prologue

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Jérémiah


Vendredi 15 février

Je prépare le cocktail que m'a demandé le client tout en discutant avec mon collègue. Je récupère un glaçon dans le bac avant de le glisser dans le verre. Je secoue rapidement le shaker puis je déverse la boisson dans le verre préalablement préparé. Je pose ensuite le verre sur le comptoir avant de le faire glisser jusqu'à la main de mon client. Il me remercie d'un geste de la main puis en boit une gorgée. J'aurais bien aimé discuter avec lui, cependant je n'ai pas le temps. Une cliente s'assoit sur le tabouret en face de moi.

— Salut Jérémiah ! Tout roule ?, me demande-t-elle.

Joséphine est une cliente régulière. Elle est gentille et drôle, je l'aime bien. J'acquiesce pour répondre à sa question avant de lui demander ce qu'elle veut.

— J'ai eu une grosse journée aujourd'hui. Un truc de fort comme un whisky ça serait parfait, conclue-t-elle.

— Vous avez eu beaucoup de boulot ?, je lui demande intéressé.

— Oh oui ! Les urgences étaient remplies ! Je n'ai jamais vu autant de blessés. Il y en a une bonne partie qui sont mal tombés à cause du verglas. Ah, et fais attention sur la route ! On a eu plusieurs blessés d'accidents aussi. Il paraît que ça glisse beaucoup sur certaines routes.

Je lui promets de faire attention en lui donnant son verre. Je me déplace afin d'aller voir un groupe d'amis qui ne savait pas quoi commander il y a quelques minutes. Lorsque j'arrive à leur hauteur, Charles, mon patron, m'appelle depuis l'entrée du couloir derrière le comptoir qui mène aux vestiaires ainsi qu'à son bureau. Charles est quelqu'un de bien, il souhaite toujours aider son prochain. Je le vois un peu comme un deuxième père. Il me fait signe que je dois me presser. Je m'arrête en face de lui avec un regard interrogateur. Il a le téléphone fixe du bar collé à son oreille. Il met sa main contre le micro avant de planter son regard dans le mien.

— Prends cet appel. Il est pour toi et c'est urgent. Je prends ta place ne t'en fais pas.

— D'accord, je reviens travailler juste après. Je ne serais pas long, je lui promets.

— Je ne suis pas sûr que tu vas revenir travailler pour aujourd'hui. Sois fort garçon, me dit-il en me faisant une tape amicale sur l'épaule.

Je prends le téléphone qu'il me tend puis je me dirige vers les vestiaires pour pouvoir être au calme. Je me présente pour démarrer la conversation, mais mon coeur s'arrête de battre à l'instant où la personne en fait de même.

— Bonsoir. Je suis désolé de vous déranger durant votre service au bar. Vous êtes avec la police au téléphone monsieur. La mère de votre fille, Maurine, vient d'avoir un accident de voiture. Votre fille n'était pas avec elle, cependant, nous aimerions que vous venez la chercher. Ombeline a besoin de son père et nous ne savons pas vraiment comment lui expliquer le situation. De plus, je pense qu'elle préférerais que ce soit vous qui le lui apprennes.

Je m'assois sur la banquette pour reprendre mes esprits. J'ai beaucoup d'informations à diriger d'un coup. Je m'inquiète pour ma fille. Comment Ombeline va-t-elle vivre la perte de sa mère ? Honnêtement, je n'en sais rien. On ne peut pas savoir comment va réagir une personne face à la perte de sa mère, adulte comme enfant.

J'attrape ma veste et mes clés puis je retourne dans la salle principale. Je rends le téléphone à mon patron d'une main tremblante après avoir conclu la conversation avec le policier.

— Je sais que tu dois y aller Jérémiah. Fais attention à ta fille et prends quelques jours de repos si besoin. Je m'occupe de te remplacer durant ce temps. Le plus important, c'est Ombeline. Le policier t'a dit quelque chose d'autre ?, me demande-t-il.

Pour  notre fille (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant