Pour notre fille (EN PAUSE)

chapitre II

Noémie

Deux semaines après

J'ai mis au moins une heure à rentrer chez moi. Je suis tellement gelée que je sais pas comment je vais sortir de cette voiture. La neige est tellement épaisse que je m'enfonce dedans dès lors que j'essai d'avancer. Mon bonnet et mon écharpe me protège que très peu de ce froid glacial. Prenant mon courage à deux mains, j'enfile mes gants et je coupe le moteur de ma voiture. C'est à ce moment là que j'entends une autre voiture. Qui cela peut être à une heure aussi tardive ? Il est plus de minuit passé. Je plisse les yeux pour y voir plus clair. La voiture avance à peine puis elle s'arrête juste à côté de la mienne. Je n'ose pas sortir de celle-ci de peur que la personne ne soit mal intentionnée. Un homme sort de la voiture. Il s'allume une cigarette tout fermant celle-ci. Il marche lentement jusqu'à l'entrée de l'immeuble afin de ne pas glisser. Il m'a l'air très peu dangereux. Alors je décide de sortir avec pour but de rejoindre le plus vite possible mon lit. J'arrive à l'entrée sans trop difficulté sauf que lorsque je m'approche de la porte, je glisse sur le sol gelé. Je ferme les yeux pour ne pas voir l'impact entre le sol trempé et mes fesses qui sont déjà, à l'évidence, congelées par le froid. Avant que je ne touche le sol, un bras puissant me rattrape par la taille et m'évite la chute de justesse. Je m'accroche à celui-ci pour retrouver l'équilibre. Une fois relevée, je cherche du regard une quelconque moquerie dans les yeux de ce charmant jeune homme. Il doit avoir quelques années de plus que moi, et encore je ne suis pas sûre. Il a une petite barbe de trois jours sur les joues, il est légèrement plus grand que moi (bon après je fais un mètre soixante donc il me dépasse d'une tête facilement). Cependant, je ne vois aucun rire mais plutôt de l'inquiétude dans ses yeux. Mes dents claquent à cause du froid et je ne sens plus mes lèvres ni le bout de mon nez.

— Merci beaucoup, je devrais faire plus attention la prochaine fois, dis-je tandis que je sens le rouge me monter aux joues.

— Ce n'est rien ne vous en faites pas. Ma fille m'a fait le même coup hier matin à l'heure d'aller à l'école !

Ses yeux brillent d'une fierté dès que l'expression « ma fille » sort de sa bouche. C'est beau à voir. Et il faut bien avouer que ça le rend encore plus attirant.

— Vous ne vous êtes pas fait mal ?, demande-t-il en me tirant de ma rêverie.

— Non absolument pas ! Encore merci ! Plus de peur que de mal... Excusez moi de vous poser cette question, mais... J'habite ici depuis deux semaines seulement mais c'est la première fois que je vous vois.

— Je suis tout le temps occupé... Et puis j'ai des horaires décalées donc ça doit être pour ça, répond-il en passant sa main dans ses cheveux. J'habite au cinquième mais je n'y suis que pour dormir ou pour m'occuper de ma fille.

— Je vois... Donc c'est vous qui l'a menacé tout le temps de la manger de bisous ?, dis-je avec une expression rieuse.

Il éclate de rire avant de dire le plus naturellement :

— Oui c'est moi ! Mais c'est de sa faute aussi ! Elle veut tout le temps me chercher donc il faut bien que je me venge !

— La dernière fois j'ai failli appeler les flics et débarquer chez vous telle une super héroïne ! Elle hurlait tellement elle riait ! J'ai bien cru qu'elle allait s'étouffer !

Il rigole encore avant de me dire que ce n'est pas nécessaire. Nous nous saluons avant que je rentre chez moi avec quelques papillons dans le ventre. Ce ne doit pas possible... Je viens à peine de me séparer !

Je me demande comment ce fait-il qu'il ne soit pas avec sa fille qui doit sans doute être en train de dormir dans la pièce collée à la mienne. À moins qu'il ait une copine... Or je ne l'ai jamais vu, ni lui, ni elle, ni cette enfant. Je suis curieuse de savoir comment ils s'organisent. Enfin bon, après tout cela ne me regarde pas. Cependant, je ne peux pas m'empêcher d'y réfléchir... La curiosité est un bien vilain défaut.