Chapitre 13

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Jayden

Amandine s'était garée au bas de son immeuble. C'était un bâtiment ancien qui possédait un charme qui lui ressemblait bien. Je lui étais fortement reconnaissant de ne pas m'avoir assailli de questions malgré les larmes qui s'étaient échappées de mes yeux.

Sans un mot, elle serra doucement sa main dans la mienne et m'emmena à l'étage dans son appartement. Il n'y avait pas d'ascenseur et l'immeuble était très calme.

Je posais mon sac dans l'entrée puis je retirai mes chaussures pour respecter les lieux. Le visage déchirant de Soren hantait mes pensées. J'avais envie de me cacher pour toujours. Je devais tenir pour son bien.

Je l'aimais.

Je devais le faire. Je n'étais pas destiné à être heureux sur cette Terre. Il était peut-être temps de le comprendre.

Un soupir s'échappa de ma bouche et j'avançais dans le salon de mon amie. C'était petit, mais cosy, elle l'avait aménagé pour faire en sorte qu'elle puisse bien s'y sentir.

Amandine me rapporta des mouchoirs et me sourit avec tendresse. Je lui devais au moins quelques explications.

- Mon père était présent ce soir...

Elle me regarda avec surprise et prit doucement ma main dans la sienne la serrant.

- Il t'a fait du mal ? Demanda-t-elle inquiète.

- Non... On a juste discuté et je me suis rendu compte qu'il fallait que je prenne des décisions... Merci pour ce soir... Je ferai en sorte de ne pas te déranger longtemps.

Soudainement, elle me prit dans ses bras me serrant contre elle.

- Jamais, tu ne me déranges pas Jayden, prends le temps qu'il te faut.

Elle s'écarta puis me sourit avec une grande tendresse. C'était vraiment une bonne amie sur qui on pouvait compter...

- Je vais préparer le lit d'ami, dit-elle en s'éloignant.

Elle prépara le canapé-lit du salon, tout en l'aménageant pour me laisser un peu d'espace. Après une bonne douche et épuisé par les émotions de la soirée, je me couchais en espérant que demain soit meilleur, même si j'y croyais peu...

Je devais clairement avoir une sale tête... Et l'envie de me lever et d'affronter le monde était fortement proche de zéro. Malgré cette motivation absente, quelque chose me dérangeait... Les voix en fond sonore...

Je finis par me lever me dirigeant vers la fenêtre. Mon père était présent en bas de l'immeuble et Amandine lui faisait front.

Il était là pour moi.

Pour ce mêlé de ma vie.

Enfin sûrement m'isoler, car ce que je suis ne lui plaît pas et ne lui plaira jamais...

Il avait dû embaucher un détective privé pour avoir l'adresse de Amandine... Tout pour sauver les apparences comme toujours.
Mon problème avec lui, c'était ça. Je l'avais bien compris dans le bureau du directeur lorsqu'il avait été convoqué pendant mon harcèlement. Ce n'était pas le fait que je sois frappé et humilié, mais que j'étais... Gay... Que je ne pouvais pas être moi.
Il venait me chercher jusqu'ici...
Je devais partir, je ne pouvais pas apporter des ennuis chez Amandine et gâcher ce que j'avais réussis à construire jusqu'ici.
Je m'habillais en vitesse avant de dévaler les escaliers pour descendre. L'espace d'un instant, je me figeais en arrivant en bas de l'immeuble. Soren était en train de lever le poing sur mon père !

- Non, Soren ! Criais-je.

Je devais l'arrêter avant qu'il ne le regrette. Mon père était capable de tout détruire et je ne voulais pas qu'il gâche la vie de celui qui comptait tant pour moi.
Sans retenue, j'attrapais son bras le tirant un peu en arrière pour l'écarter de mon géniteur. À ma grande surprise, il passa un bras autour de ma taille pour me coller contre lui tout en restant un peu en avant. Il voulait me protéger... Mon cœur rata un battement...

- Je suis ici, pour lui. Pas pour vous, grogna-t-il. Et ce n'est pas une tare. Il est juste lui et c'est désolant qu'un parent ne puisse pas l'accepter. Ce n'est pas un robot, mais un être humain avec un cœur et des sentiments. Vous n'avez aucune considération !

Comment je ne pouvais pas tomber amoureux de cet homme qui était en train de tenir tête à mon père ? A me défendre, il était venu me chercher malgré ce que je lui avais dit la veille. Dans un élan de sentiment et de tourbillon, je posais ma main sur la sienne et pour la première fois gonflée d'un certain courage, je fis face à mon père.

- Je vais rompre tout lien avec toi. Si, c'est l'argent qui t'inquiète, je trouverai un travail pour payer mes études.

Un silence de plombs s'installa à la fin de ma phrase. Aramis s'était approché de Amandine pour la protéger au cas où, ça dégénère. Soren me regardait comme si j'étais l'homme de sa vie. Mon père finit par émettre un grognement.

- Je n'ai aucune garantie que tu ne reviennes pas pleurer à la maison.

- Je te signerai ce que tu veux. Je souhaite juste que tu t'en ailles, car tu ne m'apportes rien, je sais que je ne te rendrai jamais fier peu importe ce que j'accomplis dans ma vie.

Ça faisait tout de même mal de l'admettre, de tourner le dos à mon père, je n'oublierai pas mes souvenirs heureux avec lui pendant mon enfance, mais il était temps d'admettre qu'il avait changé. Et moi aussi. Je n'étais plus seul, je pouvais être soutenu. Je pouvais maintenant laisser mes craintes au bord de la route et avancer avec plus de sérénité.

- Je suis ce que je suis ! Un homme qui aime les hommes que ça te plaise ou non ! 

Soren entremêla ses doigts aux miens. Il me donnait assez de force et de courage pour ne pas fuir. On faisait front ensemble. Je n'étais pas seul.
Mon père nous observa un moment puis il finit par hocher la tête faisant demi-tour. Enfin, il partait, et sûrement pour la dernière fois.
Brusquement, un vide s'installa en moi, prenant conscience que c'était enfin terminée...

- Jayden, souffla Soren près de moi.

Je reportais mon attention sur le jeune homme blond qui se tenait contre de moi. Il n'avait pas fui, avait tenu tête à mon père... Une larme se glissa sur ma joue.

- On devrait monter, dit Amandine, pas besoin de continuer le spectacle pour les voisins. Enfin... Je vous prête mon appartement, je ne veux pas en être témoin également.

Aramis posa sa main sur l'épaule de Amandine :

- Un tour de moto ?

- Avec plaisir ! Dit-elle souriante.

Elle remonta rapidement revenant avec un casque de moto et une veste, elle partit rapidement avec Aramis. Amandine avait le don pour toujours choisir ces moments.
Sans un mot, je montais à l'étage avec Soren. Il ne me lâchait pas des yeux...
Par quoi devrais-je commencer ? Commençons par le plus simple...

- Merci pour ton soutien... Face à mon père... Je... Je ne lui avais jamais fait face jusqu'à maintenant.

- C'est normal et je n'aimais pas les termes qu'il employait, dit Soren en grognant.

Je lui souris avec douceur. Ce mec... Je ne pouvais qu'en être fou.

- Ne me quitte pas Jayden. Je ne sais pas ce que ton père t'a dit, mais ne le croit pas. Tu ne gâches pas ma vie. Tu l'embellis. Tu as l'esprit vif, je peux parler de tout sujet avec toi.

- Tu veux passer pro... Je ne serai qu'une gêne...

- À cause de quoi ? Parce qu'on est gay ? Je m'en fou Jayden. On traversera cela ensemble, on trouvera des solutions, mais ne choisit pas pour moi. Mon cœur te veut. Je t'aime.

Ces derniers mots me frappèrent en plein cœur. Il... Avait des sentiments pour moi. Depuis la mort de ma mère, je m'étais fait une raison, puis avec Léo, j'avais eu pendant quelque temps de l'espoir avant de sombrer dans les ténèbres. Soren était ma lumière... Et je le voulais.
Alors je comblais la distance qui nous séparait, me mettant sur la pointe des pieds, je plaquais ma bouche contre la sienne.
Il émit un gémissement de contentement, qui me remplit de bonheur.
Oui, je me sentais vraiment complet que lorsque j'étais dans ses bras. Avec lui... On s'écarta à contrecœur :

- Je me suis laissé engloutir par mes peurs, je ne voulais tellement pas gâcher ton avenir... Je souhaite que ton bonheur, Soren, même si ça devait se faire sans moi... Mais je me rends compte, avec ce qu'il vient de se passer... Que je suis plus fort lorsque tu es à mes côtés, que j'arrive à affronter mes angoisses et je n'ai jamais été aussi heureux depuis que tu es dans ma vie...

Les larmes glissèrent sur mes joues et il me prit dans ses bras me serrant contre lui. Il me donna le réconfort dont j'avais besoin, le sentiment d'être protégé et choyé.
Je choisis Soren...

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