Sang et Jade : Jewels of the Ocean

VIII (2)

Chapitre 8 : Hua Cheng, la Fleur de la Pluie Pourpre. (partie 2)

L'œil de la petite fille, cet océan d'ambre si vibrant qu'il en semblait vivant, se mit à étinceler. On pouvait même y apercevoir de douces étoiles dans la profondeur de son unique iris. Ses joues rondes, douces et d'un rose pâle, prirent une teinte d'un rouge vif, son sourcil brun, dessiné avec finesse, se souleva joliment sous la surprise d'entendre une pareille phrase. Les coins de ses lèvres s'étirèrent en un sourire, un grand et lumineux sourire qui laissait apparaître sa denture d'un blanc éclatant, malgré sa condition précaire ; Xie Lian ne sut s'il s'agissait de son imagination, très débordante, pourtant elle croyait avoir aperçu des canines, ressemblant davantage à des crocs acérés à la teinte nacrée. C'était assez étrange. Elle ignorait qu'une fillette, qui avait à peine une dizaine d'années, possédait des canines si longues, si saillantes... Peut-être était-ce à cause de l'environnement dans lequel elle évoluait.

Ainsi soulagée et certaine que Hong'Er ne risquerait pas sa vie, et n'irait plus voler, Xie Lian sentit son cœur s'alléger d'un poids si lourd qu'elle avait l'impression de le porter depuis des siècles.Les commissures fines de ses lèvres, roses et douces, généreuses, se soulevèrent en un sourire radieux, plus lumineux que le soleil. Ses iris clairs, où l'ambre et le  miel se mêlaient en une délicieuse harmonie, brillaient de mille feux. La félicité, le bonheur faisaient battre son cœur plus vite. Au moins, une personne dans ce vaste royaume l'appréciait pour qui elle était réellement et non pour qui elle paraissait être ! Ce que c'était libérateur...

En baissant son regard mordoré, doux et lumineux, à la superbe teinte miel, elle vit que la main, l'adorable petite main ivoire, de Hong'Er tenait quelque chose. Ses doigts, encore dotés de leur rondeur enfantine, étaient étroitement serrés les uns contre les autres. Les sourcils délicats de Xie Lian se soulevèrent. Rendue confuse par ce geste, elle se demandait ce que la petite fille avait dans la main pour la serrer aussi fort.

Se mordant la lèvre, elle remonta les ourlets de son large et léger manteau blanc et mit un genou à terre. Le magnifique éclat miel de ses beaux yeux se posa sur la petite Hong'Er. Sa voix se fit douce, empreinte de bienveillance et de chaleur.

- Hong'Er, que se passe-t-il ? Tu as mal à la main ? Montre à JieJie.

La fillette releva son oeil ambré et sa tête au teint ivoire en direction de Xie Lian. Le visage de cette dernière resplendissait de bonté, de tendresse, et d'une beauté éthérée, douce. Mais c'était son regard iridescent, transcendant, qui poussa la fillette à ouvrir son petit poing. Dans cette paume ivoire reposait une pivoine. Ses pétales étaient d'un blanc pur, délicat, et sûrement d'une douceur divine.

Les yeux, à la forme douce, de Xie Lian, qui resplendissaient comme du miel laissé sous la surveillance des rayons solaires, s'écarquillèrent sous le coup de la surprise. Une pivoine... Peu de gens savaient quelle place cette fleur possédait dans le cœur de la princesse, sans qu'elle même ne sache pourquoi. Elle s'était toujours sentie attirée par la pureté, la délicatesse de cette fleur, c'était la reine parmi les jardins royaux.

Son sang pulsait à une vitesse folle, comme un océan carmin tempétueux, dans ses veines ; avec une extrême douceur, comme si elle craignait de voir les pétales de la fleur délicate se flétrir à son simple toucher, elle prit la pivoine entre ses fins doigts. Un voile gris, brumeux, rendit terne le doux regard de Xie Lian à mesure que l'émotion la submergeait. Ses yeux inondés de larmes, ces iris aussi tendres que ceux d'une biche qui contemplait avec amour son petit, se posèrent sur la petite fille qui, de sa petite et rondelette main, lui avait tendu la fleur.

Hong'Er avait penché la tête sur le côté, dans un mouvement adorable. Ses yeux ambrés, pétillants de vie et d'une pointe infime de malicieuse tendresse, contemplaient sa JieJie avec surprise, et soucis. Sa voix demanda, sur un ton confus.