Pour notre fille (EN PAUSE)

chapitre III

Noémie

Trois semaines après

Le froid est encore si glacial que sortir de ma voiture m'est toujours une épreuve difficile. J'attrape avec difficultés mon pack d'eau de ma main gauche tandis qu'un sac de courses tient en équilibre sur mon avant-bras. Je réussi l'exploit de fermer mon coffre et d'attraper le deuxième sac qui était posé à mes pieds. Je souffle après avoir monter le premier étage, plus que deux ! Je prends mon mal en patience et entame les dernière marches. Tout d'un coup, je sens le sac en équilibre sur mon avant-bras tanguer dangereusement, j'arrive à le rattraper par je ne sais quel miracle. Je parviens à la dernière marche lorsque le sac recommence à glisser. Cependant, je n'arrive pas à le rattraper à temps et tout son contenue se vide dans un grand fracas. Je pose mes affaires sur le palier avant de souffler. Une larme silencieuse causée par la fatigue coule le long de ma joue. Je m'appuie sur le mur en posant ma tête contre celui-ci en espérant que cela me redonne un peu de force. Cette fin de semaine est beaucoup plus compliqué que ce que j'avais prévue...

Je commence à rattraper les aliments sur les marches les plus basses lorsque j'entends des petits pas sur le palier. Je remonte en étant intriguée et c'est alors que je vois une fillette avec deux tresses plutôt mal faites. Elle porte une robe blanche d'hiver avec des collants marrons. De petites chaussures assortis viennent compléter sa tenue qui est des plus adorable. Elle est accroupie à côté de mon sac. Elle tient une pomme qui était par terre dans sa main. Les sourcils froncés, elle dépose le fruit dans le sac vide. Puis elle regarde autour d'elle et commence silencieusement à ramasser toutes mes courses. Je monte les dernières marches qui nous séparent et elle remarque alors ma présence. J'ai envie de la serrer dans mes bras, cependant je me retiens et je lui offre mon plus beau sourire. Je me penche pour être à sa hauteur puis plonge mon regard dans le sien. Ses yeux d'une couleur bleu ciel contrastent avec ses cheveux châtains clairs. Il n'y a pas de doute, c'est un ange tombé du ciel. Elle est magnifique. Je la remercie sincèrement en déposant à mon tour les affaires dans mon sac. Elle hausse les épaules en rougissant pour me répondre. Une voix masculine s'élève dans le palier.

— Mon papa me cherche..., me dit-elle d'une voix timide.

— Et bien, je vais te ramener chez toi si tu veux bien. Où habites-tu ?

Un autre appel plus apeuré l'empêche de répondre. Lorsque le silence revient, elle me regarde et se pince les lèvres.

— Il a toujours peur de me perdre... Avant je venais pas souvent, j'habitais plus souvent chez ma maman. Mais maintenant elle est partie faire un long voyage et je la verrai plus jamais.

Mon coeur chute de plusieurs étages en comprenant que son père a essayé de rendre la perte de la mère de cet enfant moins brutale. J'ouvre la bouche sans savoir trop quoi répondre. Comme si elle lisait dans mes pensées, la fillette prend ma main et m'entraîne jusqu'à sa porte d'entrée, qui est voisine de la mienne. Je comprends alors que c'est elle l'enfant que j'entendais depuis mon arrivé. Elle tire sur mon bras pour avoir mon attention que je lui donne immédiatement, peu importe que mes affaires soient toujours en haut des marches.

— Faut pas être triste. Papa m'a promis que c'était le plus beau voyage du monde.

Je regarde cet enfant avec tout l'amour du monde, elle est si forte qu'elle ne s'en rend même pas compte. J'affirme ses propos puis je prends une inspiration avant de sonner. Des pas rapides se font entendre et la porte s'ouvre brutalement. Je me fige en voyant mon voisin dont les traits de sont visage sont si tirés que l'on ressent son angoisse d'avoir perdu sa fille. Il me regarde dans les yeux ne comprenant pas la raison de ma venue alors je lui fais signe de regarder plus bas. Lorsque ses yeux rencontrent ceux de sa fille, toute la tension qui pesait sur ses épaules disparait. Il se baisse en lui ouvrant les bras ; la fillette n'attend pas longtemps avant de se réfugier à l'intérieur. Il se relève avec sa fille dans ses bras.