouces sur mes joues avec tendresse.

- On doit parler, dis-je à demi mot

Je posais mes doigts fins sur ses mains, profitant une dernière fois de sa chaleur.

- Je ne peux pas continuer avec toi... On s'arrête ici... Je me suis trompé sur ce que je ressentais pour toi. Les mots me sortaient difficilement

- Tu mens, dit-il dans un souffle.

Avec force, je retirai ses mains de mon visage tout en reculant d'un pas. Je devais mettre de la distance le plus possible.

- Non. Je ne t'aime pas, Soren, tout... Ça, dis-je en faisant un mouvement pour nous désigner tour à tour. Je ne peux pas.

- Jayden... Je...

- C'est terminé, Soren, dis-je aussi sèchement que possible.

Puis je tournais les talons pour le planter et me dirigeais vers Amandine qui m'attendait un peu plus loin. J'ouvrais la portière passagère pour m'installer et partir au plus vite. Mon amie me regardait et je dis rapidement :

- Roule... S'il te plaît.

Mon nom retentit au loin, Soren se dirigeant vers la voiture.

-Démarre, maintenant, dis-je sur un ton suppliant.

Elle obéit rapidement, je reportai mon intention sur le rétro intérieur voyant Soren courir après la voiture qui quitter le parking, le laissant choqué sous les étoiles de la nuit.

J'avais mal... Je venais de rompre avec l'homme de ma vie... Combien de temps il me faudrait pour oublier sa chaleur, ses baisers, ses caresses ?
Les larmes coulaient à flots sur mes joues, inconsolables. Le cœur en miette et je n'étais pas assez courageux pour le recoller...
C'était pour son bien, pour son rêve... Malgré la douleur que ça me provoquait, je devais rester fort pour lui... 

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